Opinion
Etat palestinien :
l'hypocrisie démocratique d'Obama
Robert Fisk
Samedi 1er octobre 2011
Revue de presse :
The Independent
- 25/9/11) – Traduction et synthèse :
Xavière Jardez.
La semaine dernière aurait dû être pour
le président Mahmoud Abbas la plus belle
de sa vie. Même le New York Times
avait découvert que « l’homme aux
cheveux gris dans un costume gris et aux
chaussures pratiques émergeait peu à peu
de l’ombre ».
Mais cela est stupide : le pâle
dirigeant de l’Autorité Palestinienne,
qui a écrit un livre de 600 pages sur le
conflit qui oppose son peuple à
Israël sans utiliser une seule
fois le mot « occupation »
n’aurait pas eu beaucoup de souci à
rivaliser avec le discours pathétique,
humiliant d’Obama devant l’Assemblée
générale de l’Onu dans lequel il a remis
la politique américaine au Moyen-Orient
entre les mains du gouvernement
israélien et des ses combines.
Car la performance du Président
américain qui a appelé à la fin de
l’occupation israélienne des territoires
arabes, à la fin du vol des terres
arabes en Cisjordanie – « les
colonies » israéliennes comme il
les appelait auparavant- et à la
création d’un Etat palestinien en 2011,
a été désastreuse.
Comme à son habitude, Hanan Ashrawi, la
seule voix palestinienne éloquente à New
York, en ce moment, a bien vu : « Je
ne pouvais pas croire ce que j’ai
entendu » a-t-elle confié à un
journaliste d’Haaretz. « Cela
sonnait comme si c’était les
Palestiniens qui occupaient Israël. Il
n’y a pas eu un mot d’empathie pour
les Palestiniens ». « Il
n’a parlé que des ennuis des
Israéliens ».
C’est vrai. Et comme à
l’accoutumée, les journalistes
israéliens les plus sains ont, par leur
condamnation ouverte du discours
d’Obama, démontré la couardise des
princes des journalistes US.
« Le discours informe, sans
imagination du président Barak
Obama, » écrit Yael Sternhell,
« devant les Nations Unies reflètent
l’incapacité du président américain à
faire face aux réalités du
Moyen-Orient. »
Et à mesure que les jours passeront,
nous découvrirons si les Palestiniens
répondront à son discours servile
par une troisième Intifada
ou bien par un haussement d’épaules, de
lassitude et de résignation, que tout a
toujours été comme ça, que les faits
prouvent encore et toujours que
l’administration américaine est un
instrument pour Israël pour appuyer son
refus d’accorder un Etat aux
Palestiniens.
Comment se fait-il, demandons-nous, que
l’ambassadeur US en Israël, Dan Shapiro,
ait fait le voyage de Tel Aviv à New
York, dans l’avion de Benjamin
Netanyahou ? Comment se fait-il que ce
dernier était trop occupé à
bavarder avec le président colombien
pour prêter attention au discours
d’Obama ? Il a seulement jeté un coup
d’œil au texte quand il a été face à
face à Obama, en direct.
Cela n’était pas du « chutzpah ».
C’était une insulte pure et simple. Et
Obama l’a bien mérité. Après avoir loué
le Printemps/l’Eté/ l’Automne arabe, et
tout ce qui se déroule encore, en raison
des actes de courage des Tunisiens ou
des Egyptiens, comme s’il, lui, avait
été derrière le Réveil Arabe, l’homme
n’a osé dédier que dix malheureuses
minutes de son temps aux Palestiniens
pour les gifler pour avoir eu l’audace
de demander à l’ONU la création de leur
Etat.
Obama a même suggéré – et ce fut la
partie la plus comique de sa grotesque
déclaration - que les Palestiniens
et les Israéliens étaient deux parties
« égales » dans ce conflit. Un
Martien écoutant ce discours aurait eu
la même réaction que Mme Ashrawi, que
les Palestiniens occupaient Israël au
lieu du contraire.
Aucune mention de l’occupation d’Israël
n’a été faite, aucune ni des réfugiés ou
de leur droit au retour ou du vol de
terres palestiniennes arabes par le
gouvernement israélien en violation du
droit international. Mais beaucoup de
lamentations à propos du peuple d’Israël
assiégé, des roquettes tirées sur leurs
maisons, des attentats suicides –
péchés palestiniens, bien sûr, mais
aucune référence au carnage de Gaza, au
nombre incalculable de morts
palestiniens - et même à la
persécution historique des juifs et à
l’holocauste. Cette persécution est un
fait d’histoire de même que le mal que
fut l’holocauste ; MAIS LES
PALESTINIENS N’ONT PAS COMMIS CES ACTES.
Ce sont les Européens qui ont commis ces
actes, européens dont Obama recherche
l’appui pour dénier aux
Palestiniens leur droit à un Etat.
Ainsi, nous étions de retour « aux
parties égales » comme si les
occupants israéliens et les Palestiniens
occupés jouaient sur le même terrain.
Madeleine Albright avait souvent recours
à ce mensonge. « C’est selon ce que
veulent les parties » disait-elle,
en se lavant les mains, tout comme
Pilate, de toute l’affaire dès l’instant
où Israël menaçait d’en appeler à ses
partisans aux Etats-Unis
Titre: AFI.
Titre original :
A President who is helpless in the
face of Middle East reality
Source : article repris par The
Independent, Afrique du Sud, 25
septembre 2011.
http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/fisk/robert-fisk-a-president-who-is-helpless-in-the-face-of-middle-east-reality-2359433.html
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 2 octobre 2011 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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