RIA Novosti
Iran: la pression
monte
Piotr Gontcharov
Photo RIA Novosti
Mardi 28 juillet 2009 Nous sommes désormais quasiment habitués
aux images des manifestations de l'opposition iranienne et de
leur dispersion par la police. Mais derrière ces images se cache
la crise politique qui ronge l'actuelle administration
iranienne. Or, de la politique intérieure dépend la politique
extérieure, et notamment le conflit international autour des
programmes nucléaires de Téhéran.
La récente démission de quatre ministres (Culture, Travail,
Santé et Renseignements) et le fait que le premier
vice-président Rahim Mashaie a été limogé par le leader
spirituel iranien Ali Khamenei en personne témoignent que ce
dernier n'est plus à même de défendre son protégé, Mahmoud
Ahmadinejad. Cela signifie qu'est en train de mûrir au sein du
club des ayatollahs une opposition non seulement à Ahmadinejad,
mais à Ali Khamenei lui-même. A l'heure actuelle, l'opposition
au groupe au pouvoir est constituée de forces "modérées",
représentées par d'anciens présidents - l'ayatollah Hashemi
Rafsanjani et l'ayatollah Khatami - et l'ancien premier ministre
Mir Hossein Moussavi.
Ahmadinejad fait tout son possible pour sauver le régime.
Mais en combattant cette "récidive des révolutions de velours",
il doit faire face à une forte pression internationale.
L'administration de Barack Obama, selon les propos que vient
de tenir à Jérusalem Robert Gates, espère recevoir d'ici la fin
septembre la réponse de Téhéran à sa proposition concernant le
programme nucléaire iranien. Le Secrétaire américain à la
Défense a rappelé également que les Etats-Unis envisageaient de
protéger Israël de la menace nucléaire, en lui accordant
l'assistance technique et économique nécessaire pour renforcer
sa défense antimissile.
Le président français Nicolas Sarkozy a prévenu Téhéran qu'en
l'absence d'une réponse positive, l'Iran serait confronté à un
isolement international dans tous les domaines. La Russie et les
Etats-Unis ont, pour leur part, imposé à l'Iran des conditions
dures, se montrant unanimes lors d'un point de presse conjoint
en Thaïlande du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et
de son homologue américaine, Hillary Clinton. "Nous attendons
une réponse iranienne aux propositions du groupe "5+1". Nous
appelons l'Iran à la donner le plus vite possible". C'est la
première fois que Moscou et Washington font preuve d'une telle
unanimité sur le problème iranien.
Tout récemment encore, l'atmosphère était plus sereine. Lors
du récent sommet de l'Aquila, les membres du G8 (dont la Russie
et les Etats-Unis) avaient convenu d'attendre jusqu'à septembre
pour décider d'un éventuel durcissement des sanctions.
Rappelons que les propositions en question ont été adressées
à Téhéran en avril dernier, dans le contexte de l'élection
présidentielle qui arrivait. Ces propositions étaient on ne peut
plus intéressantes, de l'avis de la plupart des observateurs.
Elles garantissaient à l'Iran une coopération tous azimuts en
matière de technologies nucléaires, en échange de l'abandon de
son programme d'enrichissement de l'uranium. Téhéran a eu le
temps de les apprécier à leur juste valeur. Ce qu'il a fait, du
reste, à sa manière habituelle.
Immédiatement après le sommet de l'Aquila, Téhéran a déclaré
avoir préparé un paquet de contre-propositions, reflétant non
seulement la manière dont l'Iran appréhende les défis auxquels
le Proche-Orient est confronté actuellement, mais aussi ses
positions dans le domaine de la sécurité et de la politique
régionale.
L'Iran se dit également prêt à discuter avec les Occidentaux
du désarmement nucléaire universel, de la crise économique
mondiale et autres problèmes philosophiques. Bref, Téhéran est
prêt à discuter de tout, sauf des propositions de coopération
que lui a soumises la communauté internationale.
Les processus actuels au sein de l'administration iranienne
témoignent que l'enthousiasme d'avril va decrescendo, peut-être
en raison, notamment, des manifestations de l'opposition et de
la scission au sein du groupe dirigeant.
A quoi mèneront les changements de politique intérieure à
Téhéran ? La réponse n'est pas claire. Peut-on espérer que la
nouvelle administration de Mahmoud Ahmadinejad corrigera ses
positions concernant le programme nucléaire iranien? Nous
n'avons pas de réponse pour l'instant.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2008 RIA Novosti
Publié le 1er août 2009
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