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Gaza
Rien n'a changé à Gaza
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Jeudi 16 avril 2009
Trois mois après la fin de l'agression
israélienne contre
la Bande de Gaza
qui a fait plus de 1500 morts palestiniens, des civils et des
enfants en majorité, sans oublier les blessés et la destruction
massive de l'infrastructure, des maisons, des écoles,
universités, voire des usines et des bâtiments, la situation
reste très grave à tous les niveaux, surtout au plan
humanitaire, pour plus de 1,5 milions de Gazouis qui sont
toujours enfermés, malgré la mobilisation internationale contre
les attaques israéliennes et pour leurs droits.
La vie reprend lentement dans les rues de
Gaza, qui témoignent de la barbarie de l'armée israélienne
pendant les trois semaines de l'offensive militaire contre les
femmes et les enfants. Partout à Gaza, on trouve des ruines des
maisons ou des bâtiments détruits et visés par les bombardements
israéliens.
Les Habitants de Gaza essayent de montrer
leur capacité à dépasser cette période difficile à travers une
vie plus ou moins normale, mais sur leurs visages on voit la
tristesse voire l'inquiétude d'une population qui vit toujours
sous blocus et qui est toujours enfermée dans une prison à ciel
ouvert. Les écoles, les commerces et les marchés reprennent
leurs activités, mais avec des souvenirs et des images de la
dernière attaque israélienne sur Gaza. C'est très difficile pour
ces gens d'oublier leurs morts, leurs blessés et leurs maisons
et écoles touchées par les attaques israéliennes. Les images des
bombes, missiles et chars israéliens reviennent toujours dans la
mémoire.
Trois mois ,après, rien ne semble
différent pour les Gazouis toujours à la recherche d'une
solution politique, et pas seulement humanitaire, suite à leur
résistance remarquable contre les armes de l'aviation, la marine
et la force terrestre israéliennes. Le blocus dure depuis plus
de 20 mois, les passages et les frontières avec l'extérieur sont
toujours fermés par ordre militaire israélien et les produits
alimentaires qui entrent à Gaza sont rares. Les Israéliens
ouvrent les passages commerciaux une ou deux fois par semaine
pour permettre l'entrée de quelques camions et convois
humanitaires, souvent pour les organisations internationales
comme l'UNRWA, avec cinq ou six produits seulement, en privant
la population de Gaza de beaucoup de matériaux et de produits,
tels les matériaux de reconstruction, sous prétexte que les
combattants ou les factions palestiniennes vont les utiliser
pour la fabrication des missiles et roquettes.
Les Gazouis craignent la reprise des
attaques israéliennes, puisque la communauté internationale n'a
pas joué son rôle d'imposer au gouvernement israélien l'arrêt
des combats et qu'elle ne fait pas de pressions pour qu'il lève
le blocus imposé à la population civile de Gaza depuis plus de
20 mois. Les habitants, qui sont épuisés à la fin de cette
agression israélienne, ont peur pour leurs enfants et leur
avenir. Ils espèrent avoir un gouvernement d'union nationale en
Palestine pour en finir avec la division palestinienne qui a
aggravé leur situation économique et sociale, et pour qu'ils
puissent s'occuper de la reconstruction de Gaza détruite par
l'offensive militaire israélienne.
Le seul signe d'espoir pour les
Palestiniens de Gaza, comme tous les Palestiniens en Palestine
et à l'extérieur, c'est l'éducation. Malgré la destruction de
plus de 15 écoles et le bombardement de plus de 29 écoles et
trois universités dans
la Bande de Gaza, les élèves, les étudiants et
leurs professeurs continuent de fréquenter leurs écoles et leurs
classes, en dépit de toutes les pertes et de toutes les
conséquences économiques, sociales et psychologiques. Plusieurs
cours se font sous les ruines des écoles touchées par les
bombardements israéliens, ou dans des tentes. Les élèves qui
viennent à leurs cours rendent hommage à leurs amis morts et
blessés lors de cette offensive israélienne, mais ils continuent
à lire et écrire l'espoir, l'amour et l'avenir. Ils mettent une
rose sur les tables de leurs amis perdus lors de cette guerre et
montrent leur capacité à construire leur avenir avant de
reconstruire leurs écoles et leurs classes.
Les besoins des habitants de Gaza sont la
levée du blocus, l'ouverture des passages et des frontières,
mais surtout une solution politique et pas seulement économique.
Ils ont besoin d'un changement radical, d'un Etat, de sortir de
leur prison.
A l'université, les jeunes étudiants
continuent à venir étudier, même dans des classes touchées et
visées par les bombardements israéliens. L'éducation est un
élément sacré en Palestine. Les familles encouragent leurs
enfants à avoir des diplômes supérieurs. Même si, avec le
chômage et les difficultés économiques, c'est difficile de
trouver un travail à la fin des études. L'éducation fait partie
de la résistance par la non violence, une résistance populaire,
qui montre la capacité de notre peuple à défier la situation
actuelle et affronter toutes les mesures de l'occupation qui
essaient de priver les Palestiniens de leurs droits
fondamentaux.
Les habitants de Gaza espéraient que leur
sacrifice pendant la dernière agression israélienne, ainsi que
leur résistance historique contre la barbarie de l'armée
israélienne, et surtout que les manifestations populaires
partout dans le monde allaient changer quelque chose pour eux :
la levée du blocus, l'ouverture des passages et des frontières
qui relient la Bande de Gaza à l'extérieur,
le jugement des criminels israéliens. Malheureusement, rien n’a
changé pour les Gazaouis, ils sont toujours enfermés, ils vivent
sous un blocus aveugle qui est en train de faire de plus en plus
de victimes, les malades ne pouvant aller se soigner dans les
hôpitaux israéliens et égyptiens.
Pour les Gazaouis il ne reste qu'une seule
alternative : résister sur leur terre, rester à côté des ruines
de leurs maisons détruites par les bombardements israéliens, et
surtout espérer une solution politique qui leur permettrait de
vivre une vie normale à Gaza, en Palestine.
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