Algérie
Le salut est dans la Constitution et
non dans son tripatouillage !
Amar Djerrad
Le
président démissionnaire Abdelaziz
Bouteflika. Ph: DR
Mardi 2 avril 2019
Après la revendication première « non au
5ème mandat » obtenue ; il y a eu « le
changement du système/régime » gagné
également, mais en promesse - suivi de
quelques appels à la grève des
commerçants qui a échoué, ainsi que
d’une rumeur de « désobéissance civile »
sans lendemain - voilà aujourd’hui
introduit le « non à l’article 102 » de
la Constitution après l’avoir exigé
durant des mois par plusieurs partis et
personnalités !
Puis un revirement surprenant qui vient
juste après que chef d’État-major a eu
l’idée d’annoncer qu'il est nécessaire
de l’appliquer dans son alinéa relatif à
l’incapacité pour cause « de maladie
grave » ! Des opposants surgissent en y
voyant un artifice « pour faire durer le
système ». Pourtant, si le Président
décide de démissionner, c'est aussi
l'article 102 qui donne la solution. Que
susurreront-ils alors ? Refuser sa
démission sous le prétexte « qu’il ne
sait pas ce qu’il fait » ? Un peu de
logique et de réalisme !
En fait, il est
clair qu’ils veulent pousser jusqu’à
l’échéance du 28 avril (date de fin de
mandat) afin de justifier la mise en
branle d’un mécanisme de gouvernance
hors-Constitution, par un vide
constitutionnel, dans lequel ils veulent
être les principaux acteurs avec en plus
la garantie de l’Armée !
Avec le rejet de
l’article 102, ils veulent la caution de
l’Armée pour distordre la Constitution
afin de rendre cet article « caduc »,
tout en faisant valoir l’article 7, mais
en taisant le « 8 » plus explicite !
Rien que ça ! Plus clairement, appliquer
la Constitution, selon les articles qui
les arrange et écarter ceux qui ne
convient pas pour leurs objectifs !
C’est la piétiner quoi ! L’article 8, en
effet, parle d’un exercice de
souveraineté par le peuple « par
l’intermédiaire des Institutions qu’il
se donne ». Cette référence aux
institutions gêne, car il renvoie au
respect de la Constitution dont le
non-respect peut aussi faire tomber dans
le nihilisme qui étouffe toute
discussion…Un casse-tête !
On s’appuierait sur
quoi de légal quand la base
constitutionnelle est écartée, même
partiellement ?
Mais qui a le
pouvoir de « raser » et proposer à
nouveau ? Le Peuple, les manifestants ?
Comment ? Ils sont combien ? 4..6..8..10
millions ? Qui les représentent ? Il y a
46 millions de citoyens dont 25 millions
d’électeurs !
Les lois existent ;
le problème est dans l’application ! La
Constitution existe le problème est dans
son tripatouillage !
Les « propositions
» de certaines parties nous semblent
plus des ‘réactions’ sous l’exaspération
que sous le discernement. Elles font fi
des Institutions actuelles et négligent
la Constitution en vigueur pour proposer
des solutions anticonstitutionnelles.
Sortir de ce cadre sera un précédent
grave qui nous collera aux chevilles,
sinon aucun pays ne nous fera confiance
! On fait avec ce que l’on a comme loi
fondamentale (même avec ses
insuffisances), de la manière la plus
légale. On corrigera ensuite ! Celui qui
sort de ce cadre sera hors-la-loi et
rendra des comptes !
L'article 102 ne
conduira pas à l'impasse. C'est sa
non-application qui conduira à une
impasse constitutionnelle et aux
difficultés ! On comprend alors le gros
risque prévisible quand M. Gaid Salah
insiste sur le respect de la Loi
Fondamentale.
Ce qui est triste
c’est d’avoir fait perdre au Peuple
l’occasion historique inespérée d’un
changement profond du système promis
devant le monde entier, sans qu’il se
porte candidat. C’est remis sine die à
cause de l’empressement, la méfiance,
voire l’égoïsme et l’incompétence de
certaines parties actrices du jeu
politique, de l’opportunisme de quelques
personnalités et de groupes de pression
! La sagesse est qu’il aurait fallu
patienter et supporter encore 5/6 mois
tout en restant vigilants. Maintenant il
est trop tard !
Les changements de
gouvernement, d’APN ou de Constitution
sont du ressort du Président de la
République élu ! Toutes autres
propositions en dehors de ce que prévoit
la Loi Fondamentale sont
anticonstitutionnelles ! Le nouveau
Président élu par le peuple de façon
honnête et transparente se chargera de
la suite des changements. On ne doit pas
reproduire par la colère ce qu’ils ont
déjà fait !
Respectons la Loi
Fondamentale en vigueur ! Elle est
suffisante. L’article 102 et suite
existent dans tous les pays du monde.
Les cas de maladie, de décès et de
démission ont leurs solutions chez ces
pays et chez nous. Pourquoi chercher de
façon inconsidérée des solutions dans
l’hypothétique quand elles sont à portée
de mains de façon rassurante et légale.
Nous pensons que
l’Armée, garante de la stabilité par la
Constitution, doit rassurer le peuple
quant à l’irréversibilité des
changements profonds du « système » de
gouvernance réclamée.
L’urgent est de
changer au plus vite la loi électorale
dans sa globalité - en y introduisant
des mécanismes rigoureux de contrôle -
avec le concours de juristes connues
pour leur probité en consultation avec
les partis, les associations et des
personnalités indépendantes !
A.D
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