M. Abou Habel (*) qui
réside dans le camp de réfugiés de Jabaliah, tout proche de
la frontière nord de Gaza, témoigne depuis l’endroit où il
se trouve, traqué avec sa famille, et d’autres familles, qui
ont cherché à s’éloigner des bombardements.
« C’est terrible. Nous
sommes terrorisés. Nous craignons pour nos femmes et nos
enfants. Nous n’avons nulle part où aller pour tenter
d’échapper aux bombardements qui menacent chaque maison. Les
enfants sont en état de choc. On ne peut plus trouver de
sécurité nulle part.
Les bombardiers frappent
n’importe où ; ils sont devenus comme fous. Ils frappent des
fermes, des immeubles, des chantiers. Ils sont devenus fous
car ils n’arrivent pas à savoir d’où partent les tirs de
roquettes.
Marcher simplement dans
la rue est devenu un danger mortel ; des gens qui sont
sortis se sont fait tuer. On ne sort plus.
Nous espérons
qu’au-dehors, les gens comprennent ce que nous subissons
ici. C’est effroyable ! Ce n’est pas une vie. Tout le monde
ici est prêt à mourir plutôt que de vivre dans ces
conditions.
Ici, tout le monde
soutien les tirs de roquettes de la résistance. Pourquoi
devrions-nous être les seuls à vivre dans la peur ? Les gens
se disent que ceux qui nous terrorisent doivent connaitre
eux aussi ce que cela veut dire de vivre dans l’effroi.
Les Israéliens n’ont eu
qu’un soldat tué. S’ils envahissent Gaza, ils vont certes
massacrer encore beaucoup plus de familles qui vivent
traquées comme nous dans leurs maisons. Mais ils vont aussi
subir des pertes. J’espère qu’ils n’entrent pas. Mais si
jamais ils entrent, je suis persuadé qu’ils vont perdre
beaucoup de soldats.
Les seuls qui sont contre
les tirs de roquettes sont ces gens liés au parti Fatah
d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas). Ils s’emploient maintenant à
causer des problèmes supplémentaires à la population. Ils
pensent qu’en ce moment le Hamas est affaibli et que,
aggraver la situation, aidera le Fatah a le faire tomber.
Comme cela, on a les
bombardiers israéliens au-dessus de nos têtes et, au sol,
une poignée de partisans du Fatah qui collaborent avec
Israël pour ajouter à l’effroi. Ils ont déjà brûlé cinq
voitures dans le nord de Gaza ces jours-ci. Nous savons que
ce sont eux, car des gens qui les ont vus mettre le feu les
ont identifiés. Nous savons qu’ils cherchent à kidnapper des
membres du Hamas ; comme cela s’est passé lundi au centre de
Gaza où, après avoir enlevé un membre du Hamas, ils ont jeté
son cadavre dans la rue.
Vous avez entendu ce
bombardement ? Ils ont attaqué plus loin. »
(Je
n’ai pas entendu le bruit du bombardement, mais les
hurlements des femmes et des enfants effrayés qui le
couvraient ; et cela m’a brisé le cœur).
Propos recueillis par Silvia Cattori
(*) M. Abou Habel, 39
ans, n’est pas membre du Hamas. Manager dans un hôtel, il a
également travaillé comme interprète et conseiller pour des
journalistes étrangers en reportage à Gaza. Depuis qu’Israël
a bouclé l’entrée de Gaza, en 2006, il n’a plus de travail.
Comme tout Palestinien, soumis à la cruauté des bouclages,
des privations, des destructions et des massacres, il se
dévoue aujourd’hui avec confiance et courage à apporter aide
et réconfort à plus démuni que lui.