Opinion
OMC : ça trépigne
chez certains
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 8 décembre 2013
Ils trépignent, ils
sont aux abois, ils enragent, ils sont à
l'affût, ils surveillent chaque signe
qui leur dit ce qui en est de la
perception de l'Algérie par leurs
maîtres de là-bas. La rencontre de
l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC), à Bali, en est l'occasion. Il y
est question de l' " alourdissement "
des conditions d'adhésion de l'Algérie à
cette institution. Tant mieux
auraient-ils pu conclure, ce qui serait
une réaction des plus raisonnables,
quand nous savons ce qu'il aurait coûté
de se plier à ces règles qui ne
concernent que les plus faibles. Celles
qui livrent la décision politique à
Wall-Street et aux diktats des
institutions financières internationales
et des lobbies de Washington et de
Bruxelles. Mais, contre toute attente,
des voix d'ici n'y voient que des
désagréments pour le pays. Comme si la
stratégie d'ouverture et de
démantèlement de la souveraineté de
l'Etat algérien, sur les orientations en
matière de développement économique et
social, et sur les réponses à donner aux
préoccupations de la population, eu
égard aux capacités du trésor public,
n'avaient pas démontré la tragédie qui
s'annonce. Celle qui jette le trouble
dans une jeunesse en termes de
visibilité de l'action gouvernementale,
sans que la prédation trouve à redire,
d'autant qu'elle a pleinement trouvé à
s'exprimer et à se faire à l'ombre de la
déréglementation débridée du commerce
extérieur et de la destruction du
secteur public. Il faut dire que la
réunion de Bali a travaillé sur des
conclusions beaucoup plus prometteuses
qu'auparavant. Elle prône une vaste "
libéralisation des échanges ". Autant
considérer, en principe et
raisonnablement, que l'Algérie a plus à
perdre qu'à gagner, n'ayant que son
pétrole et son gaz à inscrire dans ces "
échanges ". Etant donné l'indigence de
son économie, surtout son aile
libéralisée, de son secteur capitaliste
privé. Eh bien, malgré la réalité,
une certaine presse et des faiseurs
d'opinion, considèrent que ce serait de
la " faute de l'Algérie " de ne pas être
déjà admise dans cet Olympe salvateur.
Tous les côuts sociaux payés à la
libéralisation sauvage, tous les dénis
économiques subis de la part des
gardiens de l'idéologie de la libre
entreprise, tout le désarroi semé dans
la société, tétanisée par le " retrait
de l'Etat ", ne suffisent pas. Il en
faut certainement plus, pour que
l'Algérie obéisse, enfin, aux normes qui
la feront remonter dans l'échelle des
notations prodiguées et quoi la
relèguent, invariablement, au bas du
tableau. Pour susciter les sarcasmes des
" printaniers " et autres chantres de la
" démocratie de marché ", ou des
interrogations savantes sur la "
visibilité de la politique économique
algérienne ". Comme si l'économie
pouvait se soumettre, ex-nihilo, à des
décrets sans que la dynamique
irrépressible des rapports sociaux ne
soit pas une donnée fondamentale, dans
un pays où le capitalisme, dans son
acception privée, n'a jamais pu
représenter plus que l'expression
parasitaire, vis-à-vis du trésor public
et des marchés étatiques, ou compradore,
en tant que projection des intérêts
étrangers.
Article publié sur
Les Débats
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