Palestine
Des pharmacies britanniques boycottent
la société pharmaceutique israélienne
TEVA
Ghulam Esposito Haydar

Jeudi 21 août 2014
Des pharmaciens britanniques boycottent
le fabricant de génériques TEVA
installé en Israël en raison du
siège de Gaza en cours et de
l'occupation illégale de la Palestine.
Ghulam Esposito Haydar, contributeur
régulier à
5Pillarz et membre clé de la
campagne de boycott, a déclaré que des
centaines de pharmacies du pays
n'allaient plus accepter les produits de
TEVA, présents dans quelque 60
pays. Le groupe espère qu'il va forcer
le gouvernement britannique aussi bien
que le régime israélien à modifier leur
politique à l'égard du peuple
palestinien.
Le communiqué de presse qui suit
a été publié par un groupe qui soutient
la campagne :
« La campagne #BoycottTEVA est
une initiative de l'industrie en faveur
de l'achat conforme à l'éthique de
médicaments génériques au Royaume-Uni
même. Il est prudent de déclarer que la
sécurité des patients est du plus grand
intérêt dans cette campagne et que les
boycotts ne seront appliqués qu'avec le
consentement des patients et une
continuité médicale alternative. La
campagne n'a pas de motivation politique
ou religieuse mais s'appuie plutôt sur
l'éthique des relations commerciales
avec une entité affiliée à un pays dans
lequel un système actif d'apartheid est
en place. Le boycott n'a été lancé
qu'après de longues délibérations et
consultations sur l'impact d'un boycott
sur les patients et le secteur en
général. Des mesures sont prévues pour
assurer une non-interruption des
médications essentielles et non
essentielles dans les régions où le
boycott aura été lancé.
L'inquiétude croissante concernant la
situation imposée au peuple palestinien
par le régime israélien tant à Gaza
qu'en Cisjordanie devient de plus en
plus angoissante. Israël continue à
s'enrichir par le biais de sa politique
d'occupation de la Cisjordanie, de
Jérusalem-Est et de la bande de Gaza et
ce, en appliquant une politique
d'apartheid et d'épuration ethnique qui
continuent à opprimer le peuple
palestinien, également via la
confiscation des terres, la violence
militaire et le siège illégal de la
bande de Gaza.
Les Palestiniens sont traités en
citoyens de second rang dans leur propre
pays. Le siège qui frappe actuellement
toute la bande de Gaza punit
collectivement toute une population de
réfugiés pour les crimes supposés de
quelques-uns. L'accès aux fournitures
d'énergie élémentaires, à la nourriture
et aux médicaments est très sévèrement
restreint. Très fréquemment, des
tensions éclatent dans cette région et
Israël tue sans discrimination de
nombreux civils, dont des femmes et des
enfants innocents.
En tant qu'acteurs de l'industrie
pharmaceutique, nous avons la capacité
d'appliquer certaines mesures de
pression afin de mettre un terme à cela
via le mouvement BDS (Boycott,
Désinvestissement & Sanctions).
Les produits pharmaceutiques TEVA sont
une composante importante de l'industrie
pharmaceutique. TEVA est le premier
fabricant mondial de médicaments
génériques, avec une gamme de plus de
1.000 produits pharmaceutiques et une
présence dans quelque 60 pays. La
société emploie actuellement environ
45.000 personnes dans le monde et a
réalité 20,3 milliards de dollars de
rentrées nettes en 2013. TEVA fournit
plus de boîtes de médicaments au NHS
(Service national britannique de la
santé) chaque année que toute autre
société – cela représente environ 15 %
du total des médicaments dans le
Royaume-Uni. Des millions de patients
utilisent ses médicaments. On estime
qu'en moyenne, chaque seconde de chaque
jour, les patients du Royaume-Uni
consomment plus de 250 comprimés ou
capsules de marque TEVA ou fournis par
TEVA.
Le Protocole de Paris, qui régule les
relations financières entre Israël et
l'Autorité palestinienne, constitue une
partie importante des accords d'Oslo de
1993. Le protocole a placé Israël et le
futur État palestinien sous la même
enveloppe de taxation. En général, cela
signifie que les Palestiniens continuent
de dépendre de la politique, des lois
douanières et des services d'Israël pour
l'importation et l'exportation de
marchandises. De plus, le ministère
israélien de la Santé a insisté pour que
l'importation de médicaments en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne
soit permise que pour des médicaments
qui sont reconnus en Israël. Cette
décision a impliqué que le marché arabe
voisin (avec des exceptions mineures)
soit refusé à la population et à
l'industrie pharmaceutique
palestiniennes. Le marché palestinien
est par conséquent incapable de
conserver des relations d'importation ou
d'exportation avec les marchés les plus
proches de lui et les plus naturels.
D'autres produits pharmaceutiques
importants qui se sont vu refuser
l'accès sont les génériques bon marché
manufacturés principalement en Inde, en
Chine et dans les pays de l'ancienne
URSS. Cette exclusion provient du fait
que les médicaments reconnus en Israël
sont principalement importés de l'UE, de
l'Amérique du Nord et de l'Australie.
Comme dans d'autres cas, des intérêts
économiques sont souvent déguisés en «
raisons sécuritaires ». Ceci
peut être prouvé par l'incapacité de
l'industrie palestinienne d'envoyer des
médicaments en bloc (généralement vers
de grosses chaînes de pharmacie en
Europe et en Amérique du Nord) via le
tout proche aéroport Ben Gourion.
Partant, les marchandises sont
acheminées via la Jordanie avec une
lourde taxation en frais ajoutés.
Uniquement dans le cas de produits
pharmaceutiques, on recourt parfois à
des « raisons de qualité » en
conjonction avec des justifications
économiques et politiques. Un de ces cas
consiste dans le refus d'autoriser les
sociétés pharmaceutiques palestiniennes
dans les institutions médicales –
hôpitaux et pharmacies – de
Jérusalem-Est occupée et concerne même
les vaccins administrés dans les écoles
à gestion palestinienne. En d'autres
occasions, des raisons politiques et
économiques viennent se greffer sur
l'humiliation d'un peuple occupé. Cela
se perçoit dans la demande formulée par
les représentants palestiniens des
importantes sociétés multinationales
auprès de leurs collègues israéliens de
pouvoir bénéficier d'une lettre de «
non-objection » qui leur permettrai
d'obtenir une licence d'importation de
la part du ministère israélien de la
Santé. Cette demande doit être
introduite par des représentants
palestiniens autorisés, même en
l'absence d'une telle exigence en ce qui
concerne leurs homologues israéliens.
En raison des restrictions
susmentionnées imposées par le régime
israélien, Israël et ses sociétés
multinationales tirent parti de
plusieurs façons de la situations que
nous venons de décrire. Depuis les
quatre principales sociétés
originellement israéliennes (Teva,
Perrigo Israel – anciennement Agis –
Taro et Dexcel Pharma), jusqu'aux
sociétés plus modestes (comme Trima),
toutes les firmes israéliennes
bénéficient d'un accès facile au marché
palestinien, libres de douanes et de
perturbations dues aux check-points (par
exemple, le changement de camions aux
check-points de chargement). Les
fabricants israéliens et leurs agents ne
doivent pas améliorer leurs produits
afin de les vendre dans les Territoires
palestiniens occupés. Par conséquent,
les sociétés et multinationales
israéliennes peuvent vendre des
médicaments qui ne sont pas étiquetés en
arabe à une population parlant l'arabe.
Le boycott est-il efficace ?
TEVA est l'un des
principaux contributeurs de l'économie
israélienne et est lié pour une part
importante aux Forces de défense
israéliennes. L'an dernier, TEVA
a payé à l’État d'Israël
565 millions de dollars en
taxes accumulées depuis 2005. Les
dépenses des FDI s'élevaient à 5,5 % du
PIB d'Israël, c'est-à-dire à environ
16,5 milliards de dollars.
Depuis que nous avons lancé la campagne
#BoycottTEVA le 18 juillet
2014, environ 300 pharmacies dans tout
le pays ont rallié le boycott. Nous
prévoyons que bien plus encore feront de
même si nous en croyons les informations
qui nous parviennent depuis.
Il est inévitable que certaines
pharmacies peuvent toujours avoir en
stock certaines gammes de produits
TEVA par nécessité et
ce, pour une ou plusieurs raisons telles
l'absence d'alternative ou la préférence
du patient. Nous visons à réduire la
chose au minimum via des mesures
éducatives et la recommandation
d'alternatives.
Nous espérons monter une campagne à
plusieurs niveaux afin d'expliquer ce
dilemme éthique :
1) aux patients
2) aux pharmaciens et pharmacies
3) aux grands distributeurs qui livrent
aux pharmacies
4) aux groupements de pharmacies
5) aux agences de gestion des
médicaments du Groupe de la Commission
clinique (CCG), lesquels décident des
formulaires/budgets de prescription
6) à l'Association de défense des
pharmacies (PDA) qui fait campagne au
nom des pharmaciens
7) à la Commission pharmaceutique locale
(LPC) qui propose des services et la
défense des intérêts pharmaceutiques au
nom des pharmaciens
8) au Conseil pharmaceutique général (GphC),
qui est l'autorité de contrôle des
pharmaciens.
BDS
La campagne de Boycott,
Désinvestissements & Sanctions (BDS)
prend de l'expansion et s'intensifie
dans le monde entier, elle continue
d'avoir un impact sur l'image d'un pays,
Israël, qui, malgré l'occupation de la
Palestine et sa politique d'apartheid,
se targue toujours d'être « la seule
démocratie du Moyen-Orient ».
L'objectif de cette campagne consiste à
mettre la pression à la fois sur le
gouvernement et sur le régime d'Israël
afin de changer leur politique vis-à-vis
du peuple palestinien. Nous espérons que
l'application de pressions par le biais
du boycott contribuera à faire passer le
message à notre cabinet que les
habitants du Royaume-Uni ne toléreront
plus les atrocités et les crimes contre
l'humanité dont est victime la
population palestinienne. »
Les participants
Murtaza Master,
propriétaire du groupe Masters de
pharmaciens dans les West Midlands, a
écrit à ses fournisseurs pour leur
demander que ses six pharmacies ne se
voient plus livrer de produits TEVA. La
lettre de Monsieur Master disait que la
chaîne allait « tenter d'annuler les
achats TEVA pour les 12 mois à venir
».
Nadim Tahir, directeur
de la pharmacie on-line iPharm UK,
a déclaré qu'il avait entendu parler la
première fois de cette campagne sur les
médias sociaux. « Ce n'est pas une
question de religion, mais d'humanité »,
a-t-il dit. « Nous ne commandons
plus rien à Teva et nous discutons avec
les patients pour leur expliquer
pourquoi ce boycott a lieu. »
Amir Riaz, propriétaire de la
pharmacie on-line i-Dispense, a
décrit les coûts du boycott de
Teva comme « marginaux
». Il a déclaré : « J'ai eu une
réunion avec les partenaires et nous
avons conclu que cela ne nuirait pas aux
intérêts des patients – et c'est alors
que nous avons décidé d'évincer Teva. »
Asad Khan, directeur de la
pharmacie Elaj, à Leeds, a déclaré que
son boycott avait été hâté par les
requêtes des patients en faveur d'une
alternative aux génériques de TEVA. Et
d'ajouter : « Après ce qui s'est
passé au Moyen-Orient, les gens sont
davantage conscients de la provenance de
leurs marques de médicaments. Je pense
que les pharmaciens vont assumer la
chose eux-mêmes. »
Shaheed Fazal, directeur de la chaîne de
pharmacies Dispharma, dans les West
Midlands, a déclaré que le boycott était
une « prise de position éthique
» dont il espérait qu'elle allait
apporter une « solution durable au
conflit ».
Vous pouvez soutenir la campagne Boycott
TEVA par vos « j'aime » sur sa
page Facebook, sur le lien suivant :
https://www.facebook.com/BoycottTEVAPharmaceuticals?fref=ts
Source :
Boycott TEVA
Traduction pour le site de la
Plate-forme Charleroi-Palestine : JM
Flémal.
Le
dossier BDS
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