Depuis hier matin, 3
janvier, nous n’arrivons plus à établir de communication
avec ces braves familles que nous connaissons à Gaza et que
nous savons dans l’incapacité absolue de fuir où que ce
soit. L’électricité et toutes les communications sont
coupées. Il n’y a pas un endroit à Gaza qui ne soit
bombardé.
Ce sont des êtres
Humains. Très Humains. Ils sont sans réelle défense.
Le gouvernement israélien
les a enfermés durant une année et demie dans une prison "à
ciel ouvert". En violation de toutes les conventions
internationales qui interdisent les punitions collectives.
il les a privés de nourriture, affamés, affaiblis. Il a
interdit l’accès aux journalistes, afin qu’ils ne puissent
pas voir l’horreur : les milliers de gens mutilés, les
médecins débordés, les enfants terrorisés, les parents
désespérés, les destructions insensées.
Le 27 décembre, Israël
avait déjà déversé plus de cent tonnes de bombes en trois
minutes : 300 civils, essentiellement, avaient perdu la
vie ; mille autres avaient été cruellement blessés.
Hier soir, 3 janvier, les
soldats israéliens ont commis l’inimaginable. Avec
l’approbation de la quasi-totalité de leur population [1],
l’armée israélienne a commencé à pénétrer dans la bande de
Gaza par le nord, et a lancé une offensive massive avec ses
avions de guerre, sa marine, son artillerie.
Les bombes sont tombées
de plus en plus massivement et sans discontinuer toute la
nuit.
1,6 millions de
personnes, dont 800’000 enfants sont là, abandonnés du monde
sous un déluge de feu, entassés sur cette petite bande de
terre surpeuplée.
Qu’attendent pour réagir
nos gouvernements, si soucieux de défendre les droits
humains au Tibet, alors que, outre ce carnage immense, ce
qui est très inquiétant, l’armée israélienne bombarde Gaza
depuis le 27 décembre avec une nouvelle arme appelée
« bunker-buster », GBU-39, dite intelligente, récemment
fournie par les Etats-Unis ?
Il s’agit d’une bombe de
haute précision, longue de 175 centimètres, pesant 113 kg,
pouvant transpercer 90 cm de béton armé. Guidée par GPS
cette bombe, une fois au sol, a une capacité de pénétration
de 30 mètres de profondeur et libère 22,7 kg d’explosifs.
Nous avons écrit, nous
avons cherché à alerter le monde, nos autorités. Nous
publions ici notre dernier appel à notre cheffe des Affaires
étrangères [2]
qui est restée jusqu’ici absente, muette.
Madame,
Le silence de votre
département est insupportable. Il y a 800’000 enfants à Gaza
qui souffrent de faim et des bombardements. Qui s’en
soucie ?
Parmi les complices de
cette guerre unilatérale
que le Palestinien Omar Barghouti dénonce , nous pouvons
également ajouter votre nom, celui de votre gouvernement.
Les gens sincères, qui
défendent les droits humains de manière désintéressée, les
journalistes qui, sur les nouveaux médias, cherchent à
montrer ce qui se passe réellement, ne sont pas en vacances.
Ils ont travaillé jour et nuit depuis le 27 décembre, pour
corriger les informations que les médias biaisent. Ces gens,
parmi lesquels je suis, ont attendu en vain que vous
condamniez la sauvagerie de l’Etat d’Israël.
Silvia Cattori
[1]
Malgré ce carnage,
selon un sondage fait le 2 janvier,
95 % des Israéliens juifs (hormis la petite minorité
d’Israéliens d’origine palestinienne) soutiennent ces
bombardements.
[2]
Appel envoyé le 2 janvier à Mme Micheline Calmy-Rey, cheffe
du Département des Affaires étrangères de la Confédération
helvétique.