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droit
Le service public menacé par la crèche
Gilles Devers
Jeudi 4 décembre 2014
On sait que le service public est en
crise, va mal alors qu’il doit s’adapter
pour répondre aux évolutions rapides de
la société, et il très heureux de voir
que la juridiction administrative veille
à le protéger de ses ennemis.
Le tribunal administratif de Nantes
vient de juger que le conseil général de
Vendée ne pourrait pas installer sa
crèche de Noël cette année. Atteinte
grave à la loi, car la crèche, un
« symbole religieux » contrevient au
« principe de neutralité du service
public ». La fédération vendéenne de
l’association Libre pensée veille au
grain laïcard…
Le service public se met en effet en
péril avec une crèche, qui est un
authentique attentat contre la déesse
laïcité. En cause l’application de
l’article 28 de la loi de 1905 : «Il est
interdit, à l’avenir, d’élever ou
d’apposer aucun signe ou emblème
religieux sur les monuments publics ou
en quelque emplacement public que ce
soit, à l’exception des édifices servant
au culte, des terrains de sépulture dans
les cimetières, des monuments funéraires
ainsi que des musées ou expositions ».
Genre de règle ridicule, qu’il faut
appliquer en la tempérant avec quelques
données objectives liées au
fonctionnement du service, et non avec
une psychorigidité de malade. La crèche
fait partie de la culture religieuse,
oui, mais la tradition aussi de notre
pays, et les fêtes de Noel réunissent
toutes les familles. Alors, où est le
péril ? Le Conseil général prévoit-il
des avantages pour les chrétiens ?
La Vendée a une histoire religieuse
forte, et cette gentille crèche parle
juste un peu du passé. Un peu de calme…
La Croix se retrouve jusque dans le
logo du département… déclaré
admissible par un arrêt de la
Cour administrative de Nantes de
1999 car cette croix-là est historique
et non pas religieuse. Faut le faire…
Il y a trois jours, j’ai admiré la
grande crèche du
marché de Noel de Mulhouse, implanté
sur le domaine public et mise en lumière
par l’éclairage public… Quelle
souffrance terrible pour nos valeureux
principes.
Pire encore, avec la magnifique
crèche de l’hôtel de ville d’Avignon,
qui est à elle seule un plan de guerre
contre la laïcité : 54 m2, occupant tout
le péristyle, reproduisant un village
provençal tout orienté vers la céleste
crèche… Allez vite visiter, et emmenez
vos enfants avant que ne s’abatte un
obus laïc du tribunal administratif…
Je tremble d’autant plus que tout la
Ville de Lyon s’apprête, avec un
fort investissement de la Mairie, à
accueillir des centaines de milliers de
visiteurs pour la fête du 8 décembre,
qui n’est pas celle du père Noel mais de
la Sainte Vierge. La ville est
dominée par des lettres illuminées la
nuit, de deux mètres de haut : « Merci
Marie ». Et tout le petit marigot
politique se retrouve ensuite à la messe
des Echevins…
C’est aussi le problème des sapins de
Noel, admis dans les halls des bâtiments
publics, à condition qu’il n’y ait
que des guirlandes, des boules et des
pères Noël, mais surtout pas d’angelots…
Depuis le début des années 2000, nous
glissons vers un intégrisme laïc, idiot,
abêtissant, que le droit n’impose
nullement. Cette volonté de reléguer le
religieux, sans invoquer le moindre
risque objectif de partialité, est
condamnée à perdre. Pour le moment, elle
nous fait rire, ce n’est déjà pas si
mal.
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