Opinion
Au temps béni des coalitions
Ahmed Bensaada

Réfugiés
syriens au point de passage Peshkhabour
à Dahuk
(430 km au nord-ouest de Baghdad, Irak),
le mardi 20 août 2013
(AP / Hadi
Mizban)
Vendredi 18 décembre 2015
Depuis un quart de
siècle, le monde arabe vit au rythme des
coalitions.
Et, de coalition en
coalition, ce monde s’enfonce un peu
plus dans la régression, le chaos et la
désolation. De coalition en coalition,
ce monde n’a connu que les massacres,
les viols, les exodes et les ruines. De
coalition en coalition, le sang de
centaines de milliers d’Arabes a coulé,
abreuvant non seulement la haine des
Arabes entre eux, mais aussi entre les
Arabes et les Occidentaux.
Pourtant, de
coalition en coalition, ces mêmes
Occidentaux nous avaient promis de
semer, grâce à leurs armes sophistiquées
et leurs bombes intelligentes, aussi
bien la Démocratie, la Paix et la
Prospérité que les Droits de l’homme et
la Liberté d’expression.
Bien au contraire,
de coalition en coalition, des pays
arabes entiers se sont écroulés et la
Démocratie tant attendue a été remplacée
par une doctrine qui promeut l’art de
manger les cœurs et de couper les têtes.
Pourtant, de
coalition en coalition, les
bien-pensants nous avaient promis de
lutter contre l’axe du mal, le sanglant
djihadisme et l’horrible terrorisme.
Bien au contraire,
de coalition en coalition, de 2002 à
2014, le nombre de morts causés par des
attentats terroristes a augmenté de …
4500%!
Pourtant, de
coalition en coalition, les Grands de ce
monde nous avaient garanti un avenir
meilleur, un épanouissement culturel et
une prospérité économique.
Bien au contraire,
de coalition en coalition, le seul
avenir palpable a été celui de l’exode,
la seule culture implantée celle des
attentats-suicides, et la seule
prospérité celle des camps de réfugiés
et de la destruction du patrimoine
ancestral.
De coalition en
coalition, on a réussi à offrir au monde
arabe une saison nouvelle qu’on a
emballée dans du papier fleuri pour
faire jeune, pour faire beau, pour faire
« printemps ».
Bien au contraire,
jamais saison n’a été aussi funeste :
1,4 million de victimes (morts et
blessés), 833 milliards de dollars de
pertes et un nombre astronomique de
séquelles à tout jamais gravées dans les
corps, dans les esprits et dans les
idéaux.
De coalition en
coalition, on a vu des coalisés
s’appliquer à financer le terrorisme,
promouvoir le djihadisme et armer la
dissidence.
De coalition en
coalition, on a vu des coalisés
participer au pompage du pétrole, au
pillage des trésors archéologiques et à
la destruction des infrastructures du
monde arabe.
De coalition en
coalition, les guerres religieuses ont
été fomentées, les schismes ont été
exacerbés, l’islam a été souillé et les
musulmans ont été diabolisés.
De coalition en
coalition, des chemins de transhumance
humaine ont été ouverts à travers terre,
jusqu’à des frontières hérissés de
barbelés et à travers mers, jusqu’à une
plage où un petit enfant au chandail
rouge s’est couché, fixant le sable
mouillé, pour ne plus voir la cruauté
des humains.
Au temps béni des
coalitions, le monde arabe n’en finit
plus de saigner, n’en finit plus de
pleurer, n’en finit plus de péricliter…
Publié sur
Reporters
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