Opinion
Les idées justes vaincront ou
ce sera la catastrophe
Fidel Castro
Mardi 2 septembre 2014
Le monde ne connaît aucun répit ces
dernières années, surtout depuis que la
Communauté économique européenne,
inconditionnelle aux directives des
États-Unis, a estimé le moment venu de
régler ses comptes avec ce qui restait
de deux grandes nations qui, inspirées
des idées de Marx, avaient réalisé
l’exploit de mettre fin à l’ordre
colonial et impérialiste imposé au monde
par l’Europe et les États-Unis.
Dans l’ancienne Russie, une
révolution éclata et secoua le monde.
On attendait la première grande
révolution socialiste dans les pays plus
industrialisés d’Europe comme
l’Angleterre, la France, l’Allemagne et
l’Autriche-Hongrie. Elle eut lieu en
Russie, dont le territoire s’étendait à
l’Asie, du nord de l’Europe au sud de
l’Alaska, également territoire tsariste,
vendu pour quelques dollars au pays qui,
plus tard, aurait le plus intérêt à
s’attaquer et à détruire la révolution
et au pays qui lui avait donné
naissance.
Le plus grand exploit du nouvel État
fut de créer une Union capable de
regrouper ses ressources et de partager
sa technologie avec un grand nombre de
pays plus faibles, victimes inévitables
de l’exploitation coloniale. Une
véritable société des nations qui
respecterait les droits, la culture, les
technologies et les ressources des
endroits accessibles de la planète que
tant d’humains aiment à visiter et à
connaître ne serait-elle pas nécessaire
dans le monde actuel ? Ne serait-il pas
plus convenable que toutes les
personnes, qui aujourd’hui communiquent
en quelques fractions de secondes d’un
bout à l’autre de la planète, voient
dans les autres un ami ou un frère,
plutôt qu’un ennemi prêt à les
exterminer avec les moyens que le savoir
humain lui a permis de créer ?
Convaincu que les êtres humains
pourraient atteindre ces objectifs, je
pense que nous n’avons pas le droit de
détruire des villes, d’assassiner des
enfants, de raser des maisons, de semer
la terreur, la faim et la mort. Dans
quel recoin du monde de tels actes
seraient-ils justifiables ? Si après le
massacre de la dernière guerre mondiale,
le monde s’était réjoui de la création
des Nations Unies, c’est parce qu’une
grande partie de l’humanité l’avait
imaginée poursuivant cette finalité,
bien que ses objectifs n’aient pas été
entièrement définis. Elle est perçue
aujourd’hui comme une tromperie
colossale, alors que des problèmes
laissent entrevoir le possible
déclenchement d’une guerre avec l’emploi
d’armes qui pourraient provoquer la fin
de l’existence humaine.
Il existe des individus sans
scrupules qui considèrent comme un
mérite leur disposition à mourir, mais
surtout à tuer pour défendre des
privilèges indécents.
Beaucoup de gens s’étonnent
d’entendre les déclarations de certains
ténors européens de l’OTAN s’exprimer
avec le style et les mots de la SS
nazie. Parfois, ils vont jusqu’à porter
des costumes sombres en plein été.
Nous avons un adversaire très
puissant, qui est notre plus proche
voisin : les États-Unis d’Amérique. Nous
l’avons prévenu que nous résisterions au
blocus, même si ceci implique un coût
très élevé pour notre pays. Il n’y a pas
de prix plus cher à payer que de
capituler devant l’ennemi qui vous
agresse sans raison ni droit. Telle
était la conviction d’un petit peuple
isolé. Les autres gouvernements de cet
hémisphère, à de rares exceptions près,
avaient rejoint le puissant et influent
Empire. Il ne s’agissait pas d’une
attitude personnelle, c’était le
sentiment d’une petite nation qui,
depuis le début du siècle, était la
propriété politique et économique des
États-Unis. L’Espagne nous avait cédés à
ce pays après environ cinq siècles de
colonialisme, et un nombre incalculable
de morts et de dégâts matériels dans
notre lutte pour l’indépendance.
L’Empire s’était réservé le droit
d’intervenir militairement à Cuba en
vertu d’un amendement constitutionnel
perfide imposé à un Congrès impuissant
et incapable de résister. En plus d’être
propriétaires de presque tout à Cuba :
terres abondantes, grandes exploitations
sucrières, mines, banques, et de s’être
octroyés jusqu’à la prérogative
d’imprimer notre argent, ils nous
interdisaient de produire les graines
alimentaires nécessaires pour nourrir la
population.
Lorsque l’Union soviétique s’est
désintégrée avec le camp socialiste,
nous avons continué à résister et,
ensemble, l’État et le peuple
révolutionnaires, nous avons continué
dans notre voie indépendante.
Je ne souhaite toutefois pas
dramatiser cette modeste histoire. Je
préfère plutôt souligner que la
politique de l’Empire est si
dramatiquement ridicule qu’il ne tardera
pas à basculer dans les poubelles de
l’histoire. L’Empire d’Adolf Hitler,
inspiré par la cupidité, est entré dans
l’histoire sans autre gloire que le
souffle apporté aux gouvernements
bourgeois et agressifs de l’OTAN,
devenus la risée de l’Europe et du
monde, avec l’euro, qui, comme le
dollar, ne tardera pas à devenir du
papier mouillé, appelé à dépendre du
yuan et des roubles face à la puissance
économique de la Chine associée à
l’énorme potentiel économique et
technologique de la Russie.
Le cynisme est devenu le symbole de
la politique impériale.
Nul n’ignore que John McCain a été le
candidat républicain aux élections de
2008. Il avait fait la une de
l’actualité lorsque, à l’époque où il
était pilote, son avion avait été abattu
alors qu’il bombardait la ville très
peuplée de Hanoi. Son appareil fut
touché sur la ville par une roquette
vietnamienne et s’abîma dans un lac
situé aux environs de la capitale.
Un ancien soldat vietnamien à la
retraite, qui gagnait sa vie à
proximité, assista au crash et, voyant
le pilote blessé tenter de s’extraire de
l’appareil, se porta à son secours.
Pendant que le vieux soldat s’affairait
à aider le pilote, un groupe d’habitants
de Hanoi qui avait subi les attaques
aériennes accourait pour régler son
compte à cet assassin. Le soldat réussit
à persuader les habitants de ne pas s’en
prendre à lui, vie d’un prisonnier
devant être respectée. Les autorités
nord-américaines plaidèrent également
pour qu’aucune action ne soit entreprise
contre le pilote.
Outre les normes vietnamiennes
relatives au respect des prisonniers, le
pilote était le fils d’un amiral de la
marine des États-Unis qui avait joué un
rôle de premier plan durant la Seconde
guerre mondiale et occupait toujours une
haute fonction.
Les Vietnamiens avaient capturé une
grosse huile lors de ce bombardement, et
comme il est logique, dans la
perspective des inévitables pourparlers
de paix devant mettre un terme à cette
guerre injuste qui leur était imposée,
ils nouèrent une amitié avec lui, qui
n’était que trop content de pouvoir
tirer tout le profit possible de cette
aventure. Ceci, bien entendu, ne m’a pas
été raconté par un Vietnamien à qui je
n’aurais certainement pas posé la
question. Je l’ai lu et c’est conforme à
certains détails qu’il m’a été donné de
connaître plus tard. J’ai aussi lu un
jour que Mr McCain avait écrit qu’étant
prisonnier au Vietnam, lors d’une séance
de torture qu’on lui avait fait subir,
il avait entendu des voix s’exprimer en
espagnol, conseillant les tortionnaires
sur ce qu’ils devaient faire et comment
le faire. D’après McCain, il s’agissait
de cubains. Il n’y a jamais eu de
conseillers militaires cubains au
Vietnam. Les militaires de ce pays sont
les mieux placés pour conduire leur
propre guerre.
Le général Giap était l’un des plus
brillants chefs de notre temps. Lui qui
parvint à placer les canons dans une
jungle inextricable et abrupte à Dien
Bien Phu, ce que les militaires yankees
et européens jugeaient impossible. Ces
canons leur permettaient de tirer de
tellement près qu’il était impossible de
les neutraliser sans que leurs bombes
nucléaires n’affectent également les
envahisseurs. D’autres mesures
pertinentes, difficiles et complexes,
furent utilisées pour imposer une
capitulation honteuse aux forces
européennes encerclées.
Ce renard de McCain tira tout le
profit possible des défaites militaires
de l’invasion nord-américaine et
européenne. Nixon ne pouvait pas
convaincre son conseiller à la sécurité
nationale, Henry Kissinger, d’accepter
l’idée, suggérée par le président
lui-même, alors que, dans un moment de
détente, il s’exclamait : « Pourquoi
ne pas lancer une de ces petites bombes,
Henry ? ». La vraie bombe explosa
lorsque les hommes du président
essayèrent d’espionner ses opposants [affaire
dite du Watergate - NDLR]. Ceci, par
contre, était intolérable !
Malgré cela, l’aspect le plus cynique
de Mr McCain est sa performance au
Proche-Orient. Le sénateur McCain est
l’allié le plus inconditionnel d’Israël
dans les agissements criminels du
Mossad. Une chose que même ses pires
adversaires n’auraient pu imaginer.
McCain a participé avec ce service à la
création de l’État islamique, qui s’est
emparé d’une considérable partie vitale
de l’Irak – d’après ce qu’on dit, un
tiers du territoire de la Syrie. Cet
État peut compter sur des ressources
multimillionnaires et menace l’Arabie
saoudite et d’autres États de cette
région complexe qui fournit la plus
grande part du combustible mondial.
Ne serait-il pas préférable de
s’efforcer de produire plus de
nourriture et de produits industriels,
de construire des écoles et des hôpitaux
pour les milliards d’êtres humains qui
en ont désespérément besoin, de
promouvoir l’art et la culture, de
lutter contre les maladies massives
entraînant la mort de plus de la moitié
des patients, à créer des emplois dans
le secteur de la santé et des
technologues qui pourraient éliminer des
maladies telles que le cancer, l’Ébola,
le paludisme, la dengue, le chikungunya,
le diabète et d’autres encore qui
affectent les fonctions vitales des
êtres humains ?
S’il est possible aujourd’hui de
prolonger la vie, la santé et le temps
utile des personnes, il est parfaitement
possible de planifier le développement
de la population en fonction de la
croissance de la productivité, de la
culture et du développement des valeurs
humaines. Qu’attendent-ils pour le
faire ?
Les idées justes vaincront ou ce sera
la catastrophe.
Fidel Castro Ruz
Le 31 août 2014
22h25.
(avec 2 corrections apportées à la
traduction par LGS)
Source :
»» http://www.granma.cu/idiomas/frances/cuba-f/1septiembre-36fidel.html
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Publié le 3 septembre 2014
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