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Les amis belges de Shalom Arshav

Tout se tient
Yossi Alpher


Yossi Alpher

Bitterlemons 41 - 17 novembre 2008

Comme c’est souvent le cas lorsque la question palestinienne est en cause, il est impossible d’en isoler chaque incident ou chaque dynamique. Voici environ une semaine, par son refus de se rendre au Caire, le Hamas torpilla les conversations d’unité palestinienne sous parrainage égyptien. Mais, la semaine passée également, le Hamas contribua à l’escalade de violence entre Gaza et Israël. Peut-être tentait-il par là de détourner l’attention de ses manœuvres contre l’unité palestinienne. Et le Hamas est fin prêt, semble-t-il, à faire face au terme officiel du cessez-le-feu avec Israël, le 19 décembre, tout comme à la fin annoncée du mandat présidentiel de Mahmoud Abbas, le 9 janvier. En parallèle, tout ce qui précède affecte les calculs d’Israël relatifs au Hamas et à Gaza. Et aussi les élections israéliennes, prévues pour le 10 février.

Tels sont, dans l’ensemble, les faits bruts et les échéances. La réalité stratégique va plus loin.

Tout d’abord, avec le temps qui passe, tout le monde - Israéliens, Palestiniens, Egyptiens, le reste du monde - s’est fait à l’idée de deux entités politiques ou mini-Etats palestiniens, l’un à Gaza, l’autre en Cisjordanie. Le Hamas ne peut se permettre de soutenir ouvertement une telle « solution à trois Etats. » Il risquerait de perdre son soutien populaire. Mais il ne peut non plus accepter les conditions que l’Egypte a avancées comme base pour une réunification Gaza-Cisjordanie. Après tout, elles affaiblissent son emprise sur Gaza et sur les forces de sécurité palestiniennes et elles étendent la durée du mandat d’Abbas.

D’autre part, les leaders du Hamas à Gaza s’aperçoivent vraisemblablement que ni l’Egypte, ni Israël - ni, d’ailleurs, en Cisjordanie, l’Autorité palestinienne d’Abbas- ne possèdent de stratégie praticable envers leur mini-Etat islamiste militant. Ceci leur donne de la marge de manœuvre face aux événements et aux défis externes.

L’Egypte restreint les mouvements de personnes et de biens entre Gaza et le Sinaï. Périodiquement, elle sévit contre les tunnels de contrebande à la frontière, tout comme elle réprime ses propres Frères musulmans, les « pères » du Hamas. Toutefois, elle s’entremet dans les conversations de réconciliation Hamas-Fatah, et dans celles Hamas-Israël sur les échanges de prisonniers.

Israël évite constamment l’idée d’une offensive militaire massive pour éliminer le Hamas. Mais il ne possède aucune riposte efficace contre les tirs de missiles Qassam et Grad depuis Gaza. A maintes reprises, en flagrante violation des règles élémentaires du droit humanitaire, il a eu recours à des sanctions économiques collectives contre la population de Gaza. Pourtant rien n’indique que ces mesures assouplissent le Hamas quant à sa politique de violence contre Israël, ou même son rejet radical du droit à Israël d’exister. Et les décisions d’Israël relatives à Gaza sont au moins partiellement dictées par le sort d’un unique soldat, Gilad Shalit, aux mains du Hamas.

Ce serait une erreur d’imaginer que le cessez-le-feu actuel résoudrait ces dilemmes stratégiques, ou même l’un d’eux. Au sein des establishments, tant du Hamas que d’Israël, existent de puissants lobbies prétendant que la « tahdiyeh » (trêve) est une erreur. A deux doigts du 19 décembre, l’explosion de violence de la semaine passée exprime le rejet, par chaque bord, des conditions et interprétations d’en face quant au cessez-le-feu. Elle manifeste aussi la tentative, de part et d’autre, de marquer des points.

Ainsi, l’attitude du Hamas envers les entretiens de réconciliation nationale du Caire entraine-t-elle des conséquences à long terme. Si le leadership du Hamas modifie sa position et se rend au Caire, cela reflètera vraisemblablement, non seulement l’acceptation des conditions égyptiennes favorables à l’OLP, mais aussi une disposition à prolonger le cessez-le-feu selon des modalités acceptables par Israël. Si le Hamas reste inflexible dans son refus de discuter la réconciliation selon les termes avancés par Le Caire avec le soutien de la Ligue arabe, alors, il provoquera délibérément une énième confrontation avec Israël, l’Egypte et l’OLP.

C’est ce qui se produira selon toute vraisemblance, avec le soutien de la Syrie et de l’Iran. En effet, ceux-ci pourraient chercher à attiser les tensions régionales, en vue de mettre à l’épreuve les intentions de dialogue avec eux que le nouveau Président des Etats-Unis a manifestées durant sa campagne électorale. Décidément, tout est dans tout.

Yossi Alpher est codirecteur de bitterlemons.org et bitterlemons-international.org. Il est ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic Studies » et ancien conseiller principal du Premier Ehud Barak.

Source : http://www.bitterlemons.org

Traduction Kol Shalom

Publié le 2 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de Kol Shalom.



Source :  Kol Shalom  
http://www.shalomarchav.be/...


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