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Alter info
Israël envisage d'attaquer l'Iran
en dépit des rapports des Services de renseignement US
Rory McCarthy
Jérusalem,
Guardian Unlimited (Royaume-Uni), vendredi le 7 décembre 2007
De hauts responsables israéliens ont affirmé aujourd'hui qu'ils
étaient toujours en train d'examiner la possibilité d'une
attaque militaire contre l'Iran, malgré un nouveau rapport des
Services de renseignement des États-Unis qui stipule que Téhéran
a mis fin à son programme de développement d'armes nucléaires.
Même si Israël fait valoir qu'il souhaite voir que de fortes
pressions diplomatiques soient mises sur l'Iran, ils sont réticents
à écarter la menace d'une attaque militaire unilatérale. Matan
Vilnaï, le vice-premier ministre de la défense en Israël, a déclaré
à la Radio de l'Armée aujourd'hui que « aucune option ne doit
être écartée. »
Avigdor Lieberman, le vice-premier ministre d'extrême droite, a déclaré
qu'Israël devrait être prêt à agir si les sanctions ne
fonctionnaient pas. « S'ils ne le font pas, nous allons nous
asseoir et nous prendrons les décisions que nous devons prendre,
» a-t-il dit au Jerusalem Post, dans une interview aujourd'hui.
Plusieurs experts israéliens sur les questions iraniennes disent
que les États-Unis revoient leur position sur la menace que représente
l'Iran et ils excluent une frappe militaire US et probablement
aussi une attaque israélienne, du moins pour l'instant.
Cependant, la politique des faucons israéliens continue de
maintenir la menace d'une action en vie.
Benyamin Netannyahou, le populaire chef de l'opposition de droite,
s'est fait demander si Israël devait lancer sa propre opération
militaire. « Nous préférons toujours l'action internationale,
dirigée par les États-Unis, mais nous devons nous assurer que
nous pouvons protéger notre pays par tous les moyens, » a-t-il
dit au journal israélien Ha'aretz aujourd'hui.
Les répercussions de la nouvelle évaluation des Services de
renseignement US sont insatisfaisantes pour les politiciens israéliens,
les analystes et la presse. Bien que les dirigeants israéliens en
avaient été informés à l'avance, « l'estimation nationale de
renseignement (NIE), » qui a été rendue publique lundi, a
engendré la surprise et la frustration dans l'establishment
militaire d'Israël.
Dans un grand revirement face aux évaluations précédentes, le
NIE dit que l'Iran a interrompu son programme d'armes nucléaires
à l'automne 2003 et qu'il ne l'a pas redémarré. Les Services de
renseignement des États-Unis disent maintenant qu'ils ne savent
pas si l'Iran a l'intention de fabriquer des armes nucléaires.
Les responsables israéliens ont rapidement lancé un défi. Ehud
Barak, le ministre de la défense, a déclaré que bien que le
programme nucléaire iranien a été interrompu en 2003 « d'après
ce que nous savons, il a probablement été remis en marche
depuis. »
Toutefois, il est loin d'être clair si Israël possède ses
propres renseignements suffisamment solides sur l'Iran pour
contredire les conclusions des États-Unis. Ha'aretz a noté dans
une analyse aujourd'hui: « Ce n'est pas dans le domaine des
Services de renseignement qu'Israël a reçu un coup cette
semaine, mais plutôt dans le domaine de l'opinion publique. »
Certains ont suggéré qu'avec un sentiment d'isolement dans sa
position aussi dure sur l'Iran, Israël serait peut-être plus
enclin à lancer une attaque militaire unilatérale; une
comparaison est fréquemment faite avec l'attaque israélienne de
1981 du réacteur nucléaire Osirak en Irak. David Albright, un
ancien inspecteur nucléaire de l'ONU, a déclaré cette semaine
que si Israël estimait que sa « ligne rouge » a été franchie,
il pourrait attaquer. « Ils peuvent forcer une confrontation
militaire, » a-t-il déclaré à Associated Press.
Cependant, on suppose généralement qu'Israël aurait au moins
besoin de l'approbation des États-Unis sinon, de sa coopération
pour toute mission de bombardement. En particulier, l'armée de
l'air d'Israël aurait besoin des codes de vol US pour permettre
à ses avions de se rendre en Iran en toute sécurité. Lorsque
Israël a demandé ces codes en 1991 afin d'attaquer l'Irak de
Saddam Hussein pendant la première guerre du Golfe, les États-Unis
ont refusé et il n'y a pas eu d'attaques israéliennes.
Mais encore, Israël, la seule puissance nucléaire dans la région,
n'est pas gêné d'agir seul et ils y ont été encouragés par
l'absence de sanction internationale lors du raid aérien dans le
nord de la Syrie en septembre dernier, qui peut avoir ou non ciblé
une installation nucléaire syrien.
Les experts israéliens sur l'Iran font valoir que les évaluations
des Services de renseignement US n'ont pas totalement disculpé Téhéran
car ils indiquent des preuves de la poursuite du programme
d'enrichissement de l'uranium qui est limité à un usage civil;
mais ils admettent que pour l'instant, une opération militaire
israélienne est improbable.
« Je pense qu'il est tout à fait irréaliste de penser qu'Israël
va faire cavalier seul contre l'Iran sur le front militaire, » a
déclaré Ephraïm Asculai, un haut responsable de recherche à
l'Institut des Études de la Sécurité Nationale [Institute for
National Security Studies], à Tel-Aviv. Il a dit qu'il semblerait
que l'Iran répondrait à un régime de sanctions plus sévères
et qui démontrerait à Téhéran que le coût de ses ambitions
nucléaires l'emporte sur ses bénéfices.
Meir Javedanfar, un analyste né en Iran et basé à Tel-Aviv, a déclaré
qu'il y avait aussi une chance qu'Israël puisse poursuivre un
accord de paix avec la Syrie, dans un effort pour diviser Damas et
Téhéran pour ainsi isoler le régime iranien. « La façon
rapide d'isoler l'Iran passe par Damas, » a-t-il dit.
Traduction de Dany Quirion pour Alter Info.
Article original anglais : http://www.guardian.co.uk/iran/story/0,,2224052,00.html?gusrc=rss&feed=networkfront
Publié le 11 décembre 2007 avec l'aimable
autorisation de Dany Quirion et d'Alter Info.
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