Opinion
Ça festoie
pas partout
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 25 décembre 2013
Le Père
Noël est descendu sur le monde. Les
enfants l'ont attendu, là où il est le
plus susceptible de distribuer des
cadeaux. Les affaires ont beaucoup
marché. Les caisses ont fonctionné à
plein rendement. Et les puissants de ce
monde y sont allés de leurs vœux et
autres souhaits. Il faut bien. Sinon les
gens vont cesser de croire au Père Noël.
Surtout qu'ils ont toutes les raisons de
ne plus trop y croire. Y compris là où
il était coutume d'y croire sans
retenue, tant la vie semblait couler
vers la félicité et tant l'espoir
trouvait sa raison d'être. "Pax vobis" (
la paix soit avec vous ), a dit le pape
François. Il l'a dit gentiment à qui
voulait l'entendre. Mais ceux qui
veulent la paix sont ceux qui n'ont pas
les moyens de la faire, ceux qui
subissent la guerre de la part de ceux
qui fêtent le plus Noël et le Père qui
va avec. Ceux qui font de Noël la fête
la plus célébrée au monde et où l'argent
se déverse le plus, sous les flots de
lumières et les sourires de villes
survoltées. Le Pape a tout de même été
plus circonspect, pour sa première
sortie. Il n'a pas trop versé dans
l'angélisme et a rappelé que ce sont
"Les bergers (qui) ont été les premiers
(…) à recevoir l'annonce de sa naissance
(Jésus)" et qu'"Ils ont été les premiers
parce qu'ils étaient parmi les derniers,
les marginalisés." C'est de
circonstance, il faut l'admettre, et
même obligatoire en ces temps où rien ne
va plus à l'horizon des multitudes,
poussées à désespérer de voir le bout de
l'angoisse qui couvre leur quotidien.
Ceci relevé, il ne faut pas croire que
le Pape va jouer au Spartacus et prendre
la tête de la contestation en cours,
contre les Banques et leurs employés
politiques. Il a juste fait son travail
de berger catholique tenu d'être proche
de ses "brebis", dont certaines ont
probablement eu du baume au cœur devant
ces paroles, qui leur promettent le
paradis, faute de solutions ici-bas.
Ensuite le pontife s'est adressé à ceux
qui détiennent la clé de la paix et des
solutions. Les connaissant, il leur dit
: "Si nous aimons Dieu et nos frères,
nous marchons dans la lumière, mais si
notre cœur se ferme, si l'orgueil, le
mensonge, la recherche de notre intérêt
dominent, alors les ténèbres descendent
en nous." Pas de quoi trop les
bousculer, juste des généralités, qui ne
touchent pas du doigt là où le "peuple"
dont il a aussi parlé a mal. "Le
peuple est un peuple pèlerin, mais pas
un peuple errant" a-t-il dit. Difficile
de comprendre et le temps de l'exégèse
n'est pas intégré dans le planning
pontifical. On se contentera de penser
qu'il veut dire que le peuple sait où il
va… Pour ce qui est de ceux qui font la
guerre au lieu de la paix, on n'est pas
trop loquace. Le Potus Barak Obama,
premier gardien de la planète, a fait un
tout petit message sur Twitter. Il a dit
aux gens : "From this family to yours,
have a peaceful Christmas" (De la part
de ma famille et pour la vôtre, passez
un Noël paisible). On ne sait pas si les
Palestiniens, les Afghans, les Syriens,
les Libyens…auront lu et s'ils auraient
compris ce qu'il voulait dire.
Article publié sur
Les débats
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