Opinion
Lettre à Monsieur
le Président de la République Française
Rudolf Bkouche
Samedi 3 novembre
2012 Monsieur le Président
Vous avez reçu récemment le Premier
Ministre de l’Etat d’Israël, Benjamin
Netanyahou. Cela fait partie des
échanges internationaux et je ne vous le
reprocherai pas.
Mais, si Monsieur Benjamin Netanyahou
est le représentant de l’Etat d’Israël,
il n’est en rien le représentant des
Juifs du monde à supposer qu’il existe
un représentant des Juifs du monde, et
il me semble important de le rappeler.
Monsieur Benjamin Netanyahou se
permet d’appeler les Juifs de France à
rejoindre leur "vrai" pays, l’Etat
d’Israël. C’est indécent, et pour vous
qui êtes le Président de la République
Française, et pour les Juifs de France à
qui il dénie le droit de vivre dans leur
pays.
Mais ce qui est encore le plus
indécent, c’est cette visite dans une
école juive, Ozar Hatorah, de Toulouse
sous prétexte de commémorer un attentat
sanglant dont elle a été victime. Que le
crime de Merah soit odieux et
condamnable, cela ne justifie pas que le
représentant d’un Etat étranger vienne,
sous prétexte de commémoration, marquer
son territoire et rappeler que tout ce
qui est juif lui appartient.
Encore plus indécent le fait que vous
l’accompagniez pour participer avec lui
à ce qui n’est qu’une opération de
marquage de territoire. Si Monsieur
Netanyahou veut rencontrer les parents
et les proches des victimes de
l’assassinat de Toulouse, cela ne peut
être qu’une visite privée. En
l’accompagnant, vous acceptez le sens
que Monsieur Netanyahou veut donner à
cette visite : "cette école juive, parce
qu’elle est juive, est une partie de
l’Etat d’Israël" ; comme si c’était
Monsieur Netanyahou qui vous recevez
chez lui.
Et vous ajoutez à l’indécence en vous
engageant, au nom de la France, à
protéger la communauté juive de France,
oubliant que le rôle de la France est de
protéger ses ressortissants, tous ses
ressortissants.
Votre philosémitisme, aussi sincère
soit-il, a des relents délétères.
Et en reconnaissant le droit, pour le
représentant de l’Etat d’Israël, de se
présenter comme le représentant des
Juifs du monde, vous confortez
l’amalgame qui veut faire des Juifs des
complices des crimes commis par l’Etat
d’Israël contre les Palestiniens.
Je vous prie de recevoir Monsieur le
Président de la République Français
l’expression de ma colère et de mon
amertume.
Lille 2 novembre 2012,
Rudolf Bkouche,
membre de l’UJFP (Union Juive Française
pour la Paix) et de IJAN (International
Jewish AntiZionist Nerwork).
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