Depuis 1962, une conférence
annuelle sur la sécurité rassemble à Munich des responsables
allemands et états-uniens, ainsi que de nombreux hôtes étrangers.
Cette manifestation, initialement présidée par Ewald-Heinrich
von Kleist-Schmenzin, un officier qui participa au complot du 20
juillet 1944 du comte von Stauffenberg contre le Reichsführer
Hitler, l’est aujourd’hui par Horst Teltschik, un ancien
responsable de la Fondation Bertelsmann. Celui-ci lui a donné
une nouvelle dimension, notamment en s’appuyant sur le Council
on Foreign Relations [1],
dont il est un des conseillers.
La session 2007 s’est tenue du
9 au 11 février au Bayerischer Hof. Elle a réuni environ 270
personnes. Dans le contexte d’une tension croissante entre les
États-Unis et Israël d’une part, et l’Iran d’autre part,
cette 43e conférence devait permettre de préciser les
intentions de l’Iran, le rôle de l’Union européenne et de
l’OTAN, ainsi que la position de la Russie. Elle était
intitulée « Restaurer le partenariat transatlantique »,
soulignant que l’enjeu était l’éventuelle participation
des Européens à une action contre l’Iran, après les déchirements
relatifs à l’attaque contre l’Irak.
La session fut ouverte par un dîner
de gala au cours duquel Tzipi Livni, ministre israélienne des
Affaires étrangères, prononça un discours. Les organisateurs
entendaient ainsi donner une justification morale à une
agression contre l’Iran. Sur un ton larmoyant, Mme Livni
ne cessa d’affirmer qu’aucun État plus qu’Israël ne
recherchait la paix au Grand Moyen-Orient. Plaçant son
intervention en regard de sa première visite au camp
d’extermination d’Auschwitz, elle appela les participants à
prévenir la répétition de l’horreur. Ceci étant posé,
comme une sorte de préliminaire rituel, elle présenta pendant
une vingtaine de minutes le point de vue de son pays, sans
chercher un instant la cohérence intellectuelle que l’on est
en droit d’attendre d’un responsable de ce niveau.
L’essentiel était ailleurs.
En premier lieu, Tzipi Livni
affirma que les conflits politiques ont cédé la place aux
conflits religieux, lesquels ne peuvent être résolus par la
voie diplomatique car « Les extrémistes
ne se battent pas pour défendre leurs propres droits, mais pour
priver les autres de leurs droits ». Le monde serait
donc divisé entre extrémistes religieux et religieux modérés.
Et, à l’intérieur de l’islam, entre extrémistes chiites
et modérés sunnites. Pour défendre la paix, il conviendrait
d’affaiblir les premiers et de soutenir les seconds.
Personne dans l’auditoire allemand, après ce rappel d’Auschwitz,
n’osa relever l’instrumentation néoconservatrice des
religions pour nier l’existence des conflits politiques ;
ni s’interroger sur ce nouveau manichéisme qui, après cinq
ans de propagande anti-Ben Laden, fait passer le spectre Al Qaïda
à la trappe pour élever les sunnites en bloc au titre de modérés
et précipiter tous les chiites dans l’enfer de l’extrémisme.
Poursuivant son intervention, Tzipi Livni appliqua sa grille de
lecture au Proche-Orient. On apprit ainsi que la résistance du
Hezbollah sape la souveraineté du Liban et que le Hamas ne représente
pas les aspirations des Palestiniens.
Là encore, nul n’objecta que bombarder le Liban, c’est
violer sa souveraineté, et que la coalition incluant le
Hezbollah est aujourd’hui majoritaire au Liban tandis que le
gouvernement désigné par le Hamas est majoritaire en
Palestine. La rhétorique surréaliste sur l’extrémisme
religieux n’est qu’un moyen pour disqualifier la souveraineté
des peuples.
La séance du samedi 10 février
au matin devait permettre à la chancelière allemande de poser
la question iranienne et au président de la Fédération de
Russie de lui répondre. L’auditoire s’attendait à ce que
Vladimir Poutine vitupère contre le projet états-unien de déploiement
du pseudo bouclier antimissiles en Europe orientale et contre le
projet d’indépendance de facto du Kosovo
pour mieux négocier son recul sur la question iranienne. Il
allait en être tout autrement.
Ouvrant la séance après les
salutations d’usage, la chancelière Angela Merkel [2]
expliqua sans rire que le passage des menaces symétriques de la
Guerre froide aux menaces asymétriques de la Guerre au
terrorisme rendait l’OTAN plus nécessaire que jamais. Elle déclina
les projections actuelles de l’armée allemande sur des théâtres
d’opération extérieurs, comme autant de gages de l’effort
de son pays pour maintenir l’ordre du monde : Kosovo (3
500 hommes), Afghanistan (2 300), Bosnie-Herségovine (1 800),
Djibouti (900), Soudan (900), Kenya (900), Ouganda (350), R.D.
Congo (350), Large du Liban (230), Ouzbékistan (200), Macédoine
(50), Géorgie (11). Toutes opérations qui seraient impossibles
sans coopération intergouvernementale, et en premier lieu sans
l’OTAN qui, rapella-t-elle, sert à tout, y compris à sécuriser
la coupe du monde de football. Au demeurant, il n’y a pas de
contradiction entre la construction de l’Union européenne et
le renforcement des liens transatlantiques d’autant que la Stratégie
européenne de sécurité [3],
la National Security Strategy des États-Unis [4]
et le Concept stratégique de l’OTAN sont
désormais quasi-identiques.
Abordant la question iranienne, Mme Merkel déclara :
« L’Iran a volontairement —je suis
effrayée d’avoir à le dire— et consciemment dépassé les
bornes. Je dois ajouter que nous sommes, bien sûr, contraints
de répondre aux provocations totalement inacceptables du président
iranien. Je dois d’autant plus le dire que c’est mon rôle
de chancelière d’Allemagne. Un président qui conteste le
droit d’Israël à exister, un président qui dénie l’Holocauste
ne peut espérer que l’Allemagne montrera la moindre tolérance
sur ces sujets. Nous avons appris les leçons de notre passé ».
Angela Merkel souligna alors que les sanctions contre l’Iran
devaient être discutées au sein du Conseil de sécurité de
l’ONU, donc en consultation avec la Russie, et que la position
de Moscou influencerait indiscutablement la position d’autres
pays.
Le président de séance, Horst
Teltschik, ouvrit la discussion. Il se garda bien de faire
remarquer que si l’Allemagne avait appris les leçons de son
passé, la chancelière aurait dû s’abstenir de relayer les
mensonges de la propagande atlantiste accusant à tort le président
Ahmadinejead de nier l’Holocauste et de vouloir détruire Israël [5].
Il passa la parole au ministre italien de la Défense, Arturo
Parisi. Intervenant de manière faussement spontanée pour réagir
aux propos d’Angela Merkel, M. Parisi lut un message préparé
en anglais pour apporter le soutien de son pays à la vision
allemande de la sécurité collective. Mais, allant plus loin
que la chancelière et prenant sur lui ce que la décence
l’avait empêchée de dire, il affirma que non seulement l’ONU,
mais aussi l’Union européenne et l’OTAN pouvaient « légitimer
l’usage de la force pour combattre la violence injuste et
restaurer la paix ».
Cinq participants posèrent des questions. Celle du sénateur
Joseph Lieberman n’était guère plus spontanée que celle
d’Arturo Parisi. Il interrogea la chancelière à propos du
Soudan, en évoquant la responsabilité collective de stopper un
génocide, de sorte qu’elle reprenne les thèses néoconservatrices
de l’interventionnisme démocratique. Ce qu’elle ne manqua
pas de faire.
Horst Teltschik donna la parole
à Vladimir V. Poutine [6].
D’une voix déterminée, le président de la Fédération de
Russie expliqua qu’il n’était pas venu à cette conférence
pour en congratuler les participants, mais pour débattre et
que, si son point de vue semblait inutilement polémique, le président
de séance pouvait toujours indiquer que son temps de parole était
fini.
L’auditoire se cala dans ses fauteuils. Chacun avait compris
que M. Poutine n’était pas venu négocier le lâchage de
l’Iran, mais s’apprêtait à lancer une charge avec cette
rudesse que les Russes affectionnent quant il s’agit de se
jauger.
Se payant le luxe de citer Franklin Roosevelt pour montrer que
son opposition à la politique de George W. Bush n’était pas
une aversion contre les États-Unis, le président russe
souligna que les conflits localisés menacent la paix globale.
Puis il dénonça le projet de monde unipolaire impliquant un
unique maître, un unique souverain, c’est-à-dire le
contraire de la démocratie ; un projet irréalisable car
aucun État n’en a les moyens et parce qu’il ressort de
conceptions dépassées. Portant l’estocade, Vladimir Poutine
désigna nommément les États-Unis comme « débordant
de leurs frontières nationales » et plongeant le
monde « dans un abîme de conflits
successifs » au point que « plus
personne ne se sent en sécurité ».
L’auditoire stupéfait se faisait silencieux. Quelle mouche
avait piqué le maître du Kremlin ?
Reprenant son souffle, le président russe évoqua la montée en
puissance du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine,
et le recul relatif des États-Unis et de l’Union européenne,
histoire de réveiller les Européens, de leur dire qu’ils
suivent aveuglément un Empire en déclin. Et d’ironiser sur
cet État barbare qui pratique encore la peine de mort et prétend
ne l’utiliser qu’en dernier recours, mais qui massacre allègrement
des milliers de civils au moindre différent avec un autre État.
Se tournant vers le sénateur Lieberman, Vladimir Poutine
s’offrit pour répondre à la question posée à la chancelière
Merkel : « Devons-nous rester
impassibles face à divers conflits intérieurs dans certains
pays, aux actions des régimes autoritaires, des tyrans, à la
prolifération des armes de destructions massive ? ».
« Bien sur que non », les
transformations pacifiques sont possibles et l’usage de la
force est toujours illégitime « en
l’absence d’une menace d’extermination réciproque ».
Puis, improvisant encore sans tenir compte de ses notes,
Vladimir Poutine prit a partie le ministre italien de la Défense.
Relevant la proposition selon laquelle l’OTAN ou l’Union
européenne pourraient juger de la légitimité du recours à la
force, il affirma que ce mépris exprimé pour le droit
international multiplierait les lourdes erreur et précipiterait
les Européens dans l’impasse où se trouvent déjà les États-Uniens.
Les organisateurs de cette manifestation, qui espéraient
renforcer le lien transatlantique, assistaient consternés à ce
réquisitoire, appelant les Européens, au nom de la démocratie
et de la paix, à se désolidariser du comportement
expansionniste des États-Unis.
Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, Vladimir Poutine
passa au chapitre du désarmement. Commençant par les Traités
de réduction des armes stratégiques (START et SORT), il
affirma que la Russie respectait ses engagements et demanda à
l’auditoir d’applaudir le secrétaire à la défense Robert
Gates dès que celui-ci déclarerait faire de même et ne pas
chercher à dissimuler ses stocks.
Assis au premier rang, M. Gates resta de marbre.
Poursuivant à propos du renoncement aux missiles à moyenne
portée, Valdimir Poutine releva que six pays s’en sont dotés,
dont Israël et l’Iran, et sous-entendit que les États-Unis
propagent cette technologie contraignant la Russie à la disséminer
également. Puis, il annonça sont intention de proposer un
Traité international interdisant le déploiement d’armes dans
l’espace, c’est-à-dire s’opposant au projet porté depuis
trente ans par Donald Rumsfeld et actuellement mis en œuvre par
le Pentagone. Continuant sur sa lancée, M. Poutine dénonça
le programme de « bouclier antimissiles » qui ne
peut que relancer la course aux armements. Au passage, il se
moqua des explications fantaisistes de l’administration Bush
selon laquelle l’installation d’intercepteurs en Pologne et
en République tchèque viserait à contrer des missiles
balistiques nord-coréens : les lois de la balistique ne
permettent pas d’envisager que des missiles tirés par
Pyongyang au dessus du Pacifique fassent le crochet par l’Europe
avant d’atteindre les États-Unis, au lieu de passer
directement par le Pôle Nord ! Puis, rappellant le Traité
sur les forces armées conventionnelles, il railla l’élargissement
de l’OTAN qui, tout en prétendant se préparer à lutter
contre un ennemi imaginaire, se borne à installer des « bases
légères états-uniennes avancées » pour menacer la
Russie sur ses flancs. Ainsi, violant sa parole, l’OTAN a
profité de la dissolution du Pacte de Varsovie pour menacer la
Russie, tandis que celle-ci poursuivait son désengagement
militaire dans les États de l’ex-URSS. Bref, le peuple russe
a voulu le renversement du Mur de Berlin, l’administration
Bush édifie, elle, une nouvelle ligne de démarcation en
Europe, plus à l’Est.
M. Gates devint nerveux.
Valdimir Poutine aborda son troisième chapitre :
l’hypocrisie tous azimuts de Washington. Il rappela avoir
proposé au G-8 la création de centres multinationaux de
production de combustible nucléaire, sous contrôle de l’AIEA,
qui permettraient de stopper la prolifération et de résoudre
pacifiquement le cas iranien. Il évoqua la coopération énergétique
pour noter que si certains jugent insuffisante l’ouverture du
secteur pétrolier russe au capital étranger à hauteur de 26
%, les mêmes refusent au capital russe de s’investir chez eux
à ce niveau. Il brocarda sans le nommer le Millenium Challenge [7],
le programme Bush d’aide au développement, qui « d’une
main distribue les "aides caritatives", alors que de
l’autre, il entretient l’arriération économique, mais récolte
aussi des bénéfices ». Puis, il stigmatisa l’OSCE
dont l’appareil bureaucratique a été « monté
de toutes pièces » sans lien avec les États
fondateurs, et transformé en « vulgaire
instrument au service des intérêts politiques d’un seul pays »
au moyen d’ONG soigneusement contrôlées.
Et pour conclure, Vladimir Poutine assura ceux qui exhortent la
Russie à jouer un plus grand rôle dans le concert des nations
qu’il leur faudrait maintenant souffrir d’être exaucés. Et
de terminer par cet appel d’offre : « Nous
voudrions aussi avoir affaire à des partenaires sérieux et
tout aussi indépendants avec lesquels nous pourrions travailler
à l’édification d’un monde plus démocratique et plus équitable,
tout en y garantissant la sécurité et la prospérité non
seulement des élites, mais de tous ».
Applaudissements timides des Européens effrayés à l’idée
de s’émanciper, et plus nourris des États-Uniens heureux
d’en finir avec ce calvaire.
Sans attendre, les chiens de
garde de l’Alliance posèrent une rafale de question :
quid de la démocratie en Russie, de la sécurité nucléaire,
de la guerre en Tchétchènie, des livraisons d’armes à l’Iran
et de la concentration des pouvoirs à Moscou ? Patiemment,
Vladimir Poutine se répéta et leur répondit comme il le fait
à chaque conférence de presse en Occident où ces mêmes
questions lui sont toujours posées.
L’après-midi du samedi, après
un bref hommage à l’Union européenne qui fête son
cinquantenaire, l’assistance se concentra sur le rôle de l’OTAN
en Afghanistan. Sans parvenir à masquer son irritation à
l’issue du discours du président russe, le secrétaire général
de l’OTAN présenta une sorte de rapport d’activité sur
l’engagement de l’Alliance et la mise en place d’une
cotisation des États membres. Tandis que le sénateur John
McCain s’efforçait de battre le tambour et de recruter des
troupes fraiches pour vaincre, enfin, les talibans.
Le dîner fut l’occasion d’écouter
un ennuyeux discours du président du land de Bavière et de
remettre une médaille à Javier Solana, ex-secrétaire général
de l’OTAN devenu secrétaire général de l’UE et, à ce
titre, serviteur exemplaire de l’atlantisme. Le « dialogue »
reprit le lendemain avec les intervention des ministres de la Défense
états-unien et russe , ansi que du négociateur spécial
iranien..
Manifestement, l’intervention
de Robert Gates avait été revue à la baisse. Le secrétaire
à la Défense états-unien s’appliqua à dédramatiser la
conférence plutôt qu’à répondre au président Poutine. Il
évoqua donc leur passé commun d’espion et quelques anecdotes
pour détendre l’atmosphère. Puis, il résuma sans
commentaire les développements en cours comme pour marteler que
rien ne pouvait être remis en question : l’élargissement
de l’OTAN, le déploiement du bouclier antimissiles et
l’instauration d’une cotisation financière.
À l’inverse, le secrétaire
du Conseil national de sécurité iranien, Ali Larijani, choisit
d’enfoncer le clou en ajoutant diverses considérations au
texte initialement prévu de son intervention. S’il dressa
l’historique du différent nucléaire et des paroles non
tenues des Occidentaux, il ne se priva pas de retracer aussi
l’histoire de l’impérialisme états-unien contre son pays,
du renversement de Mossadegh au financement de l’agression
irakienne, sans oublier le soutien au terrorisme massif des
Moujahidines du peuple [8].
Cependant cette intervention tant attendue était éclipsée par
le scandale de la veille.
Restait donc le discours de
Sergei Ivanov, ministre russe de la Défense. Il était peu
probable qu’il revienne sur les thèmes choisis par Vladimir
Poutine et les participants pariaient donc qu’il se
contenterait de mots de courtoisie. La délégation russe avait
au contraire décidé de donner le coup de grâce.
M. Ivanov débuta en rappelant être intervenu à la même
tribune à propos du terrorisme, avant les attentats du 11
septembre, manière de souligner que le problème n’est
nouveau que dans la rhétorique états-unienne. Puis, il nota
l’inadéquation des armées conventionnelles, et à plus forte
raison de l’OTAN, en matière d’anti-terrorisme. Enfin, il
asséna cette vérité abrupte que la seule méthode pour mettre
fin à ces pratiques est de cesser de soutenir ceux qui les
mettent en œuvre. À partir de quoi, toutes les dénégations
des Anglo-Saxons ne deviendront crédibles pour la Russie que
lorsque les terroristes réfugiés au Royaume-Uni et aux États-Unis
seront extradés [9].
C’est le seul point, insista-t-il. Il n’y en a pas
d’autres, cette intervention est close.
La charge de la délégation
russe lors de cette conférence peut être interprétée à la
fois au plan intérieur russe et au plan international. D’une
part, en affirmant son hostilité à l’OTAN, Vladimir Poutine
renforce sa popularité dans son pays, alors que se pose de manière
aiguë la question de sa succession. D’autre part, l’urgence
de la question iranienne oblige Moscou à agir sans plus
attendre.
L’efficacité de cette charge
peut être mesurée aux réactions des médias anglo-saxons.
Ceux-ci se sont abstenus de publier le détail des interventions
de MM. Poutine et Ivanov, et se sont évertués à les présenter
comme des agressions verbales contre les États-Unis et leurs
alliés. Mais les mots ont porté : les États membres de
l’Union européenne ont commencé à se déchirer au sein du
Conseil européen. D’autant que le Kremlin n’ pas tardé à
abattre une nouvelle carte : le chef d’état-major a
indiqué qu’en cas de déploiement effectif de missiles US en
Pologne, la Russie se retirerait du Traité INF et pointerait
des missiles à courte portée sur l’Europe orientale. Les
Européens se trouvent ainsi confrontés au grand racket états-unien :
l’Alliance atlantique défend l’Europe d’une menace
qu’elle créée elle-même.
Le trouble s’est installé
dans les esprits.