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Réseau Voltaire
Haïti et l'arme
sismique
Thierry Meyssan
Parachutistes US à Haïti
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© US Department of Defense
Beyrouth, le 25 janvier 2010
La polémique ouverte par la publication sur notre site d’un
article évoquant la possible origine artificielle du tremblement
de terre à Haïti requiert quelques précisions. Oui, l’arme
sismique existe et les Etats-Unis, entre autres, la possèdent.
Oui, les forces états-uniennes étaient pré-positionnées pour se
déployer sur l’île. C’est insuffisant pour conclure, mais cela
mérite réflexion.
En publiant « Les Etats-Unis ont-ils provoqué
le tremblement de terre à Haïti ? », notre objectif était de
relayer une question qui agite les milieux militaires et
médiatiques dans plusieurs pays, mais était ignorée dans
d’autres [1].
Cela ne vaut pas prise de position. Simplement, fidèles à notre
méthode, même si elle est souvent mal comprise, nous considérons
qu’on ne peut comprendre les relations internationales qu’en
étudiant ce que pensent les dirigeants de la planète. Le
conformisme ambiant conduit à ce que lorsque nous rendons compte
des débats à Washington, personne ne s’en offusque, mais quand
nous relayons les débats des pays non-alignés, nous assistons à
une levée de boucliers en Europe. Tout se passe comme si les
Européens jugent a priori que seules les problématiques
« occidentales » sont pertinentes et que les autres sont
déraisonnables.
Un de nos collaborateurs a tenté de retracer
l’origine de l’imputation selon laquelle le tremblement de terre
à Haïti pourrait être artificiel. Il s’est inquiété qu’il puisse
s’agir d’une pure intoxication introduite par un certain David
Booth (alias Sorcha Faal) qui se serait propagée dans des
milieux gouvernementaux dans le monde. En définitive, nous ne
savons pas avec certitude qui est la source initiale, mais nous
savons que cette question est débattue au plus niveau dans
plusieurs Etats en Amérique latine, en Europe orientale et en
Asie.
En tant que responsable de publication du
Réseau Voltaire, j’ai fait le choix de rechercher et de traduire
la dépêche de ViveTV, qui avait été éditée sous forme de
communiqué sur le site web du ministère de l’Information du
Venezuela, et de la publier avec le sujet vidéo de Russia Today,
en les assortissant d’un remarque préliminaire : « Etrangement,
la télévision vénézuélienne source ses imputations en désignant
l’armée russe, tandis que la télévision russe source les mêmes
imputations en désignant le président Chavez. »
Si ces éléments ont été repris avec fidélité
par de nombreux journaux, notamment au Proche-Orient, ils ont
été déformés par la presse atlantiste en s’appuyant sur
l’article de Sorcha Faal. Celui-ci a extrait des passages du
texte de ViveTV, et les a placés entre guillemets dans la bouche
du président Chavez. Ce qui était une hypothèse de travail
devenait alors une position gouvernementale. Certains de ces
journaux sont allés plus loin encore en inventant de toutes
pièces le contexte dans lequel le président vénézuélien se
serait exprimé, de manière à conclure que le le président et son
auditoire sont atteints de délire anti-américain aigu, et que le
Réseau Voltaire participe de la même pathologie.
Ne nous laissons pas intimider par cette
manipulation et approfondissons cette hypothèse.
Que savons nous de l’arme sismique
aujourd’hui ?
Durant la Seconde Guerre mondiale des
chercheurs néo-zélandais ont tenté d’élaborer une machine à
provoquer des tsunamis qui puisse être utilisée contre le Japon.
Les travaux furent dirigés par l’Australien Thomas Leech de
l’université d’Auckland, sous le nom de code « Projet Seal ».
Plusieurs expériences à petite échelle furent réalisées, en
1944-1945, à Whangaparaoa. Elles furent couronnées de succès.
Les Etats-Unis considéraient ce programme
comme aussi prometteur que le « projet Manhattan » de
fabrication d’une bombe atomique. Ils désignèrent le docteur
Karl T. Compton pour faire la liaison entre les deux unités de
recherche. Compton était le président du MIT. Il avait déjà
recruté de nombreux savants pour l’effort de guerre et il était
l’une des huit personnes chargées de conseiller de président
Truman sur l’usage de la bombe atomique. Il pensait que celle-ci
pouvait fournir l’énergie nécessaire à l’équipe de Leech pour
provoquer de plus vastes tsunamis.
Les travaux de Thomas Leech furent poursuivis
durant la Guerre froide. En 1947, George VI éleva le savant à la
dignité de Chevalier de l’Empire britannique pour le récompenser
d’avoir élaboré une arme nouvelle. Le Projet Seal étant toujours
un secret militaire, il ne fut pas révélé à l’époque qu’il était
honoré pour la bombe à tsunami. Par la suite, les services US se
sont appliqués à faire croire que ces recherches n’avaient
jamais existé et que tout cela n’était qu’un leurre pour
impressionner les Soviétiques. Cependant, l’authenticité des
essais de Leech a été établie, en 1999, lorsque une partie de la
documentation a été déclassifiée par le ministère néo-zélandais
des Affaires étrangères. Officiellement les études ont repris
aujourd’hui à l’université de Waikato. [2]
On ignore si les recherches anglo-saxonnes
ont été poursuivies durant les années 60, mais elles ont repris
par la force des choses lorsqu’il fut décidé de procéder à
l’abandon des tests nucléaires dans l’atmosphère au profit de
tests sous-marins. Les Etats-Unis craignaient de provoquer
involontairement des tremblements de terre et des tsunamis. Ils
voulaient donc savoir le faire volontairement.
Officiellement, à la fin de la guerre du
Vietnam, les Etats-Unis et l’Union soviétique ont renoncé aux
guerres environnementales (tremblements de terre, tsunamis,
bouleversement de l’équilibre écologique d’une région,
modifications des conditions atmosphériques -nuages,
précipitations, cyclones et tornades-, modification des
conditions climatiques, des courants océaniques, de l’état de la
couche d’ozone ou de l’ionosphère) en signant la « Convention
sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de
l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins
hostiles » (1976).
Toutefois, à partir de 1975, l’URSS a ouvert
de nouvelles recherches de Magnétohydrodynamique (MHD). Il
s’agissait d’étudier la croute terrestre et de prévoir les
séismes. Les Soviétiques étudièrent la possibilité de provoquer
de petits séismes pour en éviter un grand. Ces recherches furent
bientôt militarisées. Elles aboutirent à la construction de
Pamir, la machine à tremblement de terre.
Lors du démantèlement de l’URSS, des
responsables de ce programme décidèrent par appât du gain de
passer aux Etats-Unis, mais leur recherche étant inachevée le
Pentagone refusa de payer. En 1995, alors que la Russie était
gouvernée par Boris Eltsine et l’oligarque Viktor
Tchernomyrdine, l’US Air Force recruta les chercheurs et leur
laboratoire à Nijni Novgorod. Ils y construisirent une machine
beaucoup plus puissante, Pamir 3, qui fut testée avec succès. Le
Pentagone achèta alors les hommes et le matériel et les
transporta aux USA, où ils furent intégrés au programme HAARP.
De possibles usages de l’arme sismique ont été évoqués au cours
des dernières années, notamment en Algérie et en Turquie.
Toutefois, le cas le plus discuté est celui du séisme du Sichuan
(Chine), le 12 mai 2008. Durant les 30 minutes précédant le
tremblement de terre, les habitants de la région ont observé
d’inhabituelles couleurs dans le ciel. Si certains voient dans
ces événements des signes du Ciel retirant sa confiance au Parti
communistes, d’autres les interprètent de manière plus
rationnelle. L’énergie utilisée pour provoquer le séisme aurait
également provoqué des perturbations de l’ionosphère. Dans les
mois qui suivent, le web et les médias chinois diffusent et
discutent cette hypothèse aujourd’hui considérée comme certaine
par l’opinion publique chinoise.
Retour à Haïti
Rien ne distingue un séisme provoqué d’un
séisme naturel, cependant on ne sait provoquer que des
séismes superficiels, comme celui d’Haïti.
Ce qui suscite le trouble, c’est que la
réaction des Etats-Unis. Alors que les médias atlantistes se
contentent de relayer la polémique sur les violations de la
souveraineté haïtienne, les médias latinos-américains
s’interrogent sur la rapidité du déploiement des GI’s : dès
le premier jour, plus de 10 000 soldats et contractants sont
arrivés à Haïti. Cet exploit logistique s’explique
simplement. Ces hommes étaient déjà pré-positionnés dans le
cadre d’un entraînement militaire. Sous l’autorité du
commandant en second du SouthCom, le général P. K. Keen, ils
participaient à la simulation d’une opération humanitaire, à
Haïti, après un ouragan. Keen et son équipe étaient arrivés
quelques jours auparavant. Au moment précis du tremblement
de terre, ils se trouvaient tous à l’abri, à l’ambassade US
qui est construite selon les normes anti-sismiques, à
l’exception de deux hommes qui se trouvaient à l’hôtel
Montana et qui auraient été blessés.
Le général Keen a donné de nombreuses
interviews à la presse états-unienne, qui a multiplié les
reportages et émissions à propos des opérations de secours.
Il a souvent fait mention de sa présence à Port-au-Prince
durant le séisme, mais jamais des motifs de cette présence.
Parmi les objectifs de l’exercice
militaire figurait le test d’un nouveau logiciel permettant
de coordonner les efforts humanitaires des ONG et des
armées. Dans les minutes qui ont suivi la catastrophe, ce
logiciel a été mis en ligne et 280 ONG s’y sont inscrites.
Il est légitime de se demander si ces
coïncidences sont ou non l’effet du hasard.
[1]
« Les
Etats Unis ont-ils provoqué le tremblement de terre à Haiti ? »,
Réseau Voltaire, 22 janvier 2010.
[2]
« Tsunami
bomb NZ’s devastating war secret » et « Devastating
tsunami bomb viable, say experts », par Eugene Bingham,
New Zealand Herald, 25 et 28 septembre 1999. « Experimental
bomb to create huge tidal wave was tested in 1944 » par
Kathy Marks, The Independent, 27 septembre 1999.
Thierry Meyssan, Analyste
politique français, président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for
Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique
étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage
publié :
L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).
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