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Contribution de l’Islam à la
renaissance de la pensée européenne (partie 2/2)
Tahar Gaïd
Jeudi
8 novembre 2007
2 – La philosophie au présent
L’impacte de la philosophie islamique sur la
pensée moderne n’apparaît pas nécessairement à travers des
idées concrètes qui pourraient être mentionnées dans telle ou
telle œuvre d’un philosophe non-musulman. Il est néanmoins
possible de mettre l’accent sur la notion du cartésianisme
auquel se réfèrent les hommes de lettres voire des hommes
politiques, pour ne citer que ces deux cas, afin d’exposer leurs
points de vue sur un problème donné ou leur conception de
l’organisation de la vie en générale. Un bref regard sur le
travail accompli par Al-Ghazâlî nous édifiera à ce sujet.
Al-Ghazâlî adopta le doute méthodique comme
voie d’accès à la certitude philosophique. Il y traça une démarche
dont il détailla les données dans son livre « Al-Munqid
mina-d-dalâl » (Délivrance de l’erreur). Il argumenta
avec force contre les idées irraisonnées en vigueur à son époque.
Il se montra persuasif quant à la nécessité de l’autonomie de
la raison dans la recherche des connaissances humaines qu’elles
soient sensibles ou matérialisées, en y opposant le doute dès
le départ de leur minutieux examen.
Al-Ghazâlî porta le débat sur la question de la
certitude et de la croyance, sur le problème de la différenciation
entre les connaissances acquises par l’individu dans son état
d’éveil et celles exprimées dans les songes. Il développa
enfin la procédure du doute méthode, représentée sous la forme
d’un esprit du mal mystificateur ou d’un devin trompeur et
corrupteur. Il aboutit en définitif à cette certitude
philosophique que rien n’ébranle et dont l’expression se définit
par le report de la confiance sur les motivations et les impératifs
intellectuels. Il parvient de la sorte, par le biais d’une méthode
scientifique, à concilier le rationnel et le révélé.
Le doute méthodique exposé en détail par
Al-Ghazâlî eut de fortes répercussions sur la pensée de
Descartes que les historiens désignent comme étant le père de
la philosophie moderne. L’étude du « Munqid mina-d-dalâl »
du premier et le « discours de la méthode » du
second, dévoile la similitude des deux démarches.
Il est possible aussi de soulever d’autres
aspects de la philosophie d’Al-Ghazâlî qui eurent leur écho
auprès de penseurs des temps modernes. C’est le cas du principe
de causalité : Il replace le rapport de la cause à
l’effet qu’elle produit dans son réel et l’estime en tant
que relation temporelle de deux choses. Ce procédé d’analyse
se retrouve chez David Hume. Ce fut la remarque faite en 1852 par
Renan dans son livre intitulé « Averroès » :
« Hume, dit-il, n’a rien apporté de plus qu’Al-Ghazâlî
dans la critique du principe de causalité.
Il est encore possible d’élargir la bénéfique
comparaison entre les philosophes musulmans et les philosophes
européens. Ce fut Spinoza qui subit l’ascendant de la pensée
islamique, soit directement, soit par la voie d’Ibn Maynûn ou
Maïmonide (1135–1204). De religion judaïque, celui-ci,
s’imprégna fortement de la philosophie musulmane en terre d’Islam,
comme l’atteste d’ailleurs son œuvre maîtresse « Le
guide des égarés ».
Il convient d’ajouter le groupe des Ikhwân aç-çafâ
qui se constitua au Xème siècle à Bassorah, en Irak, Ils
offrirent au monde une monumentale encyclopédie où figurent
toutes les branches de la connaissance humaine. Ils comptent au
nombre des guides du siècle de la Renaissance du XVIIIème en
France.
L’époque contemporaine se constitue en un
espace plus ou moins stérile qui ne prépare pas loyalement la
poursuite du débat entre les cultures et les civilisations. Elle
renferme un danger qui ne cerne pas une culture donnée mais qui
enveloppe toute l’humanité. Il est de l’intérêt des
penseurs et des hommes politiques musulmans et ceux de l’Occident
d’accroître leurs efforts pour se connaître d’une manière
objective, équitable et sans complexe. C’est ainsi qu’il sera
aisé de mettre sérieusement en branle la machine du dialogue
entre les cultures.
Contribution de l’Islam
à la renaissance de la pensée européenne (partie1/2)
Tahar Gaïd est né le 22 octobre 1929 à
Timengache, Beni Yala (Wilaya de Sétif). Après des études aux médersas
de Constantine et d’Alger, il exerce la fonction d’enseignant
à Tighanif, près de Mascara, puis à Alger.
Militant du PPA/MTLD, il participe à la lutte
pour la libération nationale. Il prend l’initiative
d’organiser des cellules FLN à Tihganif, anciennement Palikao.
Arrêté en mai 1956, il est détenu pendant six années consécutives
dans les prisons et les camps d’internements en Algérie.
Dès 1963, il opte pour la carrière diplomatique
en qualité d’ambassadeur dans plusieurs pays africains. En
1978, il cesse toute activité administrative.
A partir de 1980, il se consacre dès lors aux
aspects théoriques et pratiques de l’Islam. Il se signale par
la publication du Dictionnaire élémentaires de l’Islam (OPU).
Il est aussi l’auteur d’autres livres dont Réalités
universselles de l’Islam( OPU ) et Religion et Politique en
Islam (aux éditions Bouchene)
Parallèlement à ces écrits, il publie à L’OPU
un lexique philosophique arabe-français et français-arabe.
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Publié le 9 novembre 2007 avec l'aimable autorisation d'Oumma.com
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