Les va-t-en guerre se sont
appuyés sur des attentats isolés, aux origines mal élucidées,
pour incriminer tout à la fois, Oussama Ben Laden, Saddam
Hussein, les Palestiniens, les « musulmans » en général, et
influer sur notre perception [1].
Pour justifier leurs guerres
unilatérales, et légaliser, sous le masque d’une « guerre
mondiale au terrorisme », leurs violations des droits des
peuples et du droit international, il leur fallait commencer par
mentir et fabriquer un ennemi.
Est-il besoin de rappeler
que, avant d’envahir l’Irak en 2003, l’administration Bush avait
présenté de faux documents de façon à accréditer la possession
d’« armes de destruction massive » par le Président Saddam
Hussein et une responsabilité irakienne dans les attentats du 11
septembre 2001 ?
Cette falsification
monstrueuse n’était que l’un des innombrables mensonges répandus
pour entraîner le monde entier dans des guerres criminelles à
répétition.
Depuis 2005, grâce à
l’enquête confiée par le Conseil de l’Europe au sénateur suisse
Dick Marty [2],
nous savons comment, dans le cadre de cette prétendue « guerre
au terrorisme », les officiers de la CIA et du FBI ont fait
transférer dans des prisons secrètes, pour y être sauvagement
torturés, nombre de musulmans kidnappés au hasard. Nous savons
également comment des pays européens ont étroitement participé à
ces activités, contraires aux principes fondamentaux dont ils se
réclament. [3]
Mais nous sommes très loin
d’imaginer toute la mesure dans laquelle ces pouvoirs se servent
de journalistes et d’agences de « relations publiques » [4]
pour répandre la peur de façon à imposer une fausse perception
des choses.
« On est dans
un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans
une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente (…)
Il n’y a aucune raison d’avoir peur de l’Islam »
répondait l’intellectuel français Emmanuel Todd au journaliste
qui lui demandait s’il n’avait pas "peur des musulmans". [5]
Pourtant, en Occident, cette
peur des musulmans est bien là, palpable.
Il a suffi aux idéologues,
adeptes du « choc des civilisations », d’associer l’Islam au
« terrorisme », le port du voile au « fanatisme », pour
distiller insidieusement un sentiment d’insécurité et créer un
profond rejet contre cette religion. On doit malheureusement
constater que la majorité des grands médias ont fait largement
écho à leurs arguments racistes – délibérément ou par ignorance
– contribuant ainsi à amplifier cette vaste intoxication.
Nous en sommes les témoins
directs. Des journalistes, des journaux à grand tirage, des
présentateurs télévisés, ont abusé de manière stupéfiante de
leur position.
Chacun de nous peut se
souvenir de tel ou tel commentateur, ou envoyé spécial en Irak
ou en Palestine, qualifiant de « terroristes » ceux qui se
dressaient contre l’envahisseur, alors qu’il s’agissait de
résistants. Ou encore de tel autre journaliste faisant
systématiquement passer des idées grotesques, sur le voile et la
« charia » (la loi musulmane), pour entretenir l’impression que
les musulmans « ne sont pas comme nous »,
n’acceptent pas « nos » valeurs, saisissant
toute occasion de les associer au « fanatisme »,
à l’« arriération », à l’« oppression »
de la femme [6].
Sans ces féroces campagnes de
dénigrement de la culture et des traditions de la société arabe,
le développement des préjugés islamophobes n’aurait jamais pu
prendre une telle dimension. Et l’indifférence des gens demeurer
si totale, malgré les images insoutenables de détenus torturés,
ou de civils déchiquetés par les bombardements, en Palestine, au
Liban, en Irak, en Afghanistan.
Il faut appeler les choses
par leur nom. Ce qui nous a été présenté comme une guerre pour
« restaurer la loi et la sécurité », était
ni plus ni moins une guerre islamophobe. Une guerre totalement
instrumentalisée par des intervenants dévoués à la défense des
intérêts d’Israël au Moyen Orient avant tout.
Dans des pays comme la Suisse
ou l’Italie, par exemple, où l’on n’avait jamais connu
d’attentats pouvant être attribués à des Arabes ou à des
musulmans, des personnes qui n’avaient rien à se reprocher, ont
été ciblées en raison de leur appartenance religieuse. Et – dans
tous les milieux sociopolitiques – dès les années 2000 surtout,
les gens ont commencé à regarder avec de plus en plus de
méfiance les femmes portant le foulard et les fidèles qui
fréquentaient les mosquées.
Cette criminalisation,
consciente ou non, d’une population importante (l’Union
européenne compte 15 millions de musulmans), avait une
motivation éminemment politique. Elle devait préparer l’opinion
publique à adhérer à la guerre ou à l’accepter.
La criminalisation des
musulmans a servi à cela : à conditionner l’opinion pour que nul
n’aille s’apitoyer sur les souffrances que nos « défenseurs
des libertés » leur faisaient endurer ; et aussi à préserver
les criminels étatiques de toute critique.
Cette politique cynique, à
laquelle des journalistes asservis ont indéniablement contribué,
porte un nom : « stratégie de la tension ».
Une stratégie qui consiste à cibler et dénigrer des citoyens
ordinaires, -ici des musulmans respectueux des lois- à les
accuser de choses absurdes et, le moment venu, à leur attribuer
les provocations ou les attentats que des agents clandestins
étatiques ont préparés à cet effet, ou – et cela se produit plus
souvent qu’on ne l’imagine- ont parfois eux-mêmes perpétrés.
Ce n’est pas une fiction.
Dans un ouvrage intitulé « Les armées secrètes de l’OTAN » [7],
l’historien suisse Daniele Ganser a montré comment, durant la
« guerre froide », les Etats-Unis, et leurs alliés européens, se
sont servis d’un réseau clandestin formé par l’OTAN, en
association avec la CIA, appelé « Gladio »,
pour fomenter des attentats meurtriers et ensuite les attribuer
aux communistes. Vincenzo Vinciguerra, qui a participé à la
préparation de ces attentats à la bombe contre des innocents, a
confirmé par la suite que le but recherché par ces massacres
était de provoquer la panique et de pousser les autorités vers
un régime autoritaire.
Aujourd’hui, les mêmes
manipulations ne sont-elles pas toujours à l’œuvre, à notre
insu ?
Mais, cette fois, les
manipulateurs étatiques ne ciblent plus les gauchistes et les
communistes, comme durant les années 60-80 ; ils ciblent les
Arabes et les musulmans. Chaque attentat est tout de suite mis à
profit par ces « spécialistes du terrorisme »,
appelés à les commenter et les expliquer, pour relancer le débat
et accroître la méfiance vis-à-vis de l’Islam.
Il n’y a, en général, aucune
réaction pour contester l’arbitraire et les falsifications. [8]
Il est donc d’autant plus aisé, de répandre des fausses
nouvelles, que les médias traditionnels ne montrent aucune
propension à aller enquêter, comme il se devrait, pour vérifier
si les versions officielles sont plausibles. [9]
Les citoyens, pris dans la
désinformation, sont loin de s’imaginer que leurs autorités,
aidées par le quatrième pouvoir, pourraient tremper, de près ou
de loin, dans la mise en place de stratégies contraires à leur
intérêt, et on les comprend.
Mais, aujourd’hui, quelque
chose est en train de changer : les victimes commencent à sortir
la tête de l’eau et à parler [10].
Et, pour certaines d’entre elles, à exprimer leur amertume
vis-à-vis de ces journalistes et journaux qui ont été à
l’origine de leur descente aux enfers. Il est urgent de les
écouter. Et de lever le voile sur cette sombre période.
Les deux exemples qui suivent
concernent des personnalités très différentes, mais qui ont une
chose en commun : ils ont été l’objet d’accusations, aussi
infondées que dévastatrices, de la part de médias clairement
orientés.
Les
mensonges qui tuent : le cas de Youssef Nada.
M. Nada, ingénieur et
banquier italien d’origine égyptienne, est une des victimes de
ces campagnes médiatiques mensongères. Suite aux accusations
d’une poignée de journalistes, il a été inscrit sur la liste
noire de l’ONU. Bien que son innocence ait été confirmée par les
tribunaux, ses biens restent gelés et il demeure, depuis 2001,
assigné à résidence dans la minuscule enclave de Campione d’Italia. [11]
Il dirigeait une société
bancaire florissante dans la ville suisse de Lugano, quand un
article de Guido Olimpio, paru sur le « Corriere
della Sera » [12],
l’a brutalement frappé. Le journaliste l’accusait alors de
financer le groupe palestinien du Hamas. Groupe que l’occupant
israélien considérait comme « terroriste » et visait à faire
cataloguer comme tel par les pays occidentaux.
C’était en 1997. Ce qui
confirme que la stratégie de criminalisation était déjà à
l’œuvre bien avant les attentats du 11 septembre 2001.
L’accusation formulée contre lui a eu des conséquences
terriblement lourdes. Bien qu’elle ait été dûment démentie, elle
a été reprise sans vérification par d’autres journalistes et a
ainsi continué à faire les grands titres de la presse
internationale [13].
Pour finir par se transformer en « vérité ».
Le doute et l’opprobre jeté
sur M. Nada a permis, dans un premier temps, de stigmatiser cet
éminent opposant politique au régime dictatorial du Président
Moubarak (un allié des Etats-Unis et d’Israël) et de discréditer
l’association des Frères musulmans, dont M. Nada est également
une des personnalités les plus respectées.
Dans un second temps, les
accusations du "Corriere della Sera" ont
permis au FBI de désigner M. Nada lors des attentats du 11
septembre et de faire de lui un coupable.
C’est ainsi que, le 7
novembre 2001, M. Nada a sursauté en entendant le Président des
Etats Unis en personne dire, sur une chaîne télévisée, que la
société Al Taqwa, qu’il dirigeait à Lugano, était le principal
pourvoyeur de fonds d’Oussama Ben Laden.
Sur quelle preuve M. Bush
pouvait-il bien fonder une si énorme accusation ? Le seul
élément jamais présenté par le FBI, aux autorités suisses, reste
l’article du « Corriere della Sera » écrit
par Guido Olimpio en 1997.
Ce qui aurait pu ne rester
qu’une accusation sans fondement, était devenu une « vérité »
officielle planétaire permettant de légitimer des sanctions
illégales et des guerres.
Cette fois ce n’était pas
seulement avec le mouvement palestinien Hamas que M. Nada était
accolé ; mais avec le « diable » en personne ! Oussama Ben
Laden ! Cette fois M. Nada était brûlé.
Comme il le dit lui-même,
dans le film que lui a consacré Andrea Canetta : « Calomnier
quelqu’un de mon âge revient à le tuer avant qu’il ne meure. Ils
m’ont assassiné. Le fait que je me tienne debout devant vous ne
signifie pas que je sois vivant, Ils m’ont tué, moi et ma
famille, ma réputation. Ils ont détruit tout ce que j’avais
construit au cours de ma vie » [14].
Basé sur un pur mensonge, un
engrenage kafkaïen venait de se mettre en place. Depuis sept
ans, M. Nada en est réduit à se battre devant les tribunaux et
devant l’opinion publique pour que justice lui soit enfin
rendue.
Le mal est fait. Même si,
demain, justice lui était rendue, sa vie a déjà été massacrée.
Le cas
de Kassim Britel.
C’est une autre histoire
horrifiante. Elle concerne cet Italien d’origine marocaine,
victime, comme des milliers d’autres musulmans, d’une de ces
opérations criminelle de la CIA appelées « extraordinary
renditions ».
M. Kassim Britel voyageait au
Pakistan quand, le 10 mars 2002, il a été enlevé par les
Services de renseignement pakistanais. Il a été torturé, puis
« vendu », oui vendu, aux officiers du FBI et de la CIA [15].
Ces derniers l’ont torturé à leur tour et lui ont promis argent
et liberté s’il acceptait d’espionner des musulmans. Comme il a
refusé, ils l’ont livré aux Services secrets marocains afin
qu’ils l’interrogent et le torturent encore. Il est toujours
dans leurs mains à ce jour, alors même que son innocence a été
démontrée, et malgré la pressante invitation au gouvernement
italien, contenue dans la Résolution du Parlement européen sur
les « vols secrets de la CIA », pour que l’Italie « fasse
des pas concrets pour sa libération ».
Ici aussi, il y a une famille
traumatisée par la manière avec laquelle on a transformé un
mari, un fils, un frère, en « criminel ». Ici aussi ce sont les
accusations, jamais prouvées, d’un journaliste qui ont été,
semble-t-il à l’origine de la diabolisation de la victime.
Son épouse raconte son
calvaire d’une voix douce. « Mon époux a été
calomnié d’une manière très lourde par quelques journalistes
qui, semble-t-il, diffusent ce que veulent les services secrets ».
Raison pour laquelle Mme Britel a ouvert une action en justice
contre les quotidiens italiens, « Il Corriere della Sera » et
« Libero ».
« Déjà en
2001, quatre mois avant que mon mari ne soit enlevé illégalement
et remis à des agents de la CIA au Pakistan, Guido Olimpio avait
écrit un article dans lequel il le présentait comme un dangereux
terroriste. J’étais très en colère. Il disait qu’il était
toujours en voyage, qu’il était membre d’un réseau terroriste
islamiste, qu’il fournissait de faux papiers d’identité, que nos
noms et adresses avaient été trouvés à Kaboul, et que, sous
couvert d’une vie anonyme et tranquille, il disparaissait
périodiquement. Il parlait de passeports vierges volés dans
notre ville, de sa prétendue appartenance au « Groupe salafiste
pour la prédication et le combat, associé à Oussama Ben Laden ».
Ce n’étaient que de pures
inventions ! Mon mari menait une vie normale. Comment un journal
peut-il accepter que l’on invente des choses pareilles dans un
pays civilisé ? Je n’arrivais plus à raisonner. Je me disais :
regarde ce qu’ils nous ont fait ! Tout cela a détruit notre
famille. Ils veulent m’incriminer moi aussi parce que je défends
mon époux, parce que je porte le foulard.
Le journaliste ne présentait
jamais aucune preuve justifiant le contenu de ses dénonciations.
En le lisant, je me disais qu’il ne parlait pas de mon mari, que
tout cela était absurde, qu’il parlait de quelqu’un d’autre,
qu’il inventait ces choses pour faire le portrait de celui qu’il
voulait faire passer pour un « terroriste dormant ». Tout ce
qu’il disait n’avait rien à voir avec la réalité. C’étaient des
affirmations gratuites qui ne reposaient sur rien. Malgré cela,
il est revenu à la charge plusieurs fois pour dire des mensonges
présentés comme de graves révélations mettant en cause mon mari.
C’est dans le contexte
délétère de la radicalisation raciste ayant suivi les attentats
du 11 septembre, que le « Corriere della Sera », a édité à 2
millions d’exemplaires le pamphlet islamophobe d’Oriana Fallaci
« La rabbia e l’orgoglio » [16]
[La Rage et l’Orgueil] qui qualifiait l’Islam de « nazifascisme »
et appelait à la haine contre les musulmans.
Je me rappelle que, le 19
novembre 2001, j’ai trouvé une foule de journalistes qui
m’attendaient sur mon lieu de travail. Et que, les 20 et 21
novembre, il y a eu une dizaine d’articles. Les plus lourdement
accusateurs étaient ceux du "Corriere della Sera". [17].
Les gens que je rencontrais me disaient « Tu as lu le titre du
Corriere ? ».
Quand je lisais ces choses,
cela me tombait dessus. Même si je voulais réagir, je ne pouvais
pas. J’étais paralysée. J’ai dû m’enfuir de ma maison.
J’ai écrit au Président, aux
ministres. Depuis des années je demande justice. Le fait qu’il
soit innocent n’a pas servi à rendre à Kassim sa liberté et à
lui restituer son honneur. Sa vie est en péril. Je suis fatiguée
et indignée. Nous sommes des citoyens sans droits.
Quand, suite à ma
dénonciation pénale, Guido Olimpio a été convoqué et interrogé
par la police judiciaire il a déclaré : « Les informations
proviennent de divers organes du Renseignement italien et aussi
étrangers par voie confidentielle ». Etait-ce une manière de ne
pas avouer qu’il avait menti du début à la fin ?
Je tiens
à souligner que le rôle du gouvernement Berlusconi et de ses
Services secrets – alors dirigés alors par Franco Frattini [18]
- est fondamental dans cette affaire. Ils étaient au courant de
l’arrestation de mon mari et de ce qu’il subissait, et ils ne me
le disaient pas. Les polices collaboraient avec les services de
la CIA, du Pakistan et du Maroc, en dehors du cadre légal, comme
cela est démontré dans les actes de l’enquête italienne, fermée
et archivée en septembre 2006 ».
Pourquoi ont-ils agi ainsi ?
« Il y a un
épisode qui l’explique. Nous étions en 2001, peu avant la
réunion du G8 à Gênes. Les médias étaient remplis d’articles qui
annonçaient que des groupes « extrémistes islamistes » se
préparaient à aller au G 8 verser « du sang infesté » sur les
forces de l’ordre. C’est durant cette période que la police a
mis sous enquête tous les musulmans qui fréquentaient les
mosquées et a perquisitionné leurs foyers. En juillet, quand
notre maison a été perquisitionnée, Kassim était en voyage au
Pakistan. C’est précisément à cette époque que les titres des
journaux mettaient l’Italie en émoi en annonçant la probabilité
d’attaques imminentes d’ « islamistes ». A noter que, lors de la
réunion du G 8, il n’y a eu aucune attaque organisée par des
musulmans. En revanche, il y a eu des provocations et des
violences policières.
Deux mois après la fermeture
du dossier de Kassim par la justice, le 29 septembre 2006, le
« Corriere della Sera », qui avait toujours fait ses grands
titres pour diffamer mon mari et l’associer au terrorisme
international, aux Talibans et à Ben Laden, en l’appelant de
manière impropre « El Kassim », a publié une petite note en page
13, sous le titre : « Terrorisme, accusations inconsistantes
pour Britel ». Ainsi, celui que Guido Olimpio avait toujours
appelé « El Kassim » était devenu soudain « Britel » au moment
où il était innocenté.
Les
lecteurs n’allaient pas forcément faire le lien entre le
« terroriste » fabriqué de toutes pièces, et l’honnête homme qui
avait injustement subi presque sept années d’emprisonnement et
de tortures. Il ne sera pas rappelé non plus que « Britel »
avait été victime des abominables « renditions » et détentions
secrètes illégales de la CIA, condamnées par le Conseil de
l’Europe et le Parlement européen. Ceci pour dire, en
conclusion, que les lecteurs auront été désinformés jusqu’au
bout ».
Comme cela apparaît, au
travers de ces deux cas révoltants, la priorité des médias en
général, n’est pas d’attirer l’attention du monde sur les
souffrances provoquées par les violations du droit international
perpétrées par des grandes puissances, dans le cadre de cette
« lutte contre le terrorisme ». La priorité est d’inonder les
gens et les librairies d’articles et d’ouvrages évoquant un lien
entre « islam et terrorisme ». La priorité est d’entretenir la
peur du « terrorisme religieux », cette « hydre
menaçante à cent têtes » qui « étend sa progression jusqu’au
seuil de nos portes » [19].
La déshumanisation des Arabes
est une arme de guerre. Une arme, que l’Etat colonial israélien
a toujours utilisée avec un évident succès. C’est ainsi que les
Palestiniens ont toujours été maltraités et présentés
abusivement par leur occupant comme « terroristes ».
Pendant ce temps, derrière le
paravent de prétendus « processus de paix », Israël a réussi à
entraîner « l’Occident » dans sa confrontation militaire avec le
monde arabe et à lui faire adopter son système « orwellien » de
surveillance des populations. Transformant ainsi son conflit
régional en confrontation globale, en une guerre mondiale contre
l’Islam.
Cet état de guerre qui
humilie et ensanglante les peuples du Moyen Orient depuis 60
ans, et qui maintient l’opinion publique sous le règne du
mensonge, a déjà trop duré.
« Aujourd’hui,
alors que notre planète est « minée » par d’innombrables
conflits entre groupes, entre Etats, et même entre sphères
culturelles, nous avons un énorme besoin d’un « journalisme de
la paix » qui nous offre des clés pour comprendre ces conflits,
qui nous donne des éléments pour saisir les contradictions
qu’ils reflètent, et qui nous propose des pistes de réflexion
sur la manière de les transformer et transcender . » [20]
Pour contribuer à mettre un
terme à ces cruels conflits, il ne faut pas avoir peur de dire
la vérité, même si cela n’a rien d’agréable. Car il est encore
bien plus désagréable de découvrir les souffrances endurées par
des innocents injustement condamnés.
Mais,
comme le dit si justement le journaliste Alan Hart :
« L’enfer, c’est lorsque vous comprenez que
votre vie touche à son terme et que vous n’avez pas mobilisé
tous vos talents et toutes vos ressources autant que vous auriez
pu le faire afin de changer quelque chose - c’est-à-dire que
l’enfer, c’est le moment où vous prenez conscience, après mûre
réflexion, que vous avez gâché votre vie. Le Paradis, en
revanche, c’est la prise en considération de l’approche de votre
mort sans crainte, parce que vous savez qu’au contraire, vous
avez fait de votre mieux pour changer, aussi peu que ce soit, le
monde. » [21]
(*) ISM-Italia
[1]
Sur les « stratégies du mensonge dans la politique
contemporaine » et le fonctionnement de la falsification lire
l’ouvrage : « La fabbrica del falso » de Vladimiro Giacchè,
Derive-Approdi, 2008.
[2]
Voir :
« Allégations
de détentions secrètes et de transferts illégaux de détenus
concernant des Etats membres du Conseil de l’Europe »,
Rapport de M. Dick Marty à la Commission des
questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe, 12 juin 2006.
« Détentions
secrètes et transferts illégaux de détenus impliquant des Etats
membres du Conseil de l’Europe : 2e rapport »,
Rapport de M. Dick Marty à la Commission des
questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe, 7 juin 2007.
Le Parlement
européen a, de son côté, réalisé une enquête approfondie
instituant le TDIP (Temporary
Committee on the alleged use of European countries by the CIA
for the transportation and illegal detention of prisoners).
[3]
Voir : « Jean-Claude
Paye : Les lois antiterroristes. Un acte constitutif de l’Empire »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 12
septembre 2007.
[4]
Voir à ce sujet :
« Opération
Balkans : publicité pour la guerre et la mort »,
par Jörg Becker et Mira Beham, Horizons et
débats, 11 novembre 2008.
« Comment
la machinerie croate des relations publiques s’est mise à
polariser l’opinion avec l’aide de « Ruder Finn » »,
extraits du livre « Kriegstrommeln – Medien, Krieg und Politik »
de Mira Beham, Horizons et débats, 12
novembre 2008.
[5]
Voir : « Le
milieu intellectuel parisien est dans une islamophobie latente »,
Interview d’Emmanuel Todd, El Watan. 3 novembre 2008.
[6]
Les partisans de la manière forte avec les Arabes et les
musulmans, les plus remarqués :
Daniel Pipes aux Etats-Unis ; le
« philosophe » Alain Finkielkraut, un peu l’équivalent français
d’Oriana Fallaci ; le journaliste Alexandre Adler.
A la veille de la guerre contre l’Afghanistan, ce dernier
prétendait qu’elle aurait le mérite de libérer les femmes de la
Burka. Dans le Figaro, du 8 novembre 2008, il a fait l’éloge de
Bush, cet allié docile d’Israël pour que l’on n’oublie pas d’« instruire
à décharge et de reconnaître le grand courage du président à
l’heure de l’épreuve, sa détermination à porter le fer au cœur
du dispositif ennemi, en Irak » ;
voir cet article.
[7]
Voir :
http://www.voltairenet.org/librairie/product_info.php ?products_id=65
Voir également : « Le
terrorisme non revendiqué de l’OTAN »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 29
décembre 2006.
[8]
En pleine offensive israélienne, Guido Olimpio a lancé de très
graves accusations pour criminaliser, à nos yeux, l’adversaire
d’Israël, donc celui qui se trouvait du côté des agressés.
Voir : « Droga
e viagra, così si finanzia Hezbollah »,
par Guido Olimpio,Corriere della Sera, 22
juillet 2006.
[9]
Les journalistes qui remettent en question l’histoire officielle
et en démontrent les points faibles sont ostracisés, contraints
de s’exiler, comme Christopher Bollyn, journaliste
d’investigation pour American Free Press ;
ou poursuivis en justice, comme l’Allemand Jürgen Cain Külbel.
[10]
Voir : « Sami
El Haj, journaliste d’Al-Jazira, témoigne »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 18
juillet 2008.
Moazzam Begg, autre rescapé de Guantanamo
raconte son histoire dans le livre : « Enemy Combatant : The
Terrifying True Story of a Briton in Guantanamo ».
[11]
Voir :
« L’incroyable
histoire de Youssef Nada », par Silvia
Cattori, mondialisation.ca, 13 juin 2008.
« Youssef
Nada : Pour nous le mal est déjà fait »,
par Silvia Cattori, mondialisation.ca, 30
octobre 2008.
[12]
Chef de la rubrique étrangère du "Corriere della
Sera" dès 1987. Correspondant en Israël de 1999 à 2003.
Voir
l’article : « Hamas
perde metà del tesoro », par Guido
Olimpio, Corriere della Sera, 20 octobre
1997.
Voir
également la
notice concernant M. Olimpio, sur le
Site officiel de Youssef Nada.
[13]
Richard Labévière, journaliste de radio RFI,
a repris les accusations d’Olimpio. Dans le documentaire,
diffusé par la télévision suisse TSR, il
associait M. Nada à l’attentat de Luxor en 1998,où 60 touristes,
en majorité suisses, avaient été tués. Ce qui a conduit la
Procureure suisse de l’époque, Mme Carla Del Ponte, à interroger
M. Nada. Elle a conclu que les informations selon lesquelles Al
Taqwa – la société de M. Nada - finançait le terrorisme,
émanaient « des services », et que « M. Nada
et sa société, n’avaient rien à voir avec le terrorisme » (Corriere
del Ticino, 2 juin 2006).
Les journalistes ont néanmoins continué, durant des années, à
diffamer M. Nada.
[14]
Voir sous ce lien, le film d’Andrea Canetta sur Youssef Nada -
intitulé « Nel nome dell’uomo » - diffusé le 2 novembre 2008 par
la Télévision suisse italienne :
http://www.rtsi.ch/trasm/storie/welcome.cfm ?idg=0&ids=0&idc=35702
[15]
Pour plus d’information sur M. Britel, voir :
http://www.giustiziaperkassim.net
Voir également :
« Résolution
du Parlement européen sur l’utilisation alléguée de pays
européens par la CIA pour le transport et la détention illégale
de prisonniers (2006/2002(INI)) ».
Rapport
2008 d’Amnesty International Italie
.
« Italy :
A briefing to the UN Committee against Torture »,
Amnesty International, 2007.
« Pakistan.
Les droits humains bafoués au nom de la « guerre contre le
terrorisme ». Synthèse »,
Amnesty International, 29 septembre 2006.
[16]
Un article d’Oriana Fallaci, publié le 25 septembre 2001 par le
“Corriere della Sera”, où elle réagissait
aux attentats du 11 septembre, et qui deviendra un livre : « La
Rage et l’Orgueil », Plon, 2002 (éd.
italienne : 2001) ; « La Force de la Raison »,
Rocher, 2004.
Les allégations islamophobes d’Oriana Fallaci ont été démontées
par divers auteurs :
Stefano
Allievi : « Niente di personale, signora Fallaci »,
Aliberti, 2006.
Stefano
Allievi : « Ragioni senza forza forze senza ragione : una
risposta a Oriana Fallaci », EMI, 2004.
Giancarlo
Bosetti : « Cattiva maestra », Marsilio,
2005.
[17]
L’article que Mme Britel considère comme le plus cruel : « Da
Bergamo a Kabul : così il marocchino reclutava militanti »,
20 novembre 2001 - Corriere della Sera.
Autore : Olimpio Guido.
Autres articles :
« El
Kassim, l’ insospettabile di Bergamo che arruolava volontari
della Jihad Guido Olimpio »,
Pubblicato il 20 novembre 2001 - Corriere della
Sera.
Le 22 mai
2003, alors que M. Britel était de nouveau soumis à torture et
détenu en secret, M. Olimpio le disait impliqué dans le massacre
de Casablanca ; voir : « Il
mistero di El Kassim, da Bergamo a Casablanca (via Kabul) »,
par Guido Olimpio, Corriere della Sera, 22
mai 2003.
Mme Britel suppose que M. Olimpio connaissait une note
« réservée » des Services qui précisait que les autorités du
Maroc ne le considéraient pas comme impliqué dans cet attentat.
[18]
L’actuel Ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini,
était « Ministre
en charge de la coordination des Services d’information et
sécurité » du 11.6.2001 au 13.11.2002.
[19]
Rhétorique que l’on trouve dans le recueil des articles de Guido
Olimpio : « La rete del terrore », Sperling &
Kupfer, 2002.
[20]
Voir : « Journalisme
de guerre et guerre contre le journalisme »,
par Abbas Aroua, Fondation Cordoue de Genève,
27 juin 2008.
[21]
Alan Hart, ancien correspondant en chef, au Moyen-Orient, de la
chaîne britannique « Independent Television News »
[ITN] ; présentateur de la célèbre émission
de la BBC, Panorama,
auteur de l’ouvrage « Le sionisme : Le véritable ennemi des
juifs » (« Zionism :
The Real Enemy of the Jews »)