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Opinion
Chrétiens d'orient
part 2/2:
Le singulier destin des chrétiens arabes
René Naba
Vendredi 22 octobre 2010
I- L’équipée suicidaire des milices chrétiennes
libanaises (1)
Victimes innocentes souvent, bourreaux parfois plus que de
besoin, les camps palestiniens de la quarantaine (est de
Beyrouth), en 1976, et de Sabra Chatila (sud de Beyrouth), en
1982, passeront dans l’histoire comme de sanglantes
illustrations pathologiques de la déraison humaine, au passif du
leadership maronite, particulièrement les milices chrétiennes
des Forces Libanaises.
Leur alliance avec Israël, l’ennemi officiel du Monde arabe,
constituera l’un des points noirs de l’histoire de la chrétienté
arabe, et les chefs de cette équipée suicidaire, Bachir Gemayel,
président éphémère du Liban, et ses successeurs, Elie Hobeika et
Samir Geagea, comme les plus sinistres personnages de l’histoire
du Liban en termes de bilan pour la chrétienté, en ce qu’ils ont
substitué la lutte pour la réalisation des droits nationaux des
Palestiniens, par la recherche de l’éradication d’un peuple déjà
spolié de sa patrie, les Palestiniens, en compensation des
turpitudes occidentales à l’égard des Juifs européens. Les
miliciens chrétiens ont intériorisé, ce faisant, la perversité
de la logique occidentale dans un tragique dévoiement de la
pensée, ne s’imaginant pas un seul instant que «le peuple de
trop au Moyen orient», selon l’expression du chef phalangiste
Bachir Gémayel, pourrait être un jour «le peuple chrétien
arabe».
Le soutien constant manifesté, en dépit de leurs turpitudes,
aux forces libanaises, ordonnateurs de la collaboration avec
Israël, par le patriarche Nasrallah Sfeir a valu au chef de
l’église maronite le titre désobligeant de «patriarche de la
désunion» (2).
Son retour au Liban à bord d’un hélicoptère de l’armée
américaine à l’issue de la guerre de destruction israélienne du
Liban, en août 2006, -un transport identique à celui de Saad
Hariri, «le planqué de Beyrouth» à bord d’un hélicoptère
français-, a accrédité l’idée d’un prélat «dans les fourgons de
l’étranger». La prudence et les règles de la convivialité
intercommunautaire commandaient que le chef de l’Eglise maronite
voyage sous pavillon italien en conformité avec les règles en
usage au Vatican, son autorité tutélaire, à tout le moins sous
un pavillon neutre ou sous celui d’un grand pays arabe, l’Egypte
par exemple, en paix avec Israël, ou encore l’Arabie saoudite,
le principal bailleur de fonds des équipées militaires
américaines dans la zone.
Cette démarche, qui s’est apparentée à une provocation en
raison des destructions infligées au Liban par Israël avec le
soutien des Etats-Unis, a accentué la désaffection dont il fait
l’objet au point que le Vatican a mis en route une procédure
pontificale visant à prévenir un éventuel déraillement de cet
octogénaire prélat, plus préoccupé à obtenir un sauf conduit
pour les soldats perdus du Général félon Antoine Lahad, le
supplétif patenté de l’armée israélienne, qu’à témoigner la
moindre solidarité à l’égard des Palestiniens tant à l’égard des
exactions commises à leur encontre qu’à l’encontre des Lieux
Saints de Jérusalem, chrétiens ou musulmans.
Circonstance aggravante qui témoigne de son aveuglement néo
conservateur, le patriarche Sfeir, contrairement à tous les
usages, sera le seul dignitaire religieux libanais à s’abstenir
de se faire représenter aux obsèques du guide religieux de la
communauté chiite, Cheikh Mohamad Hussein Fadlallah, le 6
juillet 2010, séquelle d’une polémique entre les deux hommes de
religion, un geste particulièrement malvenu dans un pays dont le
pouvoir clérical repose sur un substrat communautaire (3).
Traumatisé par l’auto décapitation de ses chefs
charismatiques, le leadership chrétien, principalement maronite,
a longtemps balancé entre patriarcat et matriarcat, entre la
référence constante au chef spirituel de la communauté maronite,
le Patriarche Sfeir, et le tempo politique imposé par les veuves
des présidents assassinés du Liban, Bachir Gemayel et René
Mouawad, soutenu à distance par Mme Samir Geagea, l’épouse du
dirigeant des Forces Libanaises (milices chrétiennes) incarcéré
au Liban. Signe certain d’un désarroi, l’absence de
renouvellement du personnel politique s’est traduite par le
retour du religieux en tant que substitue au politique et de la
féodalité clanique, en guise de leadership. Le retour d’exil du
président Amine Gemayel et du général Michel Aoun, chef de la
principale formation chrétienne, ainsi que la libération de la
prison de chef milicien Samir Geagea, à la suite de l’assassinat
de Rafic Hariri, en juin 2005, a renvoyé le pouvoir matriarcal à
ses pénates au profit des anciens chefs de guerre.
Les Maronites (4), la plus importante minorité chrétienne du
Liban et non de l’Orient, par un abus de position dominante
conféré par la France en sa qualité de puissance mandataire sur
le Liban et la Syrie, ont procédé à une sorte de captation
d’héritage se présentant comme les dépositaires des intérêts
supérieurs de la chrétienté d’Orient, réduisant la chrétienté
aux seuls intérêts de l’Eglise maronite, confondant en somme
maronitisme et chrétienté, se vivant en maître incontesté du
Liban alors que leur mandat sur l’unique foyer chrétien du monde
arabe aurait dû s’exercer par délégation des autres communautés
chrétiennes arabes.
L’extravagante position de Camille Chamoun, président du
Liban (1952-1958), se refusant seul contre l’ensemble arabe, à
rompre ses relations diplomatiques avec la France, dans la
foulée de l’expédition de Suez, alors que l’Egypte faisait
l’objet d’une agression concertée entre la France, Israël et la
Grande Bretagne (1956) et que l’Algérie ployait sous le joug des
ratonnades coloniales, constituait déjà un indice prémonitoire
de la psychorigidité maronite, de la cécité politique de ses
dirigeants et de la serviabilité extrême dont témoignent des
membres de cette communauté à l’égard des puissances
occidentales particulièrement de la France et des Etats-Unis, se
plaçant paradoxalement en situation de «dhimitude» par rapport à
leurs protecteurs occidentaux, une servitude qu’il dénonçait du
temps de l’époque ottomane.
Les outrances des chefs des congrégations religieuses
maronites durant la guerre civile, notamment les Pères Charbel
Kassis et Boulos Naaman, mus en la circonstance en véritables
chefs de guerre, et, la transformation, dans leur sillage, de
leur ordre religieux en base arrière de la réserve milicienne,
de même que les dérives mortifères des milices chrétiennes, ont
conduit le Vatican, à placer, sous tutelle, le clergé maronite,
et, sa classe politique, sous observation, inquiet des divisions
inter chrétiennes, de leur positionnement dans le conflit
israélo-arabe et de leurs rapports avec le Monde musulman.
Dans un geste d’insubordination à l’ordre papal, Bachir Gemayel
ira même jusqu’à contester le primat pontifical sur l’ordre
chrétien libanais. «Le Vatican doit comprendre que les Chrétiens
libanais ne constituent pas le champ d’expérimentation au
dialogue islamo chrétien. La mission du Liban en tant que
passerelle entre l’islam et la Chrétienté est révolue», assurera
ce chef milicien chrétien à la stratégie suicidaire, au bilan
calamiteux (5), rebelle à l’autorité papale, mais reptile à
l’égard des Israéliens.
Le patriarche Sfeir, élu précisément sur forte suggestion du
Vatican pour remettre dans le droit chemin les ouailles égarées,
versera dans les mêmes égarements, s’alignant invariablement sur
les milices libanaises et la stratégie israélo – américaine dans
la zone, au grand dam des congrégations soucieuses de prévenir
les errements antérieurs.
Jamais pourtant séquence n’avait été aussi favorable à la
réhabilitation patriotique du leadership maronite et de
l’intelligentsia chrétienne. Pour la première fois, en effet,
une occasion historique s’offrait de mettre en échec les menées
« impérialistes » dans la zone avec l’Amérique embourbée en Irak
et en Afghanistan, et, Israël déconsidéré au Liban. Plutôt que
de se joindre aux forces de la contestation, à tout le moins de
s’abstenir ou de mettre en garde contre les dérives de
l’unilatéralisme et de l’inconditionnalité pro israélienne des
Occidentaux, le leadership maronite traditionnel secondé par des
intellectuels chrétiens, transfuges de la gauche, -le
journaliste Samir Kassir, le politicien Samir Frangieh
(trotskyste), et le mollasson communiste Elias Attallah-,
choisiront d’accompagner le diktat de l’imperium israélo
américain, signant par là même leur suicide politique, et, pour
certains d’entre eux, leur homicide.
L’inculpation début juillet 2010 de plusieurs officiers
supérieurs chrétiens de même que des cadres supérieurs exerçant
des responsabilités sensibles à un poste stratégique de leur
entreprise de communications pour «intelligence avec l’ennemi»,
au même titre que la formation d’une armée de supplétif sous
commandement chrétien au service des israéliens durant la guerre
civile libanaise (1975-1990), ont alimenté la suspicion sur la
loyauté des chrétiens arabes à leur environnement avec ses
conséquences corrosives sur le sort des chrétiens dans le monde
arabe. La déposition de Jeremy Feltman, N° 2 du département
d’Etat, devant le sénat américain, le 22 juin 2010, révélant le
montant des subsides versées par l’administration américaine
depuis 2006 à des personnalités libanaises, de l’ordre 500
millions de dollars, soit 150 millions de dollars par an, dans
l’unique but de contrer le Hezbollah libanais, ont fait
converger les regards vers Samir Geagea tant cet homme, faute
d’héritiers, reste à l’affût d’un rôle générateur de prébendes
et de dividendes aussi bien politiques que financiers.
Unique dirigeant libanais condamné pour assassinat, amnistié
et non blanchi, Samir Geagea s’est ainsi substitué au chef druze
Walid Joumblatt, de nouveau domestiqué par les Syriens, dans une
posture de nuisance assumée pour le compte du camp occidental.
En tournée en Egypte, en France et aux Etats-Unis, en juin 2010,
l’homme lige des Israéliens n’aura de cesse de plaider pour la
neutralisation de l’armement du Hezbollah, à un moment
particulièrement critique de la conjoncture régionale, alors
qu’un contentieux sur la répartition des zones de prospection
off shore au large des côtes libanaises et israéliennes se
développait entre les deux pays. Il plaidera, de même, avec la
même constance, la neutralisation du réseau de transmission de
la milice chiite, en pleine tempête judiciaire consécutive au
démantèlement du réseau pro israélien.
L’un des inculpés, Charbel Qazzi, en poste depuis quatorze ans
dans les télécommunications, est accusé par la justice militaire
d’avoir connecté le réseau de la téléphonie mobile de sa firme
Alpha, au réseau des services israéliens, répercutant l’ensemble
du répertoire de ses abonnés et de leurs coordonnées
personnelles et professionnelles, y compris bancaires, de même
que leur communications à un pays, officiellement en guerre au
Liban et qui n’a cessé ses incursions militaires contre le
Liban. Nul interlocuteur n’a entendu Samir Geagea apporter son
soutien aux revendications libanaises concernant son droit à
l’exploitation de ses ressources énergétiques, pas plus que de
réclamer le châtiment de l’espion libanais, accréditant l’idée
d’un mercenaire à la solde des menées israélo occidentales.
Raymond Eddé, l’antithèse des chefs de guerre
Du magma libanais, un homme se distinguera, toutefois, à
distance: l’exilé de Paris, Raymond Eddé, figure de proue des
Chrétiens modérés, l’antithèse des chefs de guerre, grands ou
petits qui ont sillonné le pays pendant les quinze ans de la
guerre civile libanaise (1975-1990). Cassandre du Liban, ses
prophéties se sont vérifiés cruellement. En 1975, il se dressera
contre la partition du Liban, projet qu’il prêtera à Henry
Kissinger, secrétaire d’état américain, dont il dénoncera
quotidiennement les menées. Au péril de sa vie, il fustigera
tout à la fois l’aventurisme belliqueux des dirigeants
maronites, les débordements palestiniens ainsi que les menées
syriennes et israéliennes sur son pays. Opposant irréductible à
la violence inter factionnelle pour la résolution du conflit
libanais, M. Eddé sera le symbole de la fraternité islamo
chrétienne et de l’indépendance nationale, sa résidence de
Beyrouth Ouest, en zone palestino progressiste, ne désemplira
pas de réfugiés de toutes confessions, fuyant les exactions.
Les Phalangistes, d’abord, les Syriens, ensuite, tenteront de
réduire au silence ses propos prémonitoires. Au terme d’une
troisième tentative d’attentat, en décembre 1976, M. Eddé se
décidera à l’exil, à Paris, d’où, pendant 23 ans, en réserve de
la République, il dénoncera les forfaits des dirigeants
libanais. Raymond Eddé survivra à tous ses rivaux chrétiens
aussi bien Pierre Gemayel, le fondateur du parti phalangiste,
que son fils Bachir que le président Camille Chamoun, dont il
aura été méthodiquement la cible de leurs attentats.
Il décédera, à 87 ans, le 10 mai à Paris, à quinze jours de la
réalisation de l’un de ses vœux le plus cher, le retrait
militaire israélien du Liban, la condition sina qua non de son
retour au pays natal. Un dégagement obtenu par les coups de
butoir du nouveau venu sur la scène publique libanaise, le
Hezbollah libanais, la formation politico militaire chiite, dont
il nourrissait de vives sympathies pour ses exploits militaires.
Ses obsèques donneront lieu à une belle démonstration d’unité
nationale, comme la marque d’un acte de contrition des anciens
saigneurs de guerre, dont l’aveuglement et la servitude aux
intérêts étrangers auront durablement sinistré le Liban et au
delà la chrétienté d’Orient.
La mise à l’index du président Emile Lahoud (2005-2008), «un
résistant par excellence».
La mise à l’index de l’unique président chrétien du Monde
arabe, par les puissances occidentales, dans la foulée de
l’assassinant du premier ministre libano saoudien, le
milliardaire Rafic Hariri, a achevé de convaincre les principaux
chefs chrétiens, particulièrement la hiérarchie militaire de
l’urgente nécessité de briser l’emprise de l’ordre milicien sur
la vie publique, et, à reconsidérer leur alliance exclusive avec
l’Occident dont ils en ont lourdement pâti sans contrepartie.
Le Liban constitue une singularité dans le Monde arabe.
Présidé par un chrétien, il est néanmoins membre de
l‘organisation de la conférence islamique (OCI) qui regroupe
cinquante cinq pays musulmans. Aucun pays arabe ni musulman,
quelque soit son contentieux avec le Liban ou avec son
président, quelque soit son degré d’allégeance à l’Occident, n’a
suivi les consignes de boycott décrété par les pays occidentaux,
un indice du décalage dans la perception des choses entre arabes
et occidentaux.
Héritier d’une lignée militaire qui s’est distinguée par
l’originalité de sa pensée- son père et son oncle, Jamil et
Nassib Lahoud, ont été des officiers supérieurs professant des
idées nationalistes, Emile Lahoud puise sa force dans
l’assurance que procure une extraction authentiquement libanaise
ancrée dans le terroir et le commandement d’une institution au
rétablissement de laquelle il aura puissamment oeuvré. Sinistrée
par le clanisme et le confessionnalisme, paralysée par ses
divisions durant la guerre, tenue en suspicion par une large
fraction de la population pour son rôle occulte avant-guerre,
l’armée libanaise, celle-là même que ses partisans considéraient
comme «la grande muette» et ses détracteurs comme «la grande
absente», s’est retrouvée en un temps record à pied d’oeuvre
sous son commandement. Un exploit qui constitue un motif de
fierté pour le général Lahoud, la source de son prestige, le
fondement de son pouvoir.
Emile Lahoud sera ainsi le principal obstacle à la mainmise
économique du milliardaire libano saoudien sur le Liban. Un des
rares personnages publics libanais de premier plan à n’avoir pas
succombé aux séductions matérielles de M. Hariri, il disposera,
de ce fait, d’une autonomie de décision, qui en feront son
principal contestataire.
Fondateur de la nouvelle armée libanaise cimentée par une
nouvelle doctrine stratégique privilégiant la riposte à Israël,
le général rompra avec le défaitisme ambiant de l’ère post
indépendance qui réduisait l’armée à un rôle parasitaire. Le
démantèlement d’un réseau d’agents israéliens au sein de la
hiérarchie militaire libanaise justifiera cette drastique
mutation. Logé, nourri, blanchi, instruit, pendant 40 ans, aux
frais d’un contribuable libanais saigné à blanc par une guerre
civile corrosive, ce quarteron d’officiers d’une armée longtemps
garde frontière d’Israël et super gendarme de la répression
sociale libanaise, révélera la fêlure morale d’une frange de
l’élite libanaise, en même temps que leur ingratitude à l’égard
de leur pays. Leur servilité à l’égard d’Israël, le plus
impitoyable des ennemis du Liban, marquera du sceau de l’infamie
cette posture d‘une indignité nationale absolue. Elle donnera a
posteriori raison au général Lahoud contre ses détracteurs.
Véritable vainqueur moral de la guerre du Liban par sa
gestion transcontinentale de sa relation stratégique avec le
Hezbollah, le fer de lance du dégagement israélien du sud Liban,
le président Lahoud a propulsé son pays à la fonction de curseur
diplomatique régional, et dans l’histoire du conflit
israélo-arabe, le standard libanais au rang de valeur d’exemple,
tant cet exploit a revêtu dans la mémoire collective arabe un
impact psychologique d’une importance comparable à la
destruction de la ligne Bar Lev, lors du franchissement du Canal
de Suez, lors de la guerre d’octobre 1973.
Au regard de cet état de service, il fera l’objet d’une
offensive médiatique dans les pays occidentaux en vue de le
discréditer. Ostracisé pendant deux ans, il quittera ses
fonctions à l’expiration de son mandat, rare dirigeant du tiers
monde à renoncer au pouvoir dans les formes et dans les délais,
selon les prescriptions constitutionnelles, non sans avoir
auparavant assuré une couverture diplomatique au Hezbollah
libanais lors de la guerre destruction israélienne du Liban, en
juillet 2006, préfigurant l’alliance entre la formation chiite
et le général Michel Aoun, le chef de la principale formation
chrétienne.
Décrié pour sa placidité, le Général Lahoud savourera,
entre-temps, avec une délectation à peine dissimulée, les
mésaventures de son homonyme parisien, issu de la branche
cadette de la famille, IMAD Lahoud –littéralement Général
Lahoud- ancien boursier de la Fondation Hariri et protégé du
monde interlope de la chiraquie, dans l’affaire Clearstream.
Sous une apparence d’impassibilité, le président libanais se
réjouira de la libération des quatre officiers supérieurs
libanais abusivement incarcérés lors de l’enquête préliminaire
sur l’assassinat de Rafic Hariri et vivra comme une légitime
revanche la traduction en justice de Jacques Chirac, premier
président français depuis le Maréchal Philippe Pétain en 1946 à
comparaître en justice, alors que tous ses anciens détracteurs
libanais, Saad Hariri, le nouveau premier ministre, et, Walid
Joumblatt, chef druze du parti progressiste, retrouvaient le
chemin de Damas et que l’ancien transfuge bassiste Abdel Halim
Khaddam, vice président syrien, vidait en justice sa querelle de
domiciliation avec la famille Hariri.
Hassan Nasrallah réhabilitera le président Lahoud de son
action, le gratifiant du titre de «résistant par excellence»
lors de la célébration de la divine victoire, comme un pied de
nez à son ancien rival français, Jacques Chirac, en délicatesse
désormais avec la justice de son pays, déconsidéré pour sa
posture de pensionnaire à titre posthume de son ami assassiné,
deux dirigeants davantage préoccupés durant leur mandat à
«patrimonialiser» les rapports d’état entre la France et le
Liban, au détriment des intérêts des deux pays, au mépris de
leur histoire multiséculaire.
L’éloge rarissime d’un homme avare de ses propos, sans
complaisance, au chef militaire stoïque dans l’adversité
retentira comme un camouflet pour tous ses détracteurs. Elle
distinguera le Président Lahoud comme le vainqueur moral du duo
Chirac Hariri, un tandem à tous égards corrosifs.
Protectrice des chrétiens d’Orient, la France a
institutionnalisé et instrumentalisé le communautarisme tant au
Liban que dans l’ensemble des pays sous son mandat, au mépris du
principe de la laïcité et de la séparation de l’Eglise et de
l’Etat, pourtant un des principes fondateurs de la République
française, au nom de la préservation de prétendus intérêts
supérieurs du pays.
La mise à l’index du président Lahoud n’est pas un cas isolé.
Il en a été auparavant de même du génocide impuni des Arméniens
par les Turcs qui verra la France gratifier de son forfait la
Turquie, en détachant le District d’Alexandrette de la Syrie
pour l’offrir à celui qui était son ennemi de la première guerre
mondiale de surcroît auteur du premier génocide du XX e siècle,
une opération qui s’est révélée une aberration de l’esprit
vraisemblablement unique dans l’histoire du monde, pathétique
illustration d’une confusion mentale au nom de la préservation
de prétendus intérêts supérieurs de la nation au détriment de la
victime. Comprenne qui pourra.
II- La «déconcertante alliance» du Hezbollah et du
général Michel Aoun (6)
La «déconcertante alliance» du Hezbollah libanais et du général
Michel Aoun, pour reprendre l’expression des analystes
occidentaux, apparaît dans cette perspective comme la résultante
et la réplique de la «déconcertante attitude» des Occidentaux à
l’égard des aspirations du monde arabe, particulièrement en ce
qui concerne la Palestine. Sur le plan interne libanais, elle
constitue l’alliance de revers à la «déconcertante alliance»
entre les sunnites libanais et les anciens chefs maronites des
milices chrétiennes, dont l’office de requiem célébré à la
mémoire de Rafic Hariri à l’Eglise maronite de Paris, dans la
semaine qui a suivi l’assassinat du milliardaire libano
saoudien, a scellé dans l’ordre symbolique le double ralliement
du clan Hariri au «maronitisme politique», et de la frange pro
américaine des Maronites à l’Islam Wahhabite, signant par la
même le dégagement des sunnites du combat nationaliste, au
profit des chiites, set la relégation des maronites au rôle
d’appoint de la stratégie saoudienne.
La «déconcertante alliance» Aoun Hezbollah est en fait
l’alliance de deux personnalités d’extraction modeste, issues de
la banlieue populeuse de Beyrouth, respectivement Haret Hreik
pour le chrétien et Bourj Brajneh pour le chiite, deux
dirigeants d’envergure nationale, dotés du sens du devoir et des
responsabilités.
Une alliance, en tout état de cause, infiniment moins
extravagante que l’invraisemblable alliance sulfureuse entre le
défenseur du «foyer chrétien» au Liban, Samir Geagea, à
l’aventurisme toujours si mal inspiré, et, les Salafistes
wahhabites de Tripoli (Nord Liban), propagateurs zélés du projet
de création d’un «Emirat islamique» au Liban, en contradiction
avec les intérêts généraux à long terme de la chrétienté.
Une alliance d’autant plus impérieuse pour «préserver le
caractère arabe», tant du Liban que de l’Irak, face aux menées
des supplétifs d’Israël dans le Kurdistan irakien et au sein des
fractions irrédentistes chrétiennes, comme en témoigne
l’inculpation d’une brochette d’officiers supérieurs de l’armée
pour «espionnage au profit d’Israël ».
L’alliance Hezbollah Michel Aoun a brisé stratégiquement le
clivage confessionnel islamo chrétien de l’équation libanaise,
de la même manière que l’alliance Syrie -Iran a brisé le clivage
ethnique arabo persique de la rivalité régionale entre les deux
chefs de file de l’Islam, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran
chiite.
Le cas du général Aoun n’est pas unique: Tous les chefs
militaires chrétiens, le président Emile Lahoud, le général
Michel Sleimane, président de la république, leur successeur, le
nouveau commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, de même que
d’éminentes personnalités civiles, le chef chrétien du nord
Liban, Souleimane Frangieh, l’économiste de renom Georges Corm,
l’historien Gérard Khoury, toute une cohorte de technocrates
révulsés par la féodalité clanique des «seigneurs de la guerre»
chrétiens ont emprunté le même chemin tant par lassitude de
l’aventurisme des milices chrétiennes qui ont longtemps bridé
l’armée pour s’emparer du butin de la guerre, que pour les
résultats catastrophiques que cet aventurisme a produit sur le
statut des chrétiens d’Orient, notamment le déclassement des
prérogatives constitutionnelles du pouvoir maronite lors de
l’accord de Taëf (Arabie saoudite) portant règlement de la
guerre inter factionnelle libanaise (1975-1990), que tant enfin
par le constat qu’ils en ont fait de leur alignement occidental.
Un constat sans équivoque, tiré des enseignements de
l’histoire récente, d’une analyse concrète d’une situation
concrète: Tous les grands exodes des chrétiens d’Orient auront
été consécutifs à des opérations occidentales. Il en été de la
création d’Israël qui a produit un fort exode des chrétiens
palestiniens (vers la Californie et l’Amérique latine), comme de
la guerre civile interlibanaise (guerre dérivative à l’échec
américain au Vietnam) qui a provoqué un fort exode des chrétiens
libanais vers le Canada, l’Australie, la France et les deux
Amériques, comme de l’invasion américaine de l’Irak qui a
provoqué un fort exode des chrétiens irakiens (assyro
chaldéens). Comme il en a été auparavant du génocide arménien
qui a produit un fort courant d’émigration des arméniens
chrétiens vers la France, les Etats Unis et le Liban, alors que
la Turquie non seulement gratifiée par la France du district
d’Alexandrette, était hissée au rang de partenaire majeur de
l’Occident au sein de l’Otan face au monde arabe et à l’Union
soviétique à l’époque de la guerre froide soviéto-américaine
(1945-1989).
Au vu de ce bilan, la conclusion s’imposait sans appel à
savoir que les chrétiens arabes auront toujours été les grands
sacrifiés au bénéfice de la stratégie israélo américaine et
qu’il importait désormais que le sort des chrétiens arabes soit
scellé dans son ancrage avec son environnement arabe, tant il
est vrai que les chrétiens arabes n’ont pas vocation à devenir
une diaspora complémentaire des diasporas dans les pays
occidentaux, à titre de vestige d’une civilisation perdue.
Le président Emile Lahoud et le général Michel Aoun feront
d’ailleurs office de «sas de sécurité» diplomatique au Hezbollah
lors de la guerre israélienne contre le Liban, compensant
l’allégeance ultra occidentale des autres protagonistes,
prévenant une dérive inter confessionnelle du conflit de l’été
2006. L’engagement de ces deux chefs militaires chrétiens dans
leur rôle d’ombrelle protectrice des combattants chiites en
guerre contre Israël a ainsi lavé la souillure infligée aux
Libanais par Samir Geagea et ses acolytes des milices
chrétiennes du fait de leur collusion avec l’Etat hébreu.
Pour que la terre d’Orient demeure le foyer bimillénaire d’un
pluralisme religieux, constituant un véritable message de
respect et de tolérance pour l’ensemble du monde, il importe
dans cette optique que le synode des églises d’Orient, le
premier de l’histoire contemporaine, intègre les nouveaux
paramètres de la géostratégie mondiale.
Le Liban (Foyer chrétien), point de transaction entre l’Islam et
l’Occident visant à soutenir l’expansion coloniale européenne du
temps où l’Europe était le centre du Monde, est désormais
supplanté par Israël (foyer juif), point de confrontation entre
l’Islam et l’Occident du fait de la prépondérance de la vision
christiano sioniste néo conservatrice américaine dans la
vertébration de la pensée stratégique occidentale qui sous tend
l’axe israélo américain.
La prise de conscience tardive mais salutaire du Vatican de
l’ancrage des chrétiens orientaux dans leur environnement arabe
devrait lever le tabou qui frappait la constitution de
plateformes politiques trans religieuses et transnationales à
l’effet de dépasser le clivage religieux, dont la forme la plus
achevée aura été le mouvement nationaliste arabe, -sans assises
étatiques contrairement au Baas syrien et irakien ou au
nassérisme égyptien-, farouchement combattu par les pays
occidentaux et Israël en ce qu’il dépassait le cadre étriqué du
communautarisme politique, le terreau de leur influence
politique.
Pour que la lutte commune contre l’intégrisme puisse être
mise en route, selon les vœux du Vatican, il importe que la
chrétienté d’Orient, à tout le moins une fraction d’entre elle,
opère un repositionnement sur son environnement arabe, renonçant
à son alignement inconditionnel sur les pays occidentaux, en y
distendant quelque peu son lien faussement ombilical avec
l’Occident, symétriquement à une démarche de l’Islam sunnite,
dominant dans le monde arabe et musulman, de s’appliquer,
parallèlement, ses propres préceptes qui firent sa gloire et sa
réussite du temps de la conquête arabe, un principe de saine
gouvernance dans une société pluraliste, lointaine préfiguration
de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, fondement du principe
de la laïcité, à savoir: الدينُ للّه والوطَن للجميع
Ad Dine Lillah Wal Watan Li Jamih (La religion relève de Dieu et
la Nation appartient à toutes les composantes de sa population).
Sauf à vouloir provoquer l’exode final des chrétiens arabes,
le leadership chrétien libanais, en particulier maronite, serait
avisé de se vivre non comme la pointe avancée de l’Occident en
terre arabe, mais plutôt comme exerçant son pouvoir
symboliquement par délégation des autres communautés chrétiennes
du monde arabe, et de prendre la mesure du fait que ses options
se répercutent d’une manière ou d’une autre sur ses
coreligionnaires.
Sauf à considérer la chrétienté comme relevant du patrimoine
exclusif de l’Occident, la vocation première des chrétiens
arabes est d’être partie pleinement prenante au combat national
arabe pour la sécurisation de l’espace nationale arabe, et non
comme le fer de lance du combat pour leur soumission à l’ordre
américain, une fonction dévolue traditionnellement à Israël dont
ils seraient à nouveau les supplétifs déconsidérés de la même
manière que le sont aujourd’hui les Kurdes d’Irak à la suite de
l’invasion américaine de l’Irak.
La démocratisation de la vie arabe sera l’oeuvre des Arabes
ou ne sera pas. En aucun cas, elle ne devra se faire à l’ombre
des baïonnettes américaines ou israéliennes. En tout cas,
certainement pas avec les chrétiens arabes dans le rôle de
contremaîtres. Il est des blessures qui s’ulcèrent avec le temps
au lieu de cicatriser. L’histoire est comptable des
comportements désinvoltes lourds de servitudes futures.
La leçon vaut aussi bien pour les «martyrs» Bachir Gémayel et
Rafic Hariri, Gébrane Tuéni et Samir Kassir, que pour les
survivants Samir Geagea et Johnny Abdo, excroissance de l’ordre
milicien chrétien et interface des services américains depuis
trente ans, de même que pour la brochette d’officiers supérieurs
du haut commandement militaire, le Général Ghassan el Jidd, chef
d‘état major adjoint, le Général Fayez Karam, (renseignement
militaire, le Général Adib al Alam (sûreté générale), le Colonel
Mansour Diab (forces spéciales des commandos de marines), le
commandant Antoine Abou Jaoudeh, taupes israéliennes confondues
dans le même opprobre de l’indignité nationale, au même titre
que le supplétif en chef des Israéliens, le général Antoine
Lahad, désormais paria dans son propre pays.
Références
1- Cf. à ce propos le
martyrologe chrétien libanais entre culte du martyr et
instrumentalisation d’une rente de situation
- http://www.renenaba.com/?p=239
2- Rplfrance.org -24 avril 2010- Saad
Hariri en vacances et Sfeir pour la désunion: Voilà plus de deux
mois que le député désigné Saadeddine Hariri tourne en rond pour
former le gouvernement. Il est vrai qu’il n’a pas eu encore le
feu vert de son mentor saoudien. Pour passer le temps, il prend
des vacances, tantôt en France, tantôt en Arabie Saoudite. Le
milliardaire saoudo libanais n’a que l’embarras du choix entre
ses multiples demeures dorées. La famille Hariri s’est même
offerte le luxe de prêter son appartement parisien au président
Chirac. Pour faire patienter les Libanais, ses meutes et médias
achetés et dévoués s’acharnent sur le Général Aoun l’accusant de
tous les maux. C’est le moment que choisit le patriarche Sfeir
pour s’immiscer dans le débat politique. Après avoir jeté
l’anathème sur une grande majorité des Libanais à la veille des
élections législatives, le chef religieux se déclare contre un
gouvernement d’union nationale. Le patriarche est pour la
désunion. Au lieu que le berger prêche le rassemblement, il met
à l’index une grande partie de la communauté qu’il est censé
représenter. Le patriarche parle de majorité et d’opposition,
d’élections législatives et de démocratie au lieu de parler de
fraternité et d’amour. Le patriarche préfère visiter le
président français Sarkozy à Paris or nous aurions tant aimé
qu’il accomplisse des visites épiscopales à sa communauté tant
au sud qu’au Nord ou la Bekaa. Et pourquoi pas une visite aux
communautés chrétiennes de Syrie ou d’Egypte? N’est-il pas le
patriarche de tout l’Orient? Il devient vraiment urgent et vital
pour le Liban que la séparation de l’Eglise et de l’Etat ait
lieu. L’Eglise n’a pas à s’occuper des affaires de l’Etat.
Avons-nous oublié ces paroles: « Mon royaume n’est pas de ce
monde. Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu. »
3- CF le journal libanais «Al Akhbar»
du mercredi 7 juillet 2010 «Le Hezbollah reçoit les condoléances
et Walid Joumblatt fait une tournée dans la banlieue sud ». Le 9
Août 2009, Le patriarche Sfeir avait pointé du doigt «les
menaces sur l’identité libanaise» que faisait peser le
comportement de certaines factions libanaises, assurant que la
majorité pro occidentale doit gouverner, sans entrave,
qualifiant le Hezbollah (le parti de Dieu), du terme méprisant
de «Celui que se présente comme un parti de Dieu ». Cheikh
Fadlallah lui avait répliqué contestant à «certains dignitaires
religieux le droit de s’imaginer comme dépositaire de la gloire
du Liban». «La gloire du Liban, seul le peuple combattant et
résistant en est le dépositaire», avait il souligné comme pour
souligner la défection des fractions maronites dans le combat
pour al Libération du sol national. Au lendemain des obsèques de
cheikh Hussein Fadlallah, le conseil des évêques maronites,
avait, toutefois, publié, dans un geste de conciliation, un
communiqué rendant hommage aux qualités du dignitaire chiite.
4- Pour une étude anthropologique du
comportement maronite cf. à ce propos «Du voisin haïssable au
voisin désirable ou les tribulations des maronites en territoire
«voisin», par Roger Naba’a, dans «Liban, chroniques d’un pays en
sursis», ouvrage co-écrit par Roger Naba’a et René Naba,
Editions du Cygne – Janvier 2008.
5- Cf. Antoine Saad «Le livre rouge»
in Le journal al Akhbar 18 septembre 2010, par Ghassane Saoud
«Le Vatican au Kaslik», rendant compte de l’intervention du
Vatican dans le scrutin de ce jour là visant au renouvellement
des chefs des congrégations religieuses maronites.
6- Michel Aoun – Traité avec
désinvolture durant son exil parisien, le chef chrétien en a
conçu une amertume certaine lorsque les pouvoirs publics
français ont tenté de le dissuader de rentrer à Beyrouth pour ne
pas faire ombrage à Hariri, l’ami de Jacques Chirac. Dès son
retour à Beyrouth, le général Aoun avait d’ailleurs proposé un
pacte quadripartite (Hariri, Joumblatt, Hezbollah et lui) pour
gérer le pays après l’assassinat de l’ancien premier ministre
libanais saoudien. Aiguillonné par le président français,
l’Arabie saoudite et Condoleeza Rice, secrétaire d’état
américain, le successeur désigné de Hariri son fils Saad en
tandem avec le transfuge socialiste Walid Joumblatt a refusé
l’offre pour conserver une cohérence à la coalition pro
occidentale et de ne pas évincer du jeu politique libanais les
milices chrétiennes pro américaines et pro israéliennes (Samir
Geagea, la famille Gemayel (Amine, Pierre, Nadim et Sami), ainsi
que Nayla Mouawad, veuve du président assassiné René Mouawad).
Cette attitude a été jugée incompréhensible par le Général Aoun
lorsque l’on songe qu’il avait tout de même témoigné devant le
congrès américain lors du débat sur la Syrian Accountability Act.
La pactisation avec l’ennemi officiel du Monde arabe (Israël)
équivalait à l’époque à la peine capitale: Anouar el Sadate
(Egypte), Bachir Gemayel (Liban) auparavant le roi Abdallah I de
Jordanie (en 1948), en ont fait la tragique expérience.
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Publié le 22 octobre 2010 avec l'aimable autorisation de René Naba.
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