La Voix de la
Russie
Vers la fin de l'OTAN médiatique ?
Alexandre Latsa
© Collage
: La Voix de la Russie
Lundi 10 février 2014
La presse
française, qui sur le dossier ukrainien
témoigne de sa totale inaptitude à
porter un regard neutre et non
américano-centré sur les enjeux
internationaux, a sans doute « cru »
apercevoir un effritement du système
Poutine récemment. Deux journalistes
américaines travaillant pour la chaîne
d’Etat Russia Today ont en effet,
l’une
démissionné, l’autre émis des
critiques quand à la politique russe
en Ukraine. Peu de temps après, un
professeur du très réputé MGIMO aurait
lui comparé Poutine à Hitler, se faisant
ainsi sans doute involontairement le
docile
porte-parole des diplomaties
américaine, tchèque ou
lituanienne qui tentent de faire
croire (mais à qui hormis aux
journalistes ?) que la Russie serait
prête à envahir l’Europe et déclencher
une guerre.
Le rouleau
compresseur du flux médiatique
occidental fonctionne en parfaite
adéquation avec les diplomaties des
nouveaux allies de l’Amérique et de
l’Otan en Europe de l’Est. L’objectif
unique de ce dispositif organisé est
l’extension à l’Est de sa propre sphère
d’influence. Ces processus soutenus ont
dès la chute du mur visé l’Est du
continent et le monde postsoviétique
avec des fréquences d’interventions
variées, que l’on pense aux
bombardements sur la Serbie, aux coups
d’Etats organisés via les révolutions de
couleurs ou à la création d’Etats
fantoches au cœur de l’Europe afin d’y
héberger des bases militaires
americaines, comme par exemple au
Kosovo. Les lecteurs intéressés peuvent
se référer à cette excellente analyse de
Michel Collon qui met en exergue
les liens entre « extension de
l’Otan et mensonges médiatiques ».
Cette extension
militaire et politique à l’Est s’est
accompagnée d’un flux médiatique
autoritaire visant à légitimer aux yeux
de l’opinion cette extension. La
victoire médiatique de l’Occident
américano-centré devait lui assurer la
victoire des esprits. Ce dispositif
médiatique totalitaire a lui mis en
place des verrous psychologiques et
techniques afin de contrecarrer les flux
d’informations contradictoires et
non-conformes. Toute personne osant
critiquer la politique américaine en
Europe ou pire, dire du bien du modèle
russe, serait de fait un « agent
d’influence russe » et un « outil de
propagande du Kremlin ». Les communistes
en leur temps traitaient de fascistes
tous ceux qui ne pensaient pas comme
eux, tandis qu’en leur temps également
les fascistes traitaient de communistes
ceux qui ne pensaient pas comme eux.
Bien sûr, il est
difficile pour un journaliste ou un
analyste étranger de tenir cette forte
pression permanente en sachant
pertinemment que chaque jour qu’il passe
dans une structure d’information russe
implique pour lui de faire un trait sur
ca carrière de journaliste à l’Ouest,
dans le monde soit disant « libre ». On
peut évidemment ne pas être d’accord
avec les positions des journalistes et
analystes étrangers ou russes qui
refusent de se soumettre à la pensée
dominante et/ou travaillent pour des
agences de presse russes. Mais on ne
peut pas ne pas leur reconnaître une
qualité qui fait souvent défaut à nombre
de leurs confrères de l’Ouest : le
courage. Car que l’on soit ou pas
d’accord avec la ligne éditoriale d’un
média d’Etat comme l’AFP ou
Russia Today, cela demande beaucoup
plus de courage de travailler dans le
second, a contre courant, que dans le
premier.
Sous perfusions de
l’Etat car hautement déficitaire, la
presse francaise est elle en outre de
plus en plus malmenée par des blogueurs
et des plateformes d’analyses strictes
et sérieuses. Certains se sont même
récemment demandés
pourquoi Internet regorgeait de
commentaires favorables à la Russie et à
la gouvernance Poutine. La lecture
des commentaires sous l’article apporte
sans doute un embryon de réponse. Hormis
les accusations de « cellules
informatiques sous le contrôle du FSB ou
de l’ambassade de Russie », accusations
qui traduisent d’incurables pathologies,
quiconque suit la presse française sait
aujourd’hui parfaitement qu’Internet a
révélé une société civile 2.0 militante
et déterminée, dont la blogosphère (qui
souhaite faire entendre une voix
dissonante à celle du mainstream
médiatique) reflète assez bien l’esprit
global.
Une blogosphère qui
a clairement démontré durant ces
dernières années que la multiplication
des sources ne signifie pas forcément la
diversité de l’information mais que le
formidable développement des méthodes de
communication 2.0 permet de ne plus
subir uniquement le scenario narratif
officiel et imposé.
Il y a donc des
raisons d’être optimistes.
Les dissidents sous
l’époque soviétique ont eux aussi
longtemps pensé qu’ils étaient seuls et
isolés.
© 2005—2014 La
Voix de la Russie
Publié le 10 mars 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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