Syrie
L'impasse
occidentale en Syrie...
Soraya Hélou
Mardi 27 août 2013
S'il faut en croire le très sérieux
bulletin américain Foreign Policy, les
Etats-Unis avaient encouragé, sinon
plus, l'ancien dictateur irakien Saddam
Hussein dans sa volonté d'utiliser des
armes chimiques dans sa guerre contre
l'Iran, dans les années 80. Plus de
vingt ans plus tard, les Américains ont
lancé une guerre contre ce même
dictateur Saddam Hussein à cause de sa
prétendue possession d'armes de
destruction massive et ont fait chuter
son régime, au prix d'une guerre
coûteuse pour eux et terrible pour
l'Irak qui continue aujourd'hui encore à
en subir les effets. Malgré cela, ils
comptent récidiver en Syrie dans une
volonté affichée de condamner la
prétendue utilisation du régime d'armes
chimiques contre les opposants, et
oubliant totalement ce qu'ils avaient
fait dans les années 80.
C'est dire en réalité que l'argument
brandi par les Etats-Unis et l'Occident
en général de l'utilisation d'armes
chimiques par le régime pour justifier
des frappes contre lui, sans même un
mandat de l'Onu ne tient pas la route.
Il montre simplement l'état de désespoir
dans lequel se trouve l'Occident face à
la situation sur le terrain en Syrie,
deux ans et demie après le déclenchement
de la guerre. Si on remonte en effet un
peu dans le temps, on se souvient
comment sur la base des informations
fournies par les services de
renseignements trucs, l'Occident,
France, Grande Bretagne et Etats-Unis en
tête, pensaient que le régime syrien ne
tiendrait pas plus de trois mois et
qu'ils pourraient rapidement se
débarrasser de lui et mettre à sa place
soit leurs marionnettes, soit un chaos
rassurant pour «Israël». De promesses en
promesses et d'échéances en échéances,
le régime syrien tient encore le coup et
même plus, le rapport des forces sur le
terrain est en sa faveur, en dépit de
toute l'aide fournie aux opposants,
toutes tendances confondues. Plus même,
à plusieurs reprises, la communauté
internationale avait misé sur des
offensives bien préparées et pour
frapper un coup fort contre le régime
qui s'étaient toutes soldées par un
échec, la dernière en date étant
l'offensive via la Jordanie, préparée
avec l'aide des GI américains présents
en Jordanie et même avec l'aide
d'officiers du Mossad. Ayant eu vent de
ce qui se tramait, le régime a lancé une
opération préventive à Ghouta qui a
déjoué les plans de l'opposition et de
ses parrains. Comme il avait fait sa
contre-offensive dans le rif de
Lattaquié. Tout cela pour dire que le
tollé occidental actuel est
essentiellement le reflet de l'embarras
dans lequel se trouve la communauté
occidentale après les échecs successifs
de ses paris sur l'opposition syrienne,
aidée tantôt par le Qatar et la Turquie
et tantôt par l'Arabie saoudite et un
peu la Jordanie.
Un diplomate européen en visite à
Beyrouth révèle à cet égard que les pays
occidentaux ne savent plus quoi faire
pour affaiblir le régime syrien. Toutes
les tentatives de renforcer l'Armée
libre de Syrie et d'unifier la coalition
nationale ont jusqu'à présent échoué.
D'autant que sur le terrain, ce sont les
takfiristes qui sont devenus les plus
efficaces. Ce diplomate reconnaît que
les takfiristes sont un danger pour la
Syrie, pour l'opposition et même pour
les pays occidentaux, puisque plusieurs
citoyens occidentaux combattent en Syrie
avec ces groupes extrémistes. Il n'est
donc pas question de les appuyer. Mais
en même temps, il n'est pas question
d'accepter une victoire du régime
syrien. Le diplomate européen reconnaît
que c'est bien l'Occident qui ne veut
pas de la tenue de la conférence de
Genève 2 tant que le rapport des forces
est en faveur du régime. Dans ces
conditions, quelle est l'alternative ?
Le diplomate répond qu'il y a
actuellement des efforts pour armer
encore plus l'Armée libre de Syrie du
général Sélim Idriss, dans l'espoir
qu'elle puisse reprendre l'initiative
sur le terrain. Sinon, l'Occident
pourrait songer sérieusement à lancer
des frappes aériennes ponctuelles dans
le style des bombardements américains
contre la Serbie et le Kosovo en 1998.
L'objectif de ces frappes serait
d'affaiblir le régime et de lui porter à
la fois un coup moral et matériel qui
faciliterait la tenue de la conférence
de Genève sur la base du départ du
président syrien. Sinon, affirme ce
diplomate, la guerre devra se prolonger
car il n'est pas question pour
l'Occident d'accepter une défaite...Tant
pis si, à cause de cela, les morts
innocents vont continuer à tomber en
Syrie et le sang va continuer à couler
dans des circonstances atroces du fait
des takfiristes. L'Occident si soucieux
en paroles des droits de l'homme dénie
aux Syriens le droit le plus élémentaire
qui est celui de la vie. A l'autel de
ses intérêts, l'Occident est prêt à
sacrifier toute la planète, sauf
lui...Une leçon pour qui avait encore
des doutes sur les motivations réelles
des Etats-Unis et de leurs alliés.
Source : French.alahednews
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