Corse
En marge de A Ghjurnata d'Arritti
La visite aux grévistes de la faim à
Corti
François Alfonsi
Photo:
D.R.
Mercredi 29 avril 2015
Une fois terminées les rencontres
avec le public bastiais, les invités
d’Arritti sont allés à Corti où ils
ont rendu visite aux vingt jeunes
nationalistes de Ghjuventù
Indipendentista qui ont entamé une
grève de la faim après s’être
retranchés dans le « nid d’aigle »
de la Citadelle. Une bonne heure
d’échanges a eu lieu
entre les jeunes grévistes et les
deux députés européens qui seront,
désormais, les députés de ces jeunes
Corses à Bruxelles et Strasbourg.
En ce dimanche matin, l’escalier via
le Musée de la Corse est fermé et le
seul accès possible consiste à
emprunter un sentier abrupt et
escarpé qui conduit à une porte au
pied de la Citadelle. De là il faut
monter jusqu’au sommet de l’édifice
où, dans une guérite sommairement
équipée, les grévistes de la faim
ont installé leur salle de jeûne. La
place est limitée, tous ne peuvent
dormir en même temps, le local n’a
ni portes ni fenêtres, il est ouvert
aux vents : les conditions du jeûne
sont particulièrement dures et la
détermination tranquille des jeunes
grévistes de la faim impressionne.
A leurs côtés, les soutiens sont
nombreux. Le père Culioli vient se
joindre à notre délégation. Les
jeunes soulignent l’engagement du
Président de l’Université, Pierre
Marie Romani, et les centaines de
personnes venues les soutenir depuis
le parvis du Musée lors d’un
rassemblement spontané le samedi
soir.
Une délégation de l’Exécutif et des
Elus de l’Assemblée de Corse était
attendue pour l’après-midi. Cette
rencontre s’est finalement conclue
par un accord pour suspendre
l’action de grève de la faim sur la
base des engagements solennels pris
par la représentation élue de l’île
de poursuivre sans relâche l’action
jusqu’à arracher la satisfaction des
mesures demandées par l’Assemblée de
Corse à une très large majorité :
coofficialité de la langue corse,
reconnaissance constitutionnelle de
la spécificité de la Corse, statut
de résident, rétablissement du
statut fiscal issu des arrêtés Miot,
etc… Courant juin, une grande
manifestation populaire aura lieu.
Pour les jeunes, le déni de
démocratie à l’encontre de décisions
de l’Assemblée de Corse est
insupportable !
Dans les conditions très dures qui
sont les leurs, les jeunes ont des
marques de fatigue déjà avancées au
terme d’une semaine de grève. Mais
la mobilisation provoquée autour de
leur action confirme la pertinence,
malgré son isolement, sa difficulté
d’accès et son total inconfort, du
lieu qu’ils ont choisi d’investir.
Car ce lieu symbolique de l’Histoire
de la Corse a parlé aux Corses.
L’intuition de leur action spontanée
était la bonne : en choisissant un
tel site symbolique, plutôt qu’un
site fréquenté par de nombreux
passants par exemple, ils ont marqué
les esprits. Leur action,
incontestablement, a relancé la
mobilisation !
L’échange avec les deux députés
européens a été tout à fait inédit
pour ces jeunes militants
nationalistes. D’abord, José Bové a
évoqué sa propre expérience de
gréviste de la faim, à plusieurs
reprises, jusqu’à 28 jours lors de
sa lutte du Mac Do de Millau. Rares
sont les élus qui peuvent vous
conseiller sur le plan médical et
vous prévenir des moments les plus
difficiles dans la conduite d’un tel
mouvement ! Ainsi que du contrôle
que l’on doit accepter, par les
médecins, par les responsables
politiques qui vous entourent, car
le manque de lucidité est fréquent
quand on mène ce type d’action.
Josep Maria Terricabras a évoqué le
combat des Catalans pour leur
auto-détermination, aujourd’hui dans
une phase décisive, et combien
l’essentiel dans une lutte de ce
type était de provoquer une prise de
conscience transversale, dépassant
les clivages idéologiques et
rassemblant le peuple dans son
ensemble. Les seuls nationalistes de
cœur ne suffisent pas à renverser le
cours de l’histoire d’un Peuple. Ils
doivent être rassembleurs. Pour ces
jeunes souvent adeptes de l’action
de rue, l’impact de leur action
non-violente est une révélation. Ils
ont ressenti l’adhésion populaire la
plus large.
Invitation a été faite pour porter
jusqu’à Bruxelles la voix de la
revendication du peuple corse portée
par ces jeunes militants. L’ALE se
propose d’accueillir leur démarche,
et José Bové de la soutenir face à
la presse européenne.
La lutte continue.
Le
dossier Corse
Les dernières mises à jour
|