Gaza
La
destruction volontaire de Gaza
Rudolf Bkouche
Rudolf
Bkouche - Photo Palestine Solidarité
3 mars 2008
"Plus
les tirs de roquettes Kassam s'intensifieront, plus les roquettes
augmenteront de portée, plus la shoah à laquelle ils
s'exposeront sera importante, parce que nous emploierons toute
notre puissance pour nous défendre", a dit Vilnaï,
adjoint du ministre de la Défense Ehud Barak à la radio de l'armée
israélienne".
On peut discuter sur l'usage du terme "shoah", le terme est utilisé par l'adjoint du ministre
israélien de la Défense. Est-ce un simple hasard ? Qu'importe !
La
politique israélienne s'inscrit dans une volonté d'un Etat juif
ethniquement pur ce qui implique la destruction de la Palestine ;
les actions à répétitions contre Gaza le montrent suffisamment.
On comprend alors combien le retrait israélien de Gaza relevait
moins d'une quelconque volonté de paix que de la volonté de
mieux contrôler un territoire quitte à le détruire si nécessaire,
que ce soit par l'action armée ou que ce soit par un blocus
destiné à réduire la population en lui ôtant ses moyens
d'existence.
Le
sionisme a conduit l'Etat d'Israël à une militarisation extrême
et à une guerre permanente contre les Palestiniens chassés de
leur terre et soumis à une occupation destructrice. La "seule
démocratie du Moyen-Orient", comme ses amis se
complaisent à la dire, est une démocratie sélective, réservée
aux seuls juifs ; cette démocratie ne peut exister que par la
lutte contre ses ennemis et l'unité israélienne se construit sur
la destruction de la Palestine. En cela le projet d'un havre de
paix pour les juifs proposé par les Pères fondateurs a échoué
pour se transformer en un Etat guerrier qui ne vit que par le
destruction de ceux dont il a conquis la terre.
Partie
du monde occidental dont il représente le bastion avancé au Moyen
Orient, Israël sait qu'il peut compter sur les pays occidentaux (USA
et UE) pour mener sa politique, ce qui lui permet de violer le droit
international en toute impunité. D'autres Etat seraient soumis à
des sanctions, mais il semble interdit que la moindre sanction soit
prise à l'encontre d'Israël ; d'une part un monde occidental qui
porte une part de responsabilité dans l'antisémitisme et ses conséquences
meurtrières et s'appuie sur une culpabilité quelque peu indécente
pour refuser toute sanction contre l'Etat dit juif, d'autre part des
raisons géopolitiques conduisent les Etats occidentaux à soutenir
leur bastion avancé.
Dans
quelques jours, le Salon du Livre de Paris s'ouvrira avec un invité
d'honneur; l'Etat d'Israël qui fête son soixantième
anniversaire. On oublie facilement que c'est aussi le soixantième
anniversaire de la Naqba, la destruction de la société palestinienne
et l'expulsion d'une grande partie de la population, on oublie facilement
que la création de l'Etat d'Israël s'accompagne d'un déni de justice
envers la population de la Palestine.
Cette invitation est déjà un premier scandale, mais le fait qu'elle
ait lieu au moment où l'Etat d'Israël ajoute au blocus qu'il impose
à la population de Gaza des attaques meurtrières contre cette
population, au moment aussi où un représentant officiel israélien
se permet de parler de Shoah des Palestiniens, on ne peut que comparer le Salon du Livre aux
Jeux Olympiques de Berlin de 1936 qui marquait une acceptation, sinon
une reconnaissance, du nazisme par les démocraties qui y envoyaient
leurs athlètes. Une différence cependant, tout en participant au
grand spectacle mis en place par les nazis, les démocraties savaient
que l'Allemagne nazie était un ennemi, alors que ceux qui invitent
l'Etat d'Israël à Paris considèrent cet Etat comme un ami.
Condamner
Israël passe au yeux de certains comme une forme d'antisémitisme.
Peut-on condamner les enfants de la Shoah ? On peut alors répondre
que les responsables des agissements guerriers israéliens ne peuvent
prétendre au titre d'enfants de la Shoah lorsqu'ils comparent eux-mêmes
leurs actes à ceux des nazis, lorsqu'ils pratiquent une politique
de destruction d'un peuple. On peut aussi ajouter que cette judéophilie
qui consiste à soutenir la politique d'un Etat que l'on appelle juif
est tout aussi suspecte que les diverses formes de judéophobie, qu'elle
est essentiellement un prétexte qui masque des intérêts géopolitiques.
Une
politique de sanctions contre cet Etat guerrier est aujourd'hui nécessaire
si on veut mettre fin à la destruction de la société
palestinienne, au rétablissement du droit et de la paix dans cette
région, politique qui comprendrait un boycott des relations économiques,
politiques et culturelles. Et que l'on arrête de se référer à
la lutte contre l'antisémitisme pour protéger l'Etat d'Israël.
Comme si, dans les années trente du siècle dernier, on s'était
référé aux ravages qui se sont produits en Allemagne pendant la
guerre de Trente Ans ou les guerres napoléoniennes pour défendre
le nazisme.
rudolf
bkouche
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