CIREPAL (Centre d’Information sur la Résistance
en Palestine) 1er avril 2008
Pour la commémoration de la Journée de la terre,
la première manifestation des Palestiniens de 48 s’est déroulée
dans la ville de Yafa, ville arabe palestinienne menacée par la
judaïsation. A l’appel de toutes les organisations politiques et
associatives palestiniennes, des milliers de Palestiniens se
sont retrouvés aux côtés des comités populaires de défense des
Palestiniens de Yafa, de Lid et de Ramle, pour protester contre
les nouveaux plans conçus par les autorités sionistes, qui
visent à judaïser la ville.
Selon le rapport du Centre arabe des droits de
l’Homme (Arab HRA) dont le siège est à Nazareth, publié à
l’occasion de la commémoration de cette journée, 497 ordres de
destruction ont été remis aux Palestiniens de la ville, qui
habitent le quartier Ajami, en vue de s’emparer de ce quartier,
resté encore palestinien.
En effet, 80% de la population de ce quartier
sont Palestiniens et 20% Israéliens, ce qui ne plaît pas aux
autorités de l’occupation qui veulent expulser la population
palestinienne, en détruisant leurs maisons, en d’autres termes,
procéder à un nettoyage ethnique dans une des villes les plus
prestigieuses de la Palestine, lieu de naissance ou de formation
de plusieurs dirigeants de la résistance palestinienne : Khalil
al-Wazîr (Abu Jihâd) y est né alors que Ghassan Kanafani y a
fait ses études.
Selon ce rapport, le nombre des Palestiniens
visés par ces ordres de destruction s’élève à 3000, sur les
16.300 qui habitent encore la ville. Mais au-delà des chiffres,
les Palestiniens se sentent tous visés par ces menaces de
destruction et de judaïsation de la ville, et comme pour
d’autres régions palestiniennes de 48 (Galilée ou Naqab), tout
mot d’ordre israélien parlant de « développement » signifie en
réalité nettoyage ethnique et judaïsation, ce qui signifie le
transfert de la population palestinienne et une tentative
d’effacer toute trace de présence palestinienne dans cette
ville.
Ces nouvelles mesures de l’Etat sioniste
rappelent aux habitants de Yafa et à tous les Palestiniens de 48
qu’ils sont toujours sous la menace d’expulsion, depuis 1948 :
en 1948, les Palestiniens ont été chassés de force de leurs
maisons et de leurs terres, et 60 ans après, les autorités
poursuivent ce but, par d’autres moyens et d’autres prétextes,
nommés aujourd’hui « développement ».
Au cours de la manifestation à Yafa, plusieurs
représentants des forces politiques ont dénoncé les plans
sionistes tout en affirmant leur volonté de lutter pour rester
au pays et dans la ville : Jamal Zahalka, du Rassemblement
national démocratique, a déclaré : « il y a 60 ans, les
habitants de Yafa ont été expulsés de leur ville et nous ne
permettrons pas une autre expulsion. Le plan dément des
autorités israéliennes et de la municipalité ne passera pas, et
s’ils veulent l’appliquer, nous ne resterons pas les bras
croisés : nous défendrons notre droit à vivre et habiter ici. »
Il a ajouté : « Il ne s’agit pas de propriétés
mais d’une question d’existence. Nous sommes l’origine, nous
sommes les habitants originels de ce pays et nous ne permettrons
à personne de nous arracher à notre terre, ni d’expulser les
gens de leurs maisons. »
« Cette manifestation est un nouveau départ pour
développer la lutte et les habitants de Yafa ne sont pas seuls,
tout le peuple est avec eux, ce n’est pas leur cause seulement,
mais c’est notre cause à nous tous. »
Quant au sheikh Raed Salah, président du
mouvement islamique (branche nord), il a déclaré que dans les
semaines prochaines, des camps de travail bénévoles seront
organisés par le mouvement et les Palestiniens en général pour
reconstruire les maisons déjà détruites dans la ville de Yafa et
rénover des dizaines de maisons. Il a réclamé un plan d’action
général de la direction du mouvement national palestinien de
l’intérieur pour faire face au danger de judaïsation, déclarant
qu’aujourd’hui, la ville de Yafa se vend aux enchères et qu’il
faut y faire face sérieusement.
A certains journalistes qui lui posé la question
sur la cause de leur venue à Yafa, pour manifester, sheikh Raed
Salah a répondu : « Nous ne sommes pas venus ici, car nous
étions déjà là, depuis bien longtemps ».