Opinion
Nouveau «gendarme»
au Proche-Orient
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 28 novembre 2012
Après
l’étrange attentat de Tel-Aviv
(21.11.2012), les bombardements
meurtriers contre l’enclave assiégée et
la trêve fragile imposée par Washington;
nous sommes en droit de nous interroger
sur les relations qui unissent l’État
impérialiste israélien à sa puissance de
tutelle américaine (1).
Il fut un
temps où les «experts» militaires au
Proche-Orient qualifiaient Israël de
«gendarme» de l’OTAN au Levant.
De fait, dans le passé, quand
l’État-major américain souhaitait
attaquer la Libye, la Tunisie, occuper
le Liban, ou détruire le réacteur
nucléaire de l’Irak ou de la Syrie; il
pouvait compter sur les troupiers
agressifs de leur allié israélien.
Curieusement, aucun «expert» n’a
souligné les changements importants
survenus dans la politique militaire
récente du Pentagone et de l’OTAN.
Pourtant, ces bouleversements
stratégiques au Proche-Orient sont
évidents.
L’affaire
débuta le 20 janvier 2010. Mahmoud al
Mabhouch, un haut responsable militaire
du Hamas, sans appréhension, sans
protection et sans précaution, se rendit
alors dans un hôtel de Dubaï, métropole
des Émirats Arabes Unis pour rencontrer
26 agents de services secrets étrangers.
L’homme de guerre y fut assassiné par
ses invités à la fin de la soirée. C’est
le quotidien israélien Haaretz qui
s’empressa le lendemain d’attribuer
l’attentat au Mossad (2).
En
représailles pour ce meurtre non
autorisé, les services policiers des
Émirats Arabes Unis, hôte de la réunion
secrète, dévoilèrent l’identité des
agents rassemblés et l’origine de leurs
faux papiers aimablement accrédités
(Britanniques, Français, Allemands,
Irlandais, Australiens), y compris de
ceux des nervis du Mossad qui avaient
commis le délit sans l’assentiment de la
CIA (3).
Précédemment, plusieurs observateurs
avaient noté que la dernière invasion
israélienne contre le Sud
Liban (2006) s’était soldée par
un échec cuisant aux mains du Hezbollah.
Hassan Nasrallah, secrétaire du
Hezbollah, affirma après ce succès de la
guérilla que l’armée sioniste avait
perdu toute crédibilité auprès de ses
alliés et qu’elle ne pouvait plus se
permettre la moindre embardée.
Par la
suite, l’État hébreu «courageux» se
spécialisa dans l’assassinat ciblé
d’enfants palestiniens; l’arraisonnement
en eaux internationales de rafiots
humanitaires affrétés par des pacifistes
débonnaires; ainsi que dans le massacre
au phosphore blanc de populations
civiles dans Gaza assiégée; autant de
«haut fait d’armes» qui ne semblent pas
avoir impressionné ses alliés
déconcertés.
Aussi,
quand Sarkozy ordonna d’attaquer la
Libye afin d’y chasser Kadhafi et d’y
substituer un pantin à sa main, personne
ne songea à inviter l’armée israélienne
déshonorée (4). De même quand il fut
question de scissionner le Soudan, de
renverser le gouvernement du Yémen, de
réprimer la population du Bahreïn ou
d’ébranler Bachar el-Assad en Syrie,
chaque fois l’OTAN fit appel à l’Arabie
et surtout à l’Émirat du Qatar pour
jouer le comploteur, le créancier,
l’armurier et le flibustier.
Contre
l’Iran Washington ne compte nullement
sur Tsahal et recrute
présentement une sainte alliance
comprenant la Turquie, l’Arabie, le
Qatar et quelques autres pays musulmans
pour harceler l’État persan.
Les
tractations de coulisses entre Mahmoud
Abbas de l’Autorité sans autorité et
l’Émir du Qatar qui s’est pavané à Gaza
au bras de Khaled Maeshaal du Hamas,
exilé en Jordanie après avoir trahi la
Syrie qui lui donnait asile depuis une
décennie, laissent penser que le nouveau
«gendarme» des États-Unis au
Proche-Orient aura un rôle à jouer dans
la trahison prochaine de la cause
palestinienne (5).
Tout ceci
n’est pas sans effrayer Benjamin
Netanyahou et la clique sioniste bien
consciente que leur puissance de tutelle
s’apprête à les larguer s’ils ne
parviennent pas à s’adapter à la
nouvelle conjoncture internationale.
L’impérialisme américain en déclin vogue
vers son destin en Mer de Chine et il
abandonne derrière lui un petit réduit
impérialiste au fond de la Méditerrané
qui demain comptera pour moins que rien
dans les affaires internationales.
L’Émirat du Qatar – et ses milliards de
dollars – feront un meilleur adjudant au
Proche-Orient, du moins pour un temps.
(1)
Étrange attentat à
Tel-Aviv. 21.11.2012.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/11/21/explosion-dans-un-bus-a-tel-aviv_1793619_3218.html
Lire les
deux précédents articles sur la récente
agression israélienne contre Gaza :
Pourquoi l’agression israélienne contre
Gaza ? 21.11.2012
http://les7duquebec.org/7-au-front/pourquoi-cette-agression-israelienne-contre-gaza/
La trêve. 23.11.2012.
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-treve-126384?pn=1000
(2)
Robert Bibeau.
Le Hamas à la croisée des chemins de la
résistance. 1.03.2010.
http://www.robertbibeau.ca/palestine/hamas.doc
(3)
Robert Bibeau.
Le Hamas à la croisée des chemins de la
résistance. 1.03.2010.
http://www.robertbibeau.ca/palestine/hamas.doc
(4)
Robert Bibeau.
La «rasque» française en Libye.
5.10.2011.
http://www.mondialisation.ca/la-rasque-fran-aise-en-libye/26939
(5)
http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7vUEaqPdA4zFYpWsTyvs0G8fiyMlcpbDgfGUeUoX34JFFt%2fHJcCxvrxsefng5HyzhOjAbC3vYQUmyGYlZM435d%2bpoT0OnRWBT3xi%2fiIoceYU%3d
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