Boycott
Palestine :
Les ravages d’un boycott criminel
Silvia Cattori
12 mai 2007
Le boycott économique imposé au peuple
palestinien par les Etats-Unis et l’Union européenne, destiné
à étrangler et à plier ce peuple aux exigences d’Israël,
dure depuis plus d’une année déjà.
La vie des habitants de Cisjordanie et de
Gaza était déjà épouvantable auparavant. Mais ce boycott,
indigne de l’humanité, l’a rendue infiniment plus effroyable.
Ainsi, des Etats démocratiques, qui prétendent
défendre la liberté et les droits humains, en sont venus à
priver un peuple -déjà très éprouvé par les longues années
de privation sous occupation- de tout moyen de subsistance. Cela
est un crime. Cela est inadmissible. Cela doit cesser.
Les résultats sont là, implacables,
terrifiants.
Ce boycott a détruit toute la société, et
encore aggravé une situation qui était déjà d’une extrême
gravité. C’est une catastrophe humaine programmée.
Par ce boycott, aussi injuste qu’illégal,
le monde a délibérément réduit à l’état d’esclavage des
millions de Palestiniens, pour la seule raison qu’ils ont élu
les autorités qu’ils considéraient comme étant les plus aptes
à servir leurs intérêts. Or, si durant l’esclavage les
esclaves pouvaient encore parfois échapper à leurs
bourreaux, les Palestiniens de Gaza, qui vivent enfermés par
l’occupant militaire israélien dans une grande prison, ne
peuvent, eux, aller nulle part.
Voilà, aujourd’hui, des centaines de
milliers d’enfants qui souffrent de malnutrition ; voilà des mères
à bout de ressources, contraintes aujourd’hui à se livrer à
la prostitution pour nourrir leur progéniture ; voilà des pères
sans salaire qui, après avoir vendu les quelques effets
personnels vendables qu’ils possédaient, jetés au désespoir,
humiliés de ne pouvoir offrir une vie décente à leur famille,
atteints dans leur dignité d’homme,
versent dans la folie. Il n’est pas rare, en
effet, de voir des hommes désœuvrés, qui semblent avoir perdu
la raison, divaguer dans la rue, en se parlant à eux-mêmes.
Quel père, quelle mère, peuvent supporter
de voir leurs enfants dépérir sans recours ? « Pour
notre société, c’est terrible. Nous avons été poussés aux
extrêmes. La prostitution n’est pas quelque chose d’usuel à
Gaza. Cela est ressenti comme une immense offense, une immense
humiliation. C’est une terrible blessure pour une société
comme la nôtre où la femme est protégée et où la prostitution
était inexistante» se désole cette femme qui a
accepté d’évoquer, non sans réticence, cette plaie.
De savoir que le boycott économique du monde
« occidental » a fini par pousser certaines de ces mères,
fières, résistantes, à cette extrémité-là, à cette déchéance-là, de
savoir que ces mères ont dû, doivent renoncer à la seule chose
qui leur reste, la dignité, pour sauver la seule chose qui leur
importe, la survie de leur enfant, notre cœur se brise.
Face à cette immense tragédie, où est le
mouvement de solidarité qui devrait défendre les Palestiniens
victimes de l’oppression israélienne ? Où est sa voix ?
Ne serait-il pas temps, pour ces mouvements
qui ont malencontreusement apporté leur soutien aux accords d’Oslo
et à ceux qui, en Palestine, en ont largement profité au détriment
de leur peuple, de tirer enfin les cruelles leçons des faits ?
Pourquoi les responsables d’un grand nombre
d’associations qui se posent en défenseurs des Palestiniens, en
défenseurs de la justice, n’appellent-ils pas massivement à un
boycott d’Israël ? Pourquoi s’emploient-ils au contraire
à neutraliser la voix de ceux qui, depuis longtemps, demandent
que l’Etat d’apartheid d’Israël soit traité comme
l’avait été – avec succès – l’Afrique du Sud ?
Pourquoi ne mènent-ils pas une vaste
campagne visant à faire pression sur les gouvernements « occidentaux »
pour qu’ils mettent fin au boycott financier et politique
immoral des membres du Hamas démocratiquement élus, boycott qui
sanctionne également tous les Palestiniens ?
La réponse à cette question ne serait-elle
pas que la voix de nombreuses associations de solidarité est
majoritairement sous l’influence des orientations d’un
« camp de la paix »
israélien, plus soucieux de préserver les intérêts d’Israël
que de défendre les droits des Palestiniens ?
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