Opinion
Partenariat
« d'égal à égal »
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 18 décembre 2013
Autres temps, autres mœurs, et la
mémoire est là pour nous rappeler
certaines choses, sur ce qui anime les
relations des « petits pays » avec
les puissances occidentales, notamment.
Entre la France et l’Algérie,
particulièrement. Il ne s’agit pas de
cette mémoire qui n’a pas besoin de
grand-chose pour habiter les Algériens
surtout, qui la portent et qui savent ce
qu’ils ont vécu et ce qu’ont vécu leurs
aïeux, plus d’un siècle durant. Il
s’agit de la mémoire récente, lorsque
l’Algérie était en cessation de
paiement, endettée à n’en plus pouvoir
et déchirée par une crise interne
insoutenable. Il n’y a pas si longtemps.
Quelques années en arrière, tout au
plus. En ces temps là, l’Algérie n’était
pas « un marché intéressant » et
ne disposait pas « du PIB par
habitant le plus élevé d'Afrique du Nord
et le quatrième du continent africain ».
Elle était ce pays qui faisait partie
des réfractaires à l’économie de marché,
qui disposait de ressources naturelles
fort convoitées et qui donnait des
signes d’effondrement. Et Air France
pouvait allègrement quitter le ciel
algérien et appeler ses consœurs à faire
de même. De quoi aider à l’ouvrage et
cueillir les fruits, avec une belle
revanche à la clé contre une
indépendance mal digérée. Il y a encore
plus récent encore, l’hystérie du
« printemps arabe » a fait s’exciter les
dirigeants français, qui dans leur
« épopée » libyenne voyaient les
prémices d’une « démocratisation » de
l’Algérie, à leur façon et à travers
leurs affidés, aux quels ils ont offert
leur machine médiatique et leur appui
diplomatique et le soutien de leurs
alliés atlantistes. La ! Ni l’islamisme
armé, ni les « démocrates » à la petite
semaine, n’ont pu ni faire un
Afghanistan du pays, ni le plonger dans
une guerre civile à la syrienne. Et loin
du procès d’intention, ce sont là des
faits et des attitudes avérées, que
l’observateur le moins pointilleux a pu
relever.
Ainsi, les temps sont vraiment changé.
En plus des facteurs d’instabilité qui
se sont éloignés, il y a de la
concurrence très féroce, qui n’augure
rien de bon pour les petites affaires
d’une économie qui n’en peut plus de se
chercher un souffle, tant le monde de
l’après Guerre-froide est transfiguré.
Même les parrains, les Etats-Unis, sont
en train de s’installer avec d’autres
moyens que la certitude insensée de la
« chasse-gardée ». M. Jean-Marc Ayrault,
le premier ministre français, le sait
bien qui souligne que la visite d’Etat
du Président François Hollande « a
ouvert une nouvelle page, en créant un
climat qui permet de construire entre la
France et l’Algérie un partenariat
stratégique d’égal à égal, au service de
nos deux peuples et, en particulier, de
nos jeunesses ». Une façon de
reconnaître que rien n’a été pour le
mieux dans la démarche hostile d’une
Françafrique gênée aux entournures par
ce« partenaire » à la fois
incontournable et empêcheur de tourner
en rond. Reste à vérifier cette histoire
d’ « égalité » du partenariat,
vis-à-vis de laquelle, au vue de la
structure actuelle des échanges et des
concessions algériennes à la
libre-entreprise, il est permis de
douter fortement.
Ahmed Halfaoui
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