Cirepal
La
judaïsation de la Galilée, d’al-Quds et du Naqab : un
nettoyage ethnique en cours
11 février 2007
CIREPAL
Il
y a quelques mois, en novembre 2006, s’est tenue une conférence
à Londres pour expliquer la signification du nettoyage ethnique
en Palestine, terme utilisé de plus en plus fréquemment pour décrire
la politique coloniale de l’Etat sioniste dans les territoires
occupés en 1967, et notamment en Cisjordanie et la partie
orientale de la ville d’al-Quds.
A
cette conférence, nous avons souligné que ce terme de « nettoyage
ethnique » s’appliquait aussi mais surtout aux parties de
la Palestine occupée en 1948, et notamment dans les villes dites
mixtes, en Galilée et dans le Naqab car, depuis l’expulsion
massive des Palestiniens et la destruction de leurs villages en
48, les autorités sionistes israéliennes poursuivent sans relâche
une politique de nettoyage ethnique consistant à s’accaparer
des terres palestiniennes, démolir les maisons et les lieux
saints palestiniens, interdire aux Palestiniens d’habiter dans
plusieurs zones considérées juives, destruction des quartiers
arabes des villes dites mixtes, refus d’accorder aux
Palestiniens des autorisations de construction et de rénovation,
sans parler de la loi sur la citoyenneté qui refuse le droit aux
familles palestiniennes (composées de couples originaires des
deux côtés de la « ligne verte ») de vivre réunies
dans la partie occupée en 48. Il s’agit, en résumé,
d’appliquer à la lettre le plan de « judaïsation de la
Galilée, du Naqab et d’al-Quds », plan qui vise à rendre
la population palestinienne minoritaire dans les quelques régions
de la Palestine historique où elle se trouve en nombre, après
l’avoir rendue minoritaire dans le pays, dès 1948. Ce plan de
judaïsation se poursuit, appliquant les directives des conférences
successives d’Herzelia, conférences de l’Organisation
sioniste mondiale, qui ont confié à Shimon Pérès le soin de
mener ce nettoyage ethnique, afin que l’Etat d’Israël soit un
Etat juif pour les Juifs.
Le
nettoyage ethnique dans les régions encore palestiniennes, occupées
en 48, et dans la ville al-Quds annexée est aussi, sinon plus
grave que les menées coloniales israéliennes en Cisjordanie. Car
pour mener son nettoyage ethnique en Palestine 48, les autorités
sionistes s’appuient sur une certaine légalité internationale,
qui a approuvé la fondation de l’Etat d’Israël, Etat juif
pour les Juifs. De plus, si une petite frange de la société israélienne
refuse les agissements de son Etat et des colons qu’il protège
et dirige, et dénonce la colonisation de la Cisjordanie, les voix
israéliennes et juives se font rares pour dénoncer le nettoyage
ethnique dans les frontières de 48, ajoutant ainsi une légitimité
non déclarée à la fondation d’un Etat juif pour les Juifs,
soit d’un Etat ethniquement nettoyé des Palestiniens,
population légitime du pays.
On
ne peut logiquement séparer ce qui s’est passé après 48 de ce
qui se passe depuis 1967, car l’idéologie est la même, une idéologie
coloniale, négationniste et raciste qui permet au colon russe
Lieberman de devenir ministre, qui autorise les colons de la ville
d’al-Khalil venus des Etats-Unis, de France ou d’Ukraine, à
s’emparer de quartiers, de routes et de champs palestiniens ou
les colons juifs de France à vivre dans la colonie Gilo, au nord
de Bethlehem, qui autorise les colons juifs d’Ethiopie, du Maroc
ou du Yémen à s’installer dans Najd devenue Sderot, au nord de
Gaza, ou les colons juifs russes et ukrainiens à s’installer
dans les maisons palestiniennes de Beer Saba’, dans le Naqab,
sans oublier les colons qui se sont emparés de la terre
palestinienne avant même la création de l’Etat d’Israël.
L’histoire du sionisme se poursuit sur la terre palestinienne,
avec un grignotage incessant. Pouvons-nous ne pas comparer la
colonisation actuelle dans la vallée du Jourdain occupée en 67
avec ce qui s’est passé en 48 dans les régions de Safad, de
Tabaraya ou de Bîsân ? Au nom de quoi la colonisation et le
nettoyage ethnique seraient-ils légitimes dans les frontières de
48 et illégitimes dans les territoires occupés en 67 ?
Arabs48
Les
projets de confiscation des terres en Galilée suscitent la colère
des Palestiniens de Bqay’a, Yanûh-Jitt et Kisra
11
février
Les
villages arabes de Bqay’a et ses environs sont mobilisés contre
le plan découvert récemment et mis au point par le ministre
sioniste de l’intérieur, visant à confisquer des milliers de
dunums de leurs terres pour les annexer au conseil régional de
Maale Yousif.
Selon
le plan, les meilleures terres de Ksra, soit 2500 dunums, auxquels
s’ajoutent 300 dunums de Yanûh-Jitt, sont être détachées
pour être annexées à la zone d’influence du conseil régional
sioniste.
Quant
à Bqay’a, le plan vise 12 blocs de terrains comprenant des
milliers de dunums. Les surfaces de terres confisquées représentent
20% de la réserve en terre pour les autorités locales
palestiniennes de Kisra, Kfar Sami’, Yanûh et Jitt, ce qui
signifie étouffer la capacité de ces municipalités à exécuter
des projets vitaux au profit de leurs habitants.
Le
comité populaire de défense de la terre à Yanûh a appelé à
une réunion urgent le 7 février dernier. Le même jour, une réunion
s’est tenue à Bqay’a dans la maison du membre du comité
central du groupe « Traité des Maaroufiyin libres »
(druzes), Sharif Mhanna, rassemblant des villageois de toute la région
(Bqay’a, Kisra, Kfar Sami’) pour faire face, quelles que
soient les conséquences, à ce plan de colonisation.
Un
document diffusé dans la colonie de Karma’il appele à ne pas
vendre des appartements aux Arabes.
Même
dans les colonies juives, situées en pleine Galilée, les colons
craignent, semble-il, de devenir une minorité. Des appels ont été
lancés, dans ce sens, demandant à la population de Karma’il
de ne pas vendre leurs appartements à des Arabes, après
qu’une famille de Nahaf (dont les terres sont prises par
Karma’il) ait acheté un appartement dans le quartier ouest.
« Voulez-vous
voir une nouvelle réalité où le quartier ouest se transforme en
quartier arabe ? Qu’en sera-t-il de la valeur marchande de
ce quartier lorsque plusieurs familles s’y installeront ? »
pour conclure : « nous sommes un quartier juif et nous
voulons le rester ».
Il
faut rappeler que Karma’il a été fondée sur les terres
appartenant aux villages palestiniens de la région Shaghour,
selon un plan des années 70, le plan de « judaïsation de
la Galilée », visant à accentuer la présence juive dans
la région de la Galilée.
Les
villes et villages arabes de la Galilée souffrent de manque aigu
de terrains, à cause des confiscations des terres, ce qui pousse
les familles à acheter des appartements dans les agglomérations
juives, comme Karma’il.
Destruction
de quatre maisons abritant 32 personnes dans Khirbat al-Batel,
dans le Naqab
7
février 2007
Le
ministère de l’intérieur, appuyé par d’importantes forces
de la police, ont procédé le mercredi matin à la destruction de
4 maisons abritant 32 personnes dans le village non reconnu du
Naqab, Khirbet Batel, au sud de Rahat.
La
police avait auparavant arrêté Abdel Karim Atayqa, membre du
comité central du Rassemblement National démocratique et son
fils Saher, ainsi que Nabhan Buhayri, afin de les empêcher
d’agir et d’arrêter les démolitions. Ils ont été libérés
après le crime.
Atayqa
a précisé : il y a un plan de construction d’une route
sur le village dans lequel nous habitons, au sud de Rahat.
Le
comité des 40 et cinq autres associations civiles plantent les
oliviers dans le Naqab
Le
samedi 10 février, les associations plantent des oliviers dans le
village non reconnu Wadi Naam avant de se diriger vers le collage
Tawil Abu Jarwal, qui a subi récemment des destructions de
maisons.
Le
Comité des 40 (association pour la reconnaissance des villages
non-reconnus) a organisé cette manifestation de solidarité en
mettant des cars à la disposition de la population de Galilée et
d’al-Quds.
« La
plantation d’oliviers dans le village Wadi Naam vise à
participer à maintenir la population dans son village, à préserver
sa terre et de lui assurer une source future de revenus » a
déclaré le président, Muhammad Abu Da’uf.
Le
village de Wadi Naam est à 10 kms au sud de la ville de Beer
Saba’. 5000 habitants y vivent. Avant 1948, la population vivait
à l’ouest de la route 40, mais en 1953, les autorités
sionistes les ont déplacés vers l’est de la route et a
confisqué leurs terres, proclamant qu’il s’agit d’une zone
militaire close. Mais depuis, ces terres confisquées furent des
zones industrielles et agricoles, mais pour les colons juifs.
A
côté du village actuel, les autorités sionistes ont construit
une usine chimique et une centrale électrique, ainsi que des
industries militaires. Ces usines polluent la région et causent
des maladies au sein de la population de Wadi Naam, surtout le
cancer, les maladies de peau ainsi que l’insuffisance
respiratoire.
En
1988, les autorités sionistes ont commencé à traduire les
habitants de Wadi Naam devant les tribunaux pour leur « occupation
des terres de l’Etat » et dans les années 90, l’ordre
fut pris de chasser la population et de « rendre la terre à
l’état où elle se trouvait avant leur présence ! »
tout comme il fut ordonné aux habitants de verser chacun 5000
shekels en amendes.
La
population a fait appel contre cette décision, mais l’appel a
été refusé. Elle s’est alors dirigée vers le Tribunal suprême
qui a donné trois ans de répit afin de régler la situation.
Les
représentants de la population de Wadi Naam affirment être prêts
à se déplacer vers un village agricole éloigné des poisons déversés
par les usines chimiques et militaires, mais l’Etat refuse la
proposition, insistant sur sa volonté de les chasser de la région,
sans offrir d’autre alternative. L’Etat a alors détruit des
dizaines de maisons ces dernières années, et a présenté des
centaines d’ordres de démolitions.
Le
village Tawil Abu Jarwal
Ce
village non reconnu se situe dans la région Awjan dans le Naqab,
et est habité par 300 personnes. Ces derniers mois, plusieurs
maisons ont été détruites par les autorités sionistes et des
ordres de démolition ont été récemment collés sur des
dizaines de maisons.
Depuis
1956, les familles habitant ce village sont la cible de poursuites
et d’expulsion. Elles ont déjà été expulsées de leurs
terres sous prétexte de raisons sécuritaires mais avec la
promesse d’y revenir après, mais les autorités refusent
actuellement d’appliquer leurs promesses et n’autorisent pas
la population à revenir.
La
population a alors décidé de revenir à ses terres. Depuis, elle
est soumise à la démolition de ses maisons.
Des
ordres de démolition collés aux maisons du village Nasasra, près
de Ksifa dans le Naqab
100
ordres de démolition ont été collés sur les maisons du
village, le 30 janvier dernier, par l’administration des terres
d’Israël.
« Il
y a trois ans, j’ai demandé aux autorités de nous reconnaître
en tant que quartier de Ksifa, le responsable à l’époque
m’avait répondu qu’il n’y avait aucun problème à cela, si
nous abandonnons 200 dunums situés près de l’aéroport Nabatim,
mais c’est une terre de la famille, ce qui montre que les
autorités font pression pour que nous leur donnions leur terre.
Les démolitions de maisons sont une forme de pression »,
dit l’avocat Yousef Nasasra, du village.
Le
président du comité des 40, Muhammad Abu Da’uf a déclaré :
« la demande d’abandonner leurs terres faite aux habitants
de Nasasra n’est pas raisonnable, elle fait partie de la
politique de pillage des terres arabes ».
« Ils
parlent de plan de développement du Naqab, mais le développement
vise la population juive seulement, au détriment des terres des
Arabes ».
Centre
d'Information sur la Résistance en
Palestine
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