Palestine
Comment Israël espère faire
disparaître
les réfugiés palestiniens
Ali Abunimah
Enfants
palestiniens dans une école administrée
par l’UNRWA à Khan Younis dans la bande
de Gaza occupée,
en septembre 2014. Israël espère pouvoir
faire disparaître les réfugiés
palestiniens,
en faisant pression pour la fermeture de
l’UNRWA. Hosam Salem APA images
Samedi 13 janvier 2018 Par Ali Abunimah –
Electronic Intifada – 8 janvier 2018
Israël a confirmé
que son but est de détruire l’UNRWA,
l’agence de l’ONU qui fournit des
services de base en santé, éducation et
autres services humanitaires à plus de
cinq millions de réfugiés palestiniens
en Cisjordanie et dans la bande de Gaza
occupées, en Jordanie, au Liban et en
Syrie.
Cette nouvelle
arrive quelques jours après que
l’administration Trump a laissé entendre
qu’elle prévoyait de couper ses
financements à l’agence, à titre de
représailles contre les objections de
l’Autorité Palestinienne à la
reconnaissance de Jérusalem comme
capitale d’Israël.
Les États-Unis sont
le plus gros contributeur à l’UNRWA et
une coupe dans les crédits pourrait
avoir des conséquences humanitaires
désastreuses. Rien qu’à Gaza, un million
de Palestiniens – la moitié de sa
population – dépendent des rations
d’urgence de l’UNRWA, un nombre, qui est
monté en flèche, d’à peine 80 000 en
2000, après des années de siège et
d’attaques militaires d’Israël.
Mais, pour Israël,
l’UNRWA fait partie d’un problème à
éliminer : l’existence d’institutions et
d’agences internationales qui apportent
un soutien aux Palestiniens et à leurs
droits.
L’UNRWA “doit
disparaître du monde”
Israël cible
l’agence depuis longtemps, au sens
propre et politiquement : lors de ses
attaques sur Gaza, Israël a bombardé de
façon répétée des écoles et des services
de l’UNRWA, tuant des dizaines de
personnes.
« L’UNRWA est une
organisation qui perpétue le problème
des réfugiés palestiniens. Elle perpétue
aussi la narration du droit au retour,
pour ainsi dire, de manière à éliminer
l’État d’Israël ; donc, l’UNRWA doit
disparaître du monde » a dit Benjamin
Netanyahou dimanche au début de la
réunion hebdomadaire de son cabinet.
Le premier ministre
israélien a exhorté à ce que les fonds
de soutien de l’UNRWA soient
progressivement transférés au HCR, le
Haut Commissariat de l’ONU pour les
Réfugiés. « Voilà comment débarrasser le
monde de l’UNRWA et traiter de vrais
problèmes de réfugiés, pour autant qu’il
en demeure », a ajouté Netanyahou,
appelant la plupart des réfugiés
palestiniens « des réfugiés fictifs ».
Netanyahou marche
sur le sentier battu par l’extrême
droite israélienne selon laquelle les
réfugiés palestiniens n’existent que
parce qu’une agence spéciale, l’UNRWA, a
été créée pour s’occuper d’eux et non
parce qu’Israël nie leur droit
internationalement reconnu au retour
chez eux.
Israël refuse le
droit au retour aux Palestiniens
uniquement parce qu’ils ne sont pas
juifs et donc il les voit comme une
« menace démographique » à la poursuite
de son existence come État suprématiste
juif qui refuse l’égalité des droits à
tous ses résidents.
Des médias
d’extrême droite anti-Palestiniens en
Israël et aux États-Unis ont rapidement
fait écho au message de Netanyahou,
donnant une nouvelle vie à une campagne
de dénigrement de l’UNRWA qui dure
depuis des années.
Un mandat pour
le retour
Ironiquement, la
proposition de Netanyahou de dissoudre
l’UNRWA et de passer le mandat de prise
en charge des réfugiés palestiniens au
HCR pourrait de fait renforcer le droit
au retour.
Le HCR a un mandat
spécifique qui ne consiste pas seulement
à protéger les réfugiés tant qu’ils sont
réfugiés mais à agir pour faciliter
l’exercice de leur droit au retour dans
leurs pays.
À contrario,
l’UNRWA n’a pas de mandat de
rapatriement des réfugiés palestiniens
dans les maisons dont les Israéliens les
ont chassés mais, seulement d’un
soulagement à leur apporter jusqu’à ce
qu’une « solution » politique soit
trouvée.
« Ce qui perpétue
la crise des réfugiés, c’est la faillite
des parties à traiter le problème » a
dit le porte-parole de l’UNRWA, Chris
Gunness, à Electronic Intifada en
réaction aux commentaires de Netanyahou.
« Ce problème doit être résolu par les
parties du conflit dans le cadre de
pourparlers de paix basés sur les
résolutions de l’ONU et sur le droit
international ; et cela requiert
l’engagement actif de la communauté
internationale ».
Jusque-là, a
expliqué Gunness, « l’UNRWA est mandatée
par l’Assemblée Générale pour poursuivre
son service jusqu’à ce qu’une solution
juste et durable soit trouvée pour les
réfugiés palestiniens ».
Des coupes déjà
effectuées?
La semaine
dernière, le président Donald Trump et
son ambassadrice à l’ONU, Nikki Haley,
ont menacé de couper l’aide américaine
aux Palestiniens, mais la déclaration ne
disait pas clairement si cela incluait
l’UNRWA ou seulement l’Autorité
Palestinienne.
Un article dans la
presse de vendredi avançait que les
États-Unis avaient déjà retiré un
versement de 125 millions de dollars
(105 millions d’euros) à l’UNRWA prévu
ce mois-ci.
Gunness a précisé
que l’UNRWA a vu ces articles mais que
« de toute façon, l’organisation n’avait
pas été informée directement d’une
décision formelle par l’administration
américaine ».
Il semblerait
néanmoins qu’Israël cherche à user de la
latitude que lui donne l’administration
Trump pour frapper ce qu’il espère être
un coup décisif, pour mettre fin au
soutien international des Palestiniens.
Traduction SF pour
l’Agence Media Palestine
Source :
Electronic Intifada
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