Mardi 6 janvier 2009
Israël mène depuis onze jours une guerre atroce contre une
population civile avec, il faut le dire haut et fort, la
complicité explicite ou tacite de nos Etats.
Israël déverse sans discontinuer depuis onze jours des bombes au
phosphore et des missiles à l’uranium appauvri, au mépris du
droit international, et sans aucune considération pour la vie
des habitants de Gaza, hommes, femmes et enfants.
Ainsi, par la lâcheté de nos gouvernements qui se sont jusqu’ici
bornés à quelques gesticulations diplomatiques, question de
laisser à Israël le temps « d’écraser le Hamas » - autrement
dit, la résistance palestinienne contre l’occupation militaire
israélienne - les victimes de cette guerre monstrueuse, dont
nous ne pouvons plus supporter de voir les images horribles,
meurent faute de secours.
Voilà onze jours que le
personnel médical de Gaza appelle au secours en vain. Onze jours
qu’il attend urgemment que la Croix rouge internationale force
le passage, du côté d’Israël ou de l’Egypte, pour lui apporter
une aide à l’échelle de cette immense catastrophe.
Tous ceux qui ne se laissent
pas abuser par la propagande israélienne, déversée sur les
écrans de télévision avec la complaisance de rédactions sans
scrupules, sont bouleversés et indignés par la guerre menée par
Israël contre des civils.
Une guerre qui a pour
objectif de détruire leurs lieux de vie, écoles, mosquées,
universités, hôpitaux, en violation du droit international en
temps de guerre, et en particulier en violation de la Quatrième
convention de Genève relative à la protection des civils.
Nous étions sidérés hier, 5
janvier, en entendant un chirurgien norvégien dire sur la BBC,
le cœur brisé de peine, visiblement épuisé, qu’Israël avait
transformé Gaza en "enfer" et qu’il "bombardait
1,5 millions de Palestiniens enfermés en cage" ; il a
précisé que, contrairement à ce qu’affirme l’ONU, les tués et
les blessés, arrivés à l’hôpital depuis le 27 décembre, étaient
tous des civils, qu’il n’avait soigné qu’un résistant ; il a
précisé aussi qu’il n’y avait que deux médecins occidentaux à
Gaza et s’indignait de l’absence des agents humanitaires au
moment d’une si colossale catastrophe.
Les citoyens suisses, dont le
pays est dépositaire des Conventions de Genève, étaient en droit
d’attendre de leur gouvernement - et en particulier de vous,
Mme Calmy-Rey, en votre qualité de responsable du Département
fédéral des Affaires étrangères (DFAE) - une condamnation ferme
et sans faux fuyants de cette guerre criminelle. Au lieu de
cela, malheureusement, le DFAE s’est borné, dans un communiqué
du 4 janvier :
à déclarer
que « les tirs de roquettes du Hamas aussi bien
que l’action militaire israélienne doivent prendre fin, afin de
mettre un terme aux souffrances infligées à la population civile »,
et que « l’arrêt des combats doit garantir la
réouverture immédiate de tous les points de passage vers Gaza et
la levée du blocus israélien, pour permettre l’acheminement
rapide de l’aide humanitaire »,
à appeler les
parties « au respect intégral du droit
international humanitaire, à commencer par la protection de la
population civile, l’accès aux victimes et la proportionnalité
de la riposte »,
et à
protester contre l’interdiction d’entrée à Gaza signifiée à une
équipe du Comité international de la Croix Rouge « alors
que toutes les conditions étaient réunies ».
En mettant l’agressé et
l’agresseur sur le même plan, le DFAE a donné une certaine
impunité à Israël, un encouragement à continuer de massacrer des
civils.
Le gouvernement suisse sait
pourtant parfaitement qu’Israël est une puissance occupante qui
défie depuis des décennies toutes les résolutions de l’ONU, qui
ne respecte pas le droit international, et qui pratique
l’apartheid.
Il sait parfaitement que,
selon le droit international, les Palestiniens ont le droit de
résister contre l’occupation. Il sait que la population de Gaza,
sous blocus israélien depuis près de deux ans, subit une
punition collective d’un autre âge, au mépris du droit
international. Il sait que le Hamas a été porté au pouvoir par
un scrutin démocratique et qu’il représente légitimement la
population de Gaza. Il sait que le Hamas a respecté pendant six
mois la trêve, cessé les tirs de roquettes alors qu’Israël, de
son côté, a rompu la trêve le 4 novembre [1]
et s’est toujours refusé à ce qui devait en être la contre
partie : la levée du blocus affectant l’ensemble de la
population.
Il sait aussi qu’il n’y a
aucune commune mesure entre les quelques pertes civiles subies
par les habitants d’Israël du fait des roquettes tirées sur
Sderot, et les milliers de victimes civiles palestiniennes,
hommes, femmes et enfants, dues aux bombardements ou aux
« assassinats ciblés » israéliens , qui sont ni plus ni moins
des exécutions sommaires illégales.
L’absence de courage
politique et la mollesse des réactions du gouvernement dont vous
faites partie, ont des conséquences meurtrières à Gaza.
Les médecins qui luttent dans
ses hôpitaux pour sauver des vies, attendaient de nos
gouvernements démocratiques une claire et franche condamnation
des actes criminels commis par l’armée israélienne contre une
population rendue exsangue par deux ans de blocus et de
privations, une population ghettoïsée, privée d’eau, privée de
nourriture.
Une population qui, au plus
profond de sa détresse, attendait que nos responsables
politiques mettent tout en œuvre pour l’arracher à
l’innommable ; donc exiger la cessation immédiate des attaques
de l’armée israéliennes d’occupation illégale, et exiger son
retrait définitif.
Le peuple palestinien de
Gaza, comme tout peuple, a droit à la sécurité, a droit à être
protégé.
Nous demandons à notre
gouvernement de condamner enfin, sans faux fuyants, cette guerre
criminelle et d’intervenir fermement auprès de l’Etat juif
d’Israël pour qu’il se retire immédiatement de Gaza et lève le
blocus illégal qui l’étrangle depuis longtemps.
Silvia Cattori