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Analyse
Déni de justice
Rudolf Bkouche
Rudolf Bkouche - Photo Palestine
Solidarité
Lundi 15 février 2010
Il y a des crimes d'Etat qui sont d'autant plus impunis que cet
Etat jouit du soutien des Etats qui jouent au maîtres du monde.
Ainsi les crimes perpétrés par l'Etat d'Israël.
Le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction) est une
réponse non seulement aux crimes commis par l'Etat israélien
mais aussi à la complicité des Etats qui laissent faire voire
soutiennent.
Contre les partisans de BDS, l'Etat français et le CRIF ont cru
trouver une parade, assimiler le boycott des produits israéliens
à une forme d'antisémitisme. Et le tour est joué.
François Fillon, premier ministre français, n'hésite pas à
dénoncer, dans son discours au banquet du CRIF, ceux qui
boycottent "les produits israéliens et cashers". S'il n'a jamais
été question, pour BDS, de boycotter les produits cashers, le
mensonge permet encore une fois de jouer sur l'amalgame "juif =
sioniste" assimilant ainsi toute critique de la politique
israélienne à une forme d'antisémitisme.
C'est cette confusion volontaire qui conduit certaines
institutions juives à poursuivre pour incitation à la haine
raciale ceux qui boycottent les produits israéliens. Comme si la
dénonciation des crimes israéliens ne pouvait relever que de la
haine raciale. Cette volonté de couvrir les crimes israéliens au
nom des malheurs des Juifs est une forme de mépris. Auschwitz
n'est plus l'un des grands crimes de l'humanité, il n'est qu'un
instrument au service du sionisme pour légitimer les crimes
commis par l'Etat d'Israël. En cela les "anti-antisémites"
professionnels que sont devenus les souteneurs d'Israël ne
valent pas mieux que les négationnistes qui nient le génocide.
Si pour les uns les victimes n'existent pas, elle ne sont pour
les autres que les faire-valoir d'une politique.
La condamnation de Sakina Arnaud s'inscrit dans cette prétention
des souteneurs d'Israël de présenter BDS comme une forme
d'antisémitisme. Mais elle signifie aussi que les crimes commis
par l'Etat d'Israël sont absous, que ces crimes, considérés par
le rapport Goldstone, comme des crimes de guerre, voire des
crimes contre l'humanité, ne sont pas des crimes. En cela cette
condamnation est inacceptable.
Si le groupe Carrefour poursuivait Sakina Arnaud pour
"dégradation légère" pour avoir mis une étiquette appelant au
boycott des produits israéliens, le procureur de la République a
requalifié la plainte en "incitation à la discrimination
raciale, nationale et religieuse". Est-ce une initiative du
Parquet ou une pression du gouvernement ? cela importe peu ; il
suffit de noter la convergence entre la décision du Parquet et
les déclarations du premier ministre au banquet du CRIF.
Critiquer Israël ne peut être qu'un acte antisémite.
Depuis la légitimation par une instance internationale du déni
de justice que constitue la création de l'Etat d'Israël, les
souteneurs de l'Etat d'Israël, à l'époque les deux grandes
puissances qui cherchaient à étendre leur puissance sur le
Moyen-Orient, n'ont eu de cesse d'en appeler à la mémoire du
génocide des Juifs par les nazis pour soutenir
inconditionnellement la politique israélienne. A
l'instrumentalisation du génocide mise en place par le
mouvement sioniste, s'ajoutait l'instrumentalisation de ce
génocide par les souteneurs d'Israël, comme si le massacre
perpétré contre les Juifs valait légitimation des crimes commis
par l'Etat d'Israël.
En cela, la condamnation de Sakina Arnaud pour "incitation à la
discrimination raciale, nationale et religieuse" est un double
déni de justice, déni de justice envers les Palestiniens qui
subissent les exactions israéliennes, déni de justice envers les
partisans de BDS qui protestent contre ces crimes.
rudolf bkouche
IJAN (Inernational Jewish AntiZionist Network)
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