Accueil Actualité IRIB Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Journaux de Cathy et Marc Plateforme tourquennoise Les vidéos Centre d'infos francophone Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité

 

Centre Palestinien
d'Information :




Invitation à lire :





BDS :



Solidarité :



Produits palestiniens :



En direct d'Iran :



Palestine Solidarité
sur Facebook :






Opinion

Bienvenue au printemps kurde
Pepe Escobar


Recep Tayyip Erdogan

Mardi 7 août 2012

Codifiée par Ahmet Davutoglu, ministre des Affaires étrangères, la politique étrangère turque est connue habituellement sous le nom de « zéro problèmes avec nos voisins ». Quand la Turquie a commencé à exiger le changement du régime en Syrie, elle s'est transformée en « problème de premier ordre avec l'un de nos voisins » (même le coriace Davutoglu lui-même a publiquement admis que le changement politique avait échoué).

À présent, dans encore un autre retournement, elle devient « toutes sortes de problèmes avec deux de nos voisins ». La question kurde, tabou ultime d'Ankara, s’ingère inévitablement.

Ankara avait l’habitude de chasser et bombarder systématiquement la guérilla du PKK kurde passant d'Anatolie vers le Kurdistan irakien. Il se pourrait bien désormais qu’elle se positionne pour faire la même chose dans le Kurdistan syrien.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a foncé bille en tête à la télévision turque : « Nous ne permettrons pas à un groupe terroriste d’installer des camps dans le nord de la Syrie et de menacer la Turquie. »

Il faisait allusion au Parti démocratique kurde (PDK) syrien – parti frère du PKK. Après un accord discret avec le régime d'Assad à Damas, le PDK contrôle désormais les régions clés du nord de la Syrie.

Comme ça, Ankara peut fournir une assistance logistique aux dizaines de milliers de « rebelles » syriens de l'OTAN, qui comprennent de nombreux « insurgés » arabo-sunnites inconditionnels, connus antérieurement sous le nom de terroristes. Mais, à partir du moment où les Kurdes syriens – qui font partie de l'opposition syrienne – montrent une certaine indépendance, ils retournent immédiatement à l’état de « terroristes ».

C’est entièrement conditionné par le cauchemar immédiat d'Ankara ; la perspective d'un Kurdistan syrien semi-autonome, très étroitement lié au Kurdistan irakien.

Suivez le pétrole

Ce rapport suédois [1] contient sans doute la meilleure analyse sur l'opposition syrienne hyper-fragmentée. Les « rebelles » sont dominés par le poids lourd en exil du Conseil national syrien et ses milices de style hydre, plus de 100 gangs composant l’armée syrienne pas exactement libre (ASL).

Mais il y a aussi bien d'autres éléments : socialistes, marxistes, nationalistes laïques, islamistes, plus le Conseil national kurde (CNK), une coalition de 11 partis très proche du gouvernement du Kurdistan irakien, et le PDK.

Le CNK et le PDK peuvent se chamailler à propos de tout le reste, mais ils sont fondamentalement d'accord sur l'essentiel : la guerre civile en Syrie ne doit pas toucher le Kurdistan syrien. Après tout, quand il s'agit des aspects pratiques, ils ne sont ni pro-Assad, ni pro-opposition, ils privilégient leurs intérêts kurdes. L'accord a été scellé sous les auspices de leurs cousins, les Kurdes irakiens. Et ça explique pourquoi ils ont désormais le plein contrôle d’une enclave, de facto kurde, dans le nord de la Syrie. Pour autant que la paranoïa turque puisse s’appliquer, elle est longue et sinueuse, la route allant d'une région semi-autonome à un Kurdistan indépendant, réunissant les Kurdes syriens et irakiens – sans mentionner, à long terme, les Kurdes turcs. Mais la moitié d'un possible futur Kurdistan indépendant serait de fait turque. Le cauchemar actuel d'Ankara est que les Kurdes irakiens et syriens les plus proches communiquent la joyeuse agitation aux Kurdes turcs, en Anatolie.

Mais les priorités divergent : pour les Kurdes d'Irak, être indépendants de Bagdad est la seule chose qui compte. Après tout, ils ont un tas de pétrole. D'autre part, le Kurdistan syrien n'en a pas. Ce qui l'exclut de tout rôle dans le Pipelineistan régional.

Cela concerne surtout les deux objectifs stratégiques, les pipelines pétrolier et gazier allant de Kirkouk à Ceyhan – un accord direct entre Ankara et les Kurdes d'Irak, qui, en théorie, court-circuite Bagdad.

Eh bien, pas vraiment. Car Bagdad a clairement fait savoir qu’il n’est pas question que ces pipelines soient opérationnels sans que le gouvernement central en obtienne une tranche assez importante ; après tout, il paie 95% du budget du Kurdistan irakien.

Montrez-moi votre pièce d’identité de terroriste

Massoud Barzani, le président du Kurdistan irakien, a dit à Al-Jazeera [2] que, oui, ils forment les Kurdes de Syrie qui désertent de l'armée syrienne pour défendre leur enclave de facto. C’est Barzani qui a supervisé l'l'accord clé, scellé à Erbil le 11 juillet, qui a conduit les forces d'Assad à se retirer du Kurdistan syrien.

Ce qui est décrit comme des « villes libérées » [3] est désormais « gouverné conjointement » par le PDK et le CNK. Ils ont formé ce qu'ils appellent l'Organe suprême kurde.

On ne peut jamais sous-estimer la capacité des Kurdes à se tirer dans le pied (et ailleurs). Pourtant, on peut aussi imaginer que tout ce frénétique cross-country kurde a de quoi terrifier pas mal de gens à Istanbul et Ankara. Ertuğrul Özkök [4], chroniqueur au quotidien Hurriyet, ne s'est pas trompé : “ Ce sont les Arabes qui se battent et les Kurdes qui gagnent. ” Le printemps kurde est à portée de main. Et il toque déjà aux frontières de la Turquie.

Davutoglu a dû le voir arriver. Quand une ancienne politique étrangère « zéro problème » évolue en sanctuaire pour l’opposition armée à un gouvernement voisin, vous allez forcément avoir des ennuis.

Surtout quand ça commence à vous démanger d’occire les « terroristes » vivant sur le territoire de votre voisin – même si vos alliés occidentaux les considèrent comme des « combattants de la liberté ». En attendant, vous soutenez activement les djihadistes salafistes – les « insurgés » connus autrefois sous le nom de terroristes – allant et venant à travers vos frontières.

Un Erdogan de plus en plus imprévisible a invoqué un « droit naturel » [5] à combattre les « terroristes ». Mais ils doivent d'abord produire une pièce d'identité : Si ce sont des Arabes sunnites, ils s'en tireront. Si ce sont des Kurdes, ils mangeront du plomb.

Traduit par
Pétrus Lombard

Notes

  1. Voir ici.

  2. Les Kurdes irakiens entraînent leurs frères syriens, Al-Jazeera, 23 juillet 2012.

  3. Voir Selon le chef du PDK, les forces Peshmergas du Kurdistan irakien seront appelées en Syrie en cas de besoin, Kurd Net, 26 juillet 2012.

  4. Le printemps arabe s'est transformé en le printemps kurde, Hurriyet Daily News, 27 juillet 2012.

  5. Le premier ministre déclare que l'intervention en Syrie est un « droit naturel », Hurriyet Daily News, 27 juillet 2012.

 

 

   

Les dernières mises à jour



Source : TLAXCALA
http://www.tlaxcala-int.org/...

Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Ziad Medoukh :



Analyses et poèmes...


Silvia Cattori :


Analyses...


René Naba :


Analyses...


Manuel de Diéguez :


Analyses...


Fadwa Nassar :


Analyses et traductions...


Alexandre Latsa :


Un autre regard sur
la Russie ...


Ahmed Halfaoui :


Analyses ...


Chérif Abdedaïm :


Chroniques et entretiens ...