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El Watan
USA-Proche-orient :
Un échec aux graves conséquences
T. Hocine
George Mitchell
Mardi 22 septembre 2009
George Mitchell a appelé Palestiniens et Israéliens à « prendre
leurs responsabilités » alors même que les causes de l’échec de
sa mission sont connues. Quel est le rapport entre celui que
vient d’établir le chef de la mission d’enquête de l’ONU sur les
crimes israéliens, et celui que l’émissaire américain pour le
Proche-Orient s’apprête à adresser à ses responsables ? Deux
sujets séparés, mais également proches par leur thématique, et
le président américain a relevé dans un de ses discours à quel
point était grande l’injustice faite au peuple palestinien. Là
est l’élément commun puisqu’il faut remonter à cette injustice
pour en établir les causes qui tiennent en un seul mot,
l’occupation. Une occupation israélienne pour bien la définir,
et rappeler qu’elle n’aurait jamais pu être possible sans
l’appui multiforme apporté à Israël, jusque et y compris dans le
domaine militaire largement utilisé contre les Palestiniens. Et
il en est qui s’en prennent à l’émissaire onusien, le magistrat
sud-africain dont la compétence a été pourtant louée quand il
s’agissait de juger les criminels yougoslaves et rwandais.
Richard Goldstone a touché le fond de la question, et dit tout
haut et de manière solennelle, ce que l’opinion internationale
sait d’Israël, un Etat criminel, et capable de toutes les
sauvageries.
Mais-dira t-on et en dépit de mises en garde antérieures
justement sur l’écart existant entre les forces en présence et
sur la nature non conventionnelle du conflit palestinien, il
s’est laissé aller à un certain équilibrisme en laissant
entendre que les Palestiniens ont eux aussi commis des crimes de
guerre, alors que leurs moyens sont dérisoires, et qu’en fin de
compte, ils sont en droit de se défendre, puisque privés de
leurs droits les plus élémentaires, en raison de l’obstruction
israélienne dont est également victime la diplomatie américaine
qui entend relancer le processus de paix au Proche-Orient.
Effectivement, l’émissaire américain George Mitchell est rentré
bredouille de ses entretiens avec les dirigeants israéliens,
sans être parvenu à obtenir un accord sur un gel de la
colonisation juive et une reprise du dialogue
israélo-palestinien. Au terme d’une nouvelle mission de quatre
jours dans la région, M. Mitchell a discrètement quitté Israël
sans faire la moindre annonce, après un ultime entretien avec le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ont rapporté les
médias israéliens.
Selon ces médias, l’envoyé spécial américain pour le
Proche-Orient, qui a multiplié ces dernières 48 heures les
navettes entre M. Netanyahu et le président palestinien Mahmoud
Abbas à Ramallah (Cisjordanie), n’a pas réussi à convaincre le
dirigeant israélien de lâcher du lest sur les colonies. Et là se
pose un point de droit, et même les choses sont appelées par
leur nom, colonisation. En d’autres circonstances, il n’y a
jamais eu une quelconque négociation, et les occupants étaient
chassés par la force. Israël est-il nécessaire de le rappeler
occupe par la force des territoires, et refuse de les restituer.
Les efforts de M. Mitchell pour favoriser la relance des
négociations de paix achoppent justement sur le refus des
Israéliens d’arrêter la colonisation en Cisjordanie occupée. Un
défi lancé à la face du monde. Les Palestiniens réclament un gel
complet des constructions. « Le sénateur Mitchell nous a
informés n’être pas parvenu à un accord avec les Israéliens sur
un arrêt de la colonisation », a déclaré à la presse le
négociateur palestinien en chef Saëb Erakat, à l’issue de la
rencontre entre l’émissaire américain et M. Abbas à Ramallah.
« Le président (Abbas) a fait savoir au sénateur Mitchell que la
question de l’arrêt de la colonisation ne saurait faire l’objet
de compromis », a insisté M. Erakat.
Les consultations de M. Mitchell pour débloquer l’impasse
devaient toutefois se poursuivre à New York, où MM. Abbas et
Netanyahu doivent assister la semaine prochaine à l’Assemblée
générale de l’ONU. « Nous espérons qu’un accord global sur
toutes les questions pourra être trouvé. Le sénateur Mitchell
déploie tous les efforts nécessaires à cette fin », a expliqué
le négociateur palestinien. Le sénateur Mitchell s’efforce
d’arracher un accord sur la colonisation afin d’ouvrir la voie à
un sommet tripartite la semaine prochaine à New York entre
MM. Netanyahu, Abbas et le président Barack Obama, en marge de
l’Assemblée générale de l’ONU. Un tel sommet permettrait de
relancer les pourparlers de paix suspendus depuis l’agression
israélienne contre la bande de Ghaza (décembre 2008-janvier
2009). « Les négociations ne reprendront pas tant que la
colonisation n’est pas arrêtée », a répété M. Erakat. Mais après
le départ de M. Mitchell, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès
de l’ONU, Susan Rice, a dit vendredi ne pas être en mesure
d’annoncer un sommet tripartite à New York.
L’émissaire « Mitchell est rentré aux Etats-Unis », a pour sa
part indiqué le porte-parole du département d’Etat Ian Kelly.
« Naturellement, nous espérions une percée » dans les
discussions, a-t-il ajouté. Et aveu d’échec ou annonce de fin de
mission comme il l’avait fait une première fois en 2000 quand il
n’avait pas réussi à faire accepter par Israël le gel de la
colonisation dans le cadre de mesures dites de confiance,
l’émissaire américain a appelé jeudi les protagonistes du
conflit israélo-palestinien à « prendre leurs responsabilités »
afin de permettre la reprise du processus de paix. Cela veut
dire quoi au juste, un retrait américain du processus de paix ?
C’est exactement ce que voulait Benjamin Netanyahu qui appelait
les Américains à laisser seuls face à face, Palestiniens et
Israéliens. Un autre espoir disparaîtra. Comme tant d’autres. Ce
sera alors la guerre encore et toujours.
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