Cuba
Les cas d'Alan
Gross et des "Cinq Cubains"
Salim
Lamrani et Wayne S. Smith*
Salim
Lamrani
Samedi 21 janvier
2012
Center for International Policy
http://cipcubareport.wordpress.com/2012/01/17/the-cases-of-alan-gross-and-the-cuban-five/
Un changement est possible dans les
relations entre La Havane et Washington.
Les Etats-Unis ont levé toutes les
restrictions concernant les voyages des
Cubains-américains vers l’Île et les
transferts d’argent à destination des
familles. Dans le même temps, le
gouvernement cubain favorise
l’établissement de petites entreprises
privées. Cette réalité ouvre la voie au
renforcement des liens entre les deux
communautés, et plus précisément – comme
l’a souligné un observateur – à « un
afflux de capital des Etats-Unis vers
Cuba ».
Néanmoins, les cas d’Alan Gross
d’un côté, arrêté le 3 décembre 2009, et
des « Cinq Cubains » de l’autre,
représentent un obstacle majeur à
l’amélioration des relations.
Qui est Alan Gross ?
Alan Gross est un citoyen
étasunien originaire de Potomac au
Maryland, de confession juive, âgée de
61 ans, qui travaille pour le
gouvernement des Etats-Unis. Il est
employé par la
Development Alternative, Inc (DAI),
un sous-traitant de l’Agence étasunienne
pour le développement Internationale
(USAID), qui dépend elle-même du
Département d’Etat. En décembre 2009,
alors qu’il s’apprêtait à quitter le
pays avec un simple visa touristique –
lors de ce qui constituait alors son
cinquième voyage de l’année –, il a été
arrêté à l’aéroport international de La
Havane par les services de sécurité. Une
enquête menée à son sujet avait permis
d’établir des liens étroits entre lui et
l’opposition interne au gouvernement
cubain, à laquelle il distribuait des
ordinateurs portables et des téléphones
satellitaires, dans le cadre d’un
programme du Département d’Etat de
« promotion de la démocratie à Cuba[1] ».
Expert en technologie de communication
de longue distance, Gross dispose d’une
solide expérience dans ce domaine. Il a
ainsi travaillé dans plus de cinquante
nations et a ainsi mis en place des
systèmes satellitaires de communication
durant les interventions militaires
étasuniennes en Irak et en Afghanistan
pour échapper aux canaux contrôlés par
les autorités locales[2].
La possession de téléphone satellitaire
est rigoureusement interdite à Cuba pour
des raisons de sécurité nationale. Par
ailleurs, le secteur de la téléphonie
étant un monopole d’Etat à Cuba, toute
concurrence y est interdite[3].
Aide à la communauté juive de Cuba ?
Le Département d’Etat étasunien,
qui exige la libération du détenu,
affirme que « Gross œuvre au
développement international et s’est
rendu à Cuba pour aider les membres de
la communauté juive de La Havane à se
connecter avec d’autres communautés
juives à travers le monde ». Selon
Washington, les activités de Gross
étaient légitimes et n’ont pas violé la
législation cubaine[4].
En octobre 2010, en marge de la réunion
annuelle de l’Assemblée générale des
Nations unies, Arturo Valenzuela,
secrétaire d’Etat assistant pour les
Affaires interaméricaines, s’est même
entretenu avec Bruno Rodríguez, ministre
cubain des Affaires étrangères, au sujet
de Gross. Il s’agissait alors de la plus
importante rencontre diplomatique entre
représentants les deux nations depuis le
début de l’ère Obama[5].
La famille d’Alan Gross a également
certifié que ses fréquents voyages dans
l’île étaient destinés à permettre à la
communauté juive de La Havane d’obtenir
un accès Internet pour pouvoir
communiquer avec les Juifs du reste du
monde[6].
Son avocat Peter J. Kahn a ratifié ces
propos : « Son travail à Cuba n’avait
rien à voir avec la politique, mais
était simplement destiné à aider à
améliorer la vie des membres de la
petite, pacifique et non dissidente
communauté juive de ce pays[7] ».
Gross avait assurément des
contacts avec certains membres de la
communauté juive à Cuba.
Néanmoins, la version officielle des
Etats-Unis et de la famille Gross est
contredite par la communauté juive de La
Havane elle-même. Celle-ci affirme en
effet ne pas connaître Alan Gross et ne
l’avoir jamais rencontré en dépit de ses
cinq séjours à Cuba en 2009. Adela
Dworin, présidente du Temple Beth Shalom
a rejeté les affirmations de
Washington : « C’est dommageable […]. Le
plus triste est que l’on a voulu
impliquer la communauté juive de Cuba,
qui est totalement étrangère à cette
affaire ».
De son côté, Mayra Levy, porte-parole du
Centre Hébraïque Séfarade, a assuré
ignorer qui était Gross et que ce
dernier ne s’était jamais présenté à son
institution. L’Agence étasunienne
Associated Press note pour sa part
que « les leaders de la communauté juive
à Cuba ont rejeté […] tout lien avec
Gross[8]9 ».
De la même manière, l’Agence
télégraphique juive précise que « les
principaux groupes juifs à Cuba ont nié
tout contact avec Alan Gross et toute
connaissance de son programme[9] ».
Le révérend Odén Marichal, secrétaire du
Conseil des Eglises de Cuba (CIC), qui
regroupe les institutions religieuses
chrétiennes ainsi que la communauté
juive de Cuba, a ratifié cette position
lors d’une réunion avec Peter Brennan,
coordinateur des Affaires cubaines au
Département d’Etat. A l’occasion de
l’Assemblée générale des Eglises du
Christ des Etats-Unis à Washington, en
novembre 2010, le leader religieux a
réfuté les allégations de Gross. « Nous
avons été très clairs : la communauté
juive de Cuba, qui est membre du Conseil
des Eglises de Cuba, nous a affirmé
cela : ‘Nous n’avons jamais eu aucune
relation avec ce monsieur, il ne nous a
jamais apporté le moindre équipement’.
Ils ont nié toute relation avec Alan
Gross[10] ».
En effet, la petite communauté juive
cubaine, loin d’être isolée, est
parfaitement intégrée à la société et
entretient les meilleures relations avec
les autorités politiques de l’île. Fidel
Castro, même s’il se montre extrêmement
critique à l’égard de la politique
israélienne dans les territoires
occupés, avait ainsi déclaré au
journaliste étasunien Jeffrey Goldberg
que « personne n’a[vait] autant été
diffamé que les Juifs » dans l’histoire.
« Ils ont été chassés de leur terre,
persécutés et maltraités à travers le
monde. Les Juifs ont eu une existence
beaucoup plus dure que la nôtre. Il n’y
a rien qui puisse être comparé à
l’Holocauste », avait-il ajouté[11].
Le président cubain Raúl Castro a ainsi
participé à la cérémonie religieuse de ‘Hanuca
– Fête des Lumières – à la synagogue
Shalom de La Havane en décembre 2010,
laquelle a été transmise en direct à la
télévision cubaine et a fait la une du
quotidien
Granma. Il en a profité pour saluer
« la communauté hébraïque de Cuba et la
fabuleuse histoire du peuple hébreu[12] ».
Par ailleurs, la communauté juive
cubaine dispose de toutes les facilités
technologiques nécessaires pour
communiquer avec le reste du monde,
grâce à l’aide fournie par d’autres
entités juives internationales telles
que le
B’nai Brith and the Cuban Jewish Relief
Project,
le
Canadian Jewish Congress (CJC), la
World ORT, le
Joint Distribution Committee (JDC)
ou encore le
United Jewish Committee (UJC),
en accord avec les autorités
cubaines[13].
Arturo López-Levy, secrétaire de
B’nai Brith au sein de la Communauté
juive cubaine entre 1999 et 2001 et
actuellement professeur à l’Université
de Denver, est également sceptique au
sujet de la version étasunienne
concernant Gross. A ce sujet, il tient
les propos suivants :
« Gross n’a pas été arrêté parce qu’il
est juif, ni en raison de ses prétendues
activités d’aide technologique à la
communauté juive cubaine, qui disposait
déjà d’un laboratoire informatique, de
courriers électroniques et d’accès à
Internet avant son arrivée à La Havane.
[Les juifs de Cuba] ne se réunissent pas
dans la synagogue pour conspirer avec
l’opposition politique car cela mettrait
en danger la coopération avec le
gouvernement qui est nécessaire pour des
activités tels que le programme
d’émigration en Israël, le projet du
Droit de naissance, par lequel de jeunes
juifs cubains voyagent en Israël chaque
année, ou pour traiter l’aide
humanitaire. Pour protéger ce qui est le
plus important, ils se tiennent le plus
possible à l’écart de programmes
d’ingérence politique étasuniens dans
les affaires internes cubaines.
Gross s’est rendu à Cuba non pas pour
travailler pour une quelconque
organisation juive mais pour l’USAID[14] ».
De son côté, Wayne S. Smith, ambassadeur
étasunien à Cuba entre 1979 et 1982 et
directeur du Programme « Cuba » du
Centre de Politique internationale de
Washington, note que « Gross, en
d’autres termes, était impliqué dans un
programme dont les intentions sont
clairement hostiles à Cuba puisque
l’objectif n’est rien de moins qu’un
changement de régime[15] ».
Activités illégales selon les autorités
cubaines
Du côté des autorités cubaines,
la version officielle n’a guère
convaincu et Gross est soupçonné
d’activités d’espionnage et de
subversion interne[16].
Ricardo Alarcón, président du Parlement
cubain, a affirmé que le citoyen
étasunien avait violé la législation du
pays : « Il a violé les lois cubaines,
la souveraineté nationale et a commis
des délits qui, aux Etats-Unis, sont
très sévèrement sanctionnés[17] ».
En effet, l’employé de l’USAID
fournissait des équipements
technologiques hautement sophistiqués.
La distribution et l’utilisation de
téléphones satellitaires sont
réglementées à Cuba et il est interdit
d’en importer sans autorisation. Par
ailleurs, l’Article 11 de la Loi 88
cubaine stipule que « quiconque
participe à la distribution de
ressources financières, matérielles ou
autre en provenance du gouvernement des
Etats-Unis, ses agences, dépendances,
représentants, fonctionnaires ou entités
privées est passible d’une sanction
allant de trois à huit ans de privation
de liberté[18] ».
Cette rigueur n’est pas spécifique à la
législation cubaine. En effet, la loi
étasunienne prévoit des sanctions
similaires pour ce type de délit. La Loi
d’enregistrement des agents étrangers (Foreign
Agents Registration Act) sanctionne
tout agent non enregistré auprès des
autorités qui « aux Etats-Unis
sollicite, collecte, fournit ou dépense
des contributions, prêts, argent, ou
autre objet de valeur pour son propre
intérêt » d’une peine de cinq ans de
prison et d’une amende de 10 000 dollars[19].
La législation française sanctionne
également ce type d’agissement. Selon
l’Article 411-8 du Code pénal, « le fait
d'exercer, pour le compte d'une
puissance étrangère, d'une entreprise ou
organisation étrangère ou sous contrôle
étranger ou de leurs agents, une
activité ayant pour but l'obtention ou
la livraison de dispositifs,
renseignements, procédés, objets,
documents, données informatisées ou
fichiers dont l'exploitation, la
divulgation ou la réunion est de nature
à porter atteinte aux intérêts
fondamentaux de la nation est puni de
dix ans d'emprisonnement et de 150 000
euros d'amende[20] ».
Le 4 février 2011, le procureur de la
République de Cuba a formellement accusé
Alan Gross d’« actes
contre l’intégrité et l’indépendance de
la nation », et a requis une peine
de vingt ans de prison. Le 12 mars 2011,
Gross a finalement été condamné à une
peine de quinze ans de prison, suite de
son procès[21].
Son avocat Peter J. Kahn a regretté que
son client soit « pris au milieu d’une
longue dispute politique entre Cuba et
les Etats-Unis[22] ».
Le
New York Times rappelle que Gross
« a été arrêté en décembre dernier lors
d’un voyage à Cuba dans le cadre d’un
programme semi-clandestin de l’USAID,
service d’aide étrangère du Département
d’Etat, destiné à ébranler le
gouvernement cubain ». Le quotidien
newyorkais souligne également que « les
autorités américaines ont reconnu que M.
Gross est entré à Cuba sans un visa en
règle, et ont déclaré qu’il distribuait
des téléphones satellitaires aux
dissidents religieux[23] ».
Depuis 1992 et l’adoption de la loi
Torricelli, les Etats-Unis admettent
ouvertement que le but recherché à Cuba
est un
« changement de régime » et l’un des
piliers de cette politique consiste à
organiser, financer et équiper une
opposition interne[24].
L’USAID, chargée de l’administration de
cet plan,
admet financer l’opposition cubaine,
dans le cadre de ce programme.
Selon l’Agence, pour l’année fiscale
2009, le montant de l’aide destinée aux
dissidents cubains s’élevait à 15,62
millions de dollars.
Au total, depuis 1996, 140 millions de
dollars ont été alloués au programme
destiné à renverser le gouvernement
cubain.
« La grande majorité de cette somme est
destinée à des individus se trouvant à
Cuba. Notre but est de maximiser le
montant du soutien dont bénéficient les
Cubains dans l’île[25] ».
L’organisation gouvernementale souligne
également le point suivant : « Nous
avons formé des centaines de
journalistes sur une période de dix ans
dont le travail est apparu dans de
grands médias internationaux ».
Ayant
été formés et stipendiés par les
Etats-Unis,
ces derniers
répondent ainsi aux intérêts de
Washington, dont le but est un
« changement de régime » dans l’île[26].
D’un point de vue juridique, cette
réalité place de fait les dissidents qui
acceptent les émoluments offerts par
l’USAID dans la situation d’agents au
service d’une puissance étrangère, ce
qui constitue une grave
violation du code pénal à Cuba.
L’Agence
est consciente de cette réalité et
rappelle
que « personne n’est obligé d’accepter
ou de prendre part aux programmes du
gouvernement des Etats-Unis[27] ».
Judy Gross, épouse d’Alan Gross, a été
autorisée à lui rendre visite en prison
pour la première fois en juillet 2010[28].
Elle en a profité pour faire parvenir un
courrier au président cubain Raúl
Castro. Elle a exprimé ses regrets et a
fait part de ses excuses pour les actes
de son mari. « Je reconnais aujourd’hui
que le gouvernement cubain n’apprécie
pas le genre de travail qu’Alan faisait
à Cuba. Son intention n’a jamais été de
porter atteinte à votre gouvernement[29] ».
Judy Gross accuse le Département d’Etat
de ne pas avoir expliqué à son époux que
ses activités étaient illégales à Cuba.
« Si Alan avait su que quelque chose
allait lui arriver à Cuba, il n’aurait
pas fait cela. Je pense que l’on ne l’a
pas clairement averti des risques
encourus[30] ».
Une sortie de crise ?
Gross a clairement enfreint la
loi. Il n’y a pas de doute à ce sujet.
D’un autre côté, il ne semble pas avoir
porté de véritable préjudice et son
incarcération ne bénéficie aucunement à
Cuba. En revanche, sa libération
pourrait grandement améliorer les
relations entre Cuba et les Etats-Unis,
surtout si dans le même temps il faisait
amende honorable pour ses actes.
L’affaire Gross-USAID est à mettre en
parallèle avec le sort des cinq agents
cubains condamnés à de lourdes peines de
prison aux Etats-Unis et incarcérés
depuis 1998. Tout comme les Etats-Unis,
qui ont indiqué qu’aucun changement
substantiel ne pouvait intervenir tant
qu’une solution ne serait pas trouvée à
l’affaire Gross, les Cubains semblent
également réticents à tout rapprochement
tant que les Cinq resteront en prison.
Suite à une série d’attentats à la bombe
contre des centres touristiques à La
Havane, ces derniers avaient été
missionnés par le gouvernement cubain
pour se rendre aux Etats-Unis afin de
pénétrer les groupes terroristes
anticastristes de Floride et recueillir
des informations à leur sujet. L’idée
était ensuite de faire parvenir ces
informations au FBI afin qu’il puisse
neutraliser ces groupes terroristes. Une
rencontre de plusieurs jours a eu lieu
en juin 1998 entre des représentants du
FBI et les autorités cubaines à La
Havane. Près de quarante-deux dossiers
ont été remis au FBI. Les autorités
cubaines ont ensuite espéré que les
Etats-Unis agissent contre les
terroristes. Les choses se passèrent
différemment. Peu de temps après, le FBI
a arrêté les cinq agents cubains. En
d’autres termes, ceux qui avaient fourni
les preuves, et non les terroristes, ont
été mis en prison. Les Cinq ont été
« jugés » et reconnus coupables,
« jugés » car le procès était
scandaleux. Le parquet ne disposait pas
de véritables preuves. C’est la raison
pour laquelle les Cinq ont été accusés
de « conspiration » en vue de commettre
des actes illégaux (chef d’accusation
qui ne requiert pas de preuve, il suffit
simplement de convaincre le jury). Ils
ont également jugés à Miami où le
sentiment anticastriste est tellement
exacerbé (cf. cas d’Elian Gonzalez)
qu’il était impossible de réunir un jury
impartial. Les avocats de la défense ont
demandé une délocalisation du procès
mais, contre toute attente, celle-ci a
été refusée.
Le cas de Gerardo Hernandez, accusé de
« conspiration » d’assassinat – en
rapport avec la destruction de deux
avions de l’organisation anticastriste
Brothers to the Rescue
en
février 1996 par l’armée cubaine – et
condamné à deux peines de prison à vie
doublées de quinze ans, est sans doute
le pire de tous. Le fait qu’aucune
preuve démontrant son implication n’ait
pu être présentée importait peu aux yeux
du jury. Il se trouve aujourd’hui
derrière les barreaux, la plupart du
temps en isolement, et après toutes ces
années il n’a pas été autorisé à voir sa
femme une seule fois.
Cette injustice contredit la
réputation des Etats-Unis d’être au
service de la loi. Une solution doit
être trouvée. La détention de ces
personnes, après tant d’années, sans
véritable preuve au sujet d’un
quelconque crime, si ce n’est le fait
d’être des agents non enregistrés d’une
puissance étrangère, est digne de
l’époque de la Guerre Froide (pratique
injustifiable même pour l’époque).
Désormais, plus de deux décennies après
la fin de la Guerre Froide, alors qu’une
opportunité sans précédent d’instaurer
une nouvelle relation entre Cuba et les
Etats-Unis voit le jour, cette détention
est moralement injustifiable et
singulièrement contreproductive. Il est
donc temps d’entreprendre un processus
de révision de tous ces cas et de
permettre à ces personnes de retrouver
leurs familles. L’un d’entre eux, René
González, a déjà été libéré après avoir
purgé sa peine. Il doit encore purger
une peine de trois ans de liberté
conditionnelle. Aussi incroyable que
cela puisse paraitre, il n’est pas
autorisé à rentrer à Cuba pour rejoindre
sa femme qu’il n’a pas vu depuis plus
d’une décennie. Lui permettre de revenir
à Cuba devrait sans doute être la
première décision à prendre dans ce
processus de réconciliation. A
l’évidence, si les Etats-Unis décident
d’agir en ce qui concerne les « Cinq
Cubains », Cuba devra également libérer
Alan Gross afin qu’il retrouve sa
famille.
Il est à noter qu’Alan Gross lui-même a
suggéré qu’une initiative. « Suite
au récent échange du soldat israélien,
Gilat Shalit, contre 1 000 prisonniers
palestiniens, Gross a clairement exprimé
son souhait de voir les Etats-Unis et
Cuba effectuer un geste similaire pour
lui et les Cinq Cubains », a expliqué le
rabbin
David Shneyer, qui a rendu visite à
Gross à La Havane[31].
*Docteur ès Etudes Ibériques et
Latino-américaines de l’Université Paris
Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est
enseignant chargé de cours à
l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, et
l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée,
et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son dernier ouvrage s’intitule
État de siège. Les sanctions économiques
des Etats-Unis contre Cuba, Paris,
Éditions Estrella, 2011 (prologue de
Wayne S. Smith et préface de Paul
Estrade).
Contact :
Salim.Lamrani@univ-mlv.fr ;
lamranisalim@yahoo.fr
*
Diplomate de profession, docteur de
l’Université de George Washington, Wayne
S. Smith est professeur à l’Université
Johns Hopkins de Washington et directeur
du Projet Cuba du
Center for International Policy.
De 1979 à 1982, il a servi à la tête de
la Section d’Intérêts des Etats-Unis à
Cuba. Il est l’auteur de plusieurs
ouvrages sur Cuba dont
The Closest of Enemies (New York: W.
W. Norton, 1987).
Notes
[1]
Jeff Franks, « Scenarios-U.S. Contractor
Jailed in Cuba Still in Limbo »,
Reuters, 24 octobre 2010.
[2]
Phillip J. Crowley, « Statement on
Anniversary of Alan Gross’ Incarceration
in Cuba »,
U.S. Department of State,
3 décembre 2010;
Saul Landau, « The Alan Gross Case »,
Counterpunch, 30 juillet 2010.
http://www.counterpunch.org/landau07302010.html
(site consulté le 18 février 2011).
[3]
Ibid.
[4]
Phillip J. Crowley, « Statement on
Anniversary of Alan Gross’ Incarceration
in Cuba »,
op. cit
[5]
Paul Haven, « U.S., Cuban Diplos Met
About Jailed U.S. Man », The
Associated Press, 18 octobre 2010.
[6]
Anthony Broadle, « Exclusive: American
Held in Cuba Expresses Regret to Raul
Castro »,
Reuters, 24 octobre 2010.
[7]
Juan O. Tamayo, « Pedirán 20 años de
cárcel para Gross », El Nuevo Herald,
5 février 2011.
[8]
Andrea Rodríguez, « Judíos niegan haber
colaborado con Alan Gross »,
The Associated Press, 2 décembre
2010.
[9]
Jewish Telegraphic Agency,
« Cuba to Seek 20- Year Prison Term for
Alan Gross », 6 février 2011.
[10]
Andrea Rodríguez, « EEUU pide Iglesias
de Cuba interesarse por contratista
preso », The Associated Press,
2 décembre 2010.
[11]
Jeffrey Goldberg, « Castro: ‘No One Has
Been Slandered More Than the Jews’ »,
The Atlantic, 7 décembre 2010.
http://www.theatlantic.com/international/archive/2010/09/castro-no-one-has-been-slandered-more-than-tthe-jews/62566/
(site consulté le 18 février 2011).
[12]
The Associated Press,
« Raúl Castro Celebrates Hanukkah With
Cuban Jews »; Juan O. Tamayo, « Raul
Castro asiste a fiesta de Janucá en
sinagoga de La Habana »,
El Nuevo Herald, 6 décembre 2010.
[13]
Comunidad Hebrea de Cuba,
« Quienes ayudan ».
http://www.chcuba.org/espanol/ayuda/quienes.htm
(site consulté le 18 février 2011).
[14]
Arturo López-Levy, « Freeing Alan Gross:
First Do No Harm », Août 2010.
http://www.thewashintonnote.com/archives/2010/08freeing_alan_gr/
(site consulté le 18 février 2011).
[15]
Wayne S. Smith, « The Gross Case and the
Inanity of U.S. Policy »,
Center for International Policy,
Mars 2011.
http://ciponline.org/pressroom/articles/030411_Smith_Intelligence_Brief_Gross.htm
(site consulté le 18 février 2011).
[16]
Paul Haven, « U.S. Officials Ask Cuba to
Release Jailed American »,
The Associated Press, 19 février
2010.
[17]
Andrea Rodriguez, « Contratista de EEUU
violó soberanía de Cuba, dice alto
dirigente »,
The Associated Press, 11 décembre
2010.
[18]
Ley de protección de la independencia
nacional y la economía de Cuba (LEY N˚.
88), Artículo
11.
[19]
U.S. Code, Title 22, Chapter 11,
Subchapter II, § 611, iii
<<Definitions>>, § 618, a, 1
<<Violations; false statements and
willful omissions>>.
[20]
Code Penal, Partie legislative, Livre,
Titre Ier, Chapitre I, Section 3,
Article 411-8.
[21]
William Booth, « Cuba Seeks 20 Year Jail
term for Detained American », The
Associated Press, 4 février 2011.
[22]
Paul Haven « Cuba Seeks 20-Year Jail
term for Detained American »,
The Associated Press, 4 février
2011.
[23]
Ginger Thompson, « Wife of American Held
in Cuba Pleads for His Release and
Apologizes to Castro », The New York
Times, 24 octobre 2010.
[24]
Cuban Democracy Act, Titre XVII,
Article1705, 1992.
[25]
Along the Malecon,
« Exclusive: Q & A with USAID », 25
octobre 2010.
http://alongthemalecon.blogspot.com/2010/10/exclusive-q-with-usaid.html
(site consulté le 26 octobre 2010);
Tracey Eaton, « U.S. government aid to
Cuba is the spotlight as contractor Alan
Gross marks one year in a Cuban
prison »,
El Nuevo Herald, 3 décembre 2010.
[26]
Ibid.
[27]
Ibid.
[28]
Jessica Gresko, « U.S. Man Jailed in
Cuba Can Call Home More Often »,
The Associated Press, 26 octobre
2010.
[29]
Anthony Boadle, « Exclusive: American
Held in Cuba Expresses Regret to Raul
Castro »,
op. cit. ; Jeff Frank, « Factbox:
Jailed U.S. Contractor, Sour U.S.-Cuba
Relations »,
Reuters, 24 octobre 2010.
[30]Anthony
Boadle, « Exclusive: American Held in
Cuba Expresses Regret to Raul Castro »,
op. cit.,
EFE, « EEUU no negocia liberación de
Alan Gross », 8 février 2011.
[31]
Agence France Presse,
« Contratista de EE UU en Cuba sugiere
intercambio de espias », 8 novembre
2011.
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