Syrie
Obama applique
Syriana
Pepe Escobar
Samedi 4 août 2012
Pepe Escobar sur
le complot contre la Syrie
Pepe Escobar écrit des articles
souvent très intéressants mais il
utilise une langue si particulière
que je renonce souvent à les
traduire.
J’ai fait un effort particulier pour
celui-ci même si le résultat ne me
satisfait pas. Mais de grâce, M.
Escobar, utilisez une langue plus
simple, plus ordinaire !
Syriana est le titre d’un film
tiré d’un livre de Robert Baer qui
traite de l’industrie du pétrole et
de la politique étrangère des Etats
Unis dans la région du Moyen Orient
et de l’Asie centrale. D’après le
livre, Syriana serait le nom de code
donné par Washington à un projet de
remodelage du Moyen Orient.
Obama applique Syriana
par
Pepe Escobar, Asia Times
(Hong kong) 3 août 2012 traduit de
l’anglais par Djazaïri
Il aura fallu un bon moment pour que
Reuters soit autorisée à rapporter
que les président US Barack Obama
avait approuvé une instruction
secrète autorisant la Central
Intelligence Agency (CIA) à apporter
un large soutien aux «rebelles»
armés qui combattent pour un
changement de régime en Syrie.
En fait, même les pêcheurs des îles
Fidji connaissaient ce «secret»
(sans oublier que tout un chacun en
Amérique latine sait une ou deux
petites choses sur les pratiques de
changement de régime par la CIA).
Reuters présente avec prudence le
soutien comme «circonscrit.» C’est
le code pour « diriger depuis les
coulisses.» [leading from behind]
Chaque fois que la CIA veut
organiser la fuite d’une quelconque
information, elle passe par un
scribe dévoué comme David Ignatius
du Washington Post. Le 18 juillet
déjà, Ignatius reproduisait son
briefing selon lequel «la CIA
travaillait avec l’opposition
syrienne depuis plusieurs semaines
avec l’opposition syrienne dans le
cadre d’une directive non-létale… De
nombreux agents des services secrets
israéliens opèrent aussi le long de
la frontière syrienne même s’ils
font profil bas.»
Comme c’est charmant. Jusqu’à quel
point fait-on profil bas aux
frontières syriennes ? Sur un
Instagram au milieu d’un groupe de
chauffeurs de camions souriants ?
En ce qui concerne le «profil bas »
du Mossad, le truc à Tel Aviv est de
dire qu’Israël est capable de
«contrôler » les nuées de wahabbites
ultras et de djihadistes-salafistes
qui infestent désormais la Syrie.
Même si c’est une ineptie manifeste,
une chose est parfaitement claire :
Israël flirte avec les islamistes du
style al Qaïda.
Ce qui signifie que la Armée
Syrienne pas exactement libre Libre
(ASL), bourrée de Frères Musulmans
jusqu’au-boutistes et infiltrée par
des salafistes djihadistes suit
l’agenda non seulement de ceux qui
la financent et l’arment – la
monarchie saoudienne et le Qatar –
mais aussi ce Tel Aviv aux côtés de
Washington et de ses caniches
attitrés à Londres et à paris. Ce
n’est donc pas qu’une guerre par
procuration – ce sont plusieurs
guerres par procuration
concentriques.
Le triangle de la mort
L’objectif de Tel Aviv est clair; un
gouvernement syrien affaibli, une
armée épuisée et en désarroi, la
haine sectaire partout et une
tendance irrésistible à la
balkanisation. Le but ultime n’étant
pas seulement la libanisation, mais
la somalisation de la Syrie et de
ses environs.
L’objectif de la Turquie demeure
incroyablement obscur – en dehors du
vœu pieux d’une Syrie pos-Assad qui
deviendrait une version douce et
civilisée du règne de l’AKP à Ankara
(ce qui n’arrivera pas).
Ainsi que la rapporté ATol il y a
des mois maintenant, l’OTAN possède
depuis un moment un centre de
commandement à Iskenderun dans la
province de Hatay. Reuters a
récemment eu connaissance d’une
nouvelle base «secrète»
turco-saoudo-qatarie à Adana, à 100
kilomètres de la frontière avec la
Syrie. Il se trouve qu’Adana
accueille l’immense base de l’OTAN
d’Incirlik. Une source locale d’ATol
a signalé des mouvements intenses de
cargos à Incirlik sur plusieurs
semaines.
C’est le vice ministre Saoudien des
affaires étrangères, Abdulaziz bin
Abdullah al-Saud, qui avait demandé
en personne l’établissement de cette
base, à la plus grande satisfaction
d’Ankara.
Ankara-Riad-Doha ; on peut parler
d’un triangle de la mort. Mais même
le discours officiel à Qatar est du
genre « diriger en coulisse.» La
Turquie fait le gros boulot
militaire ; la CIA «n’intervient
pas» et le Qatar se contente de
prendre des photos comme n’importe
quel touriste innocent (alors qu’il
dirige les opérations via ses
renseignements militaires).Ceux qui
font le gros travail sont des
«intermédiaires» non spécifiés.
Obama n’a pas autorisé l’utilisation
offensive de drones – pas encore –
et la CIA ne fournit peut-être pas
d’armes aux «rebelles ;» c’est le
job du «triangle de la mort.» Un
afflux de lance-roquettes RPG russes
achetés au marché noir a été
responsable des récentes poussées
«rebelles» à Damas et à Alep.
Désormais, on doit s’attendre à un
afflux de missiles sol-air et
antitanks pour l’ASL – livrés via,
nulle part ailleurs que la Turquie.
Le Qatar et l’Arabie Saoudite ne
font pas de prisonniers. Personne à
Washington ne semble vouloir jeter
un regard rétrospectif sur
l’Afghanistan post-djihad avant de
prendre des décisions. D’ailleurs,
c’en en tout point une réédition du
djihad afghan des années 1980 – avec
l’Arabie Saoudite et le Qatar jouant
le rôle du Pakistan, l’ASL celui des
glorieux moudjahidine ou
«combattants de la liberté» et Obama
celui de Ronald Reagan ; la seule
pièce qui manque est un «mémorandum
de notification» approuvé par Obama
pour amer les rebelles et mettre en
action des nuées de drones.
C’est la recette actuelle pour un
méga-succès certifié pour 2013 à
Hollywood.
De son côté, Riad force le roi
Playstation de Jordanie à créer une
zone tampon dans son territoire pour
la centaine de bandes que comprend
l’ASL – ainsi qu’on l’a appris par
le journal al-Quds al-Arabi financé
par l’Arabie Saoudite. Et devinez
qui est l’homme de main qui a forcé
l’accord ? Nul autre que
l’évanescent chef des services
secrets saoudiens, le prince Bandar
qui a peut-être (ou pas) été tué
dans un attentat à la bombe il y a
deux semaines(voir Where is Prince
Bandar?,
Asia Times Online, August 2, 2012).
La Grande Faucheuse gagne, faut-il
le rappeler jusqu’au moment où la
Grande Faucheuse doit récolter ; de
spectaculaires retours de bâton
s’annoncent.
Alep va connaître un siège prolongé.
La «base secrète » de l’OTAN-Conseil
de Coopération du Golfe en Turquie
plus des armes disponibles pour tous
donnent de la force à un mélange
extrêmement virulent fait de jeunes
sunnites Syriens semi-illettrés, de
déserteurs sectaires avides de tuer,
de toutes sortes de délinquants et
de djihadistes-salafistes
multinationaux. Cette
vidéo montre tout ce qu’il y a à
savoir sur l’ASL. Et
ceci montre le genre de
démocratie qu’ils veulent.
Les wahhabites Saoudiens veulent une
Syrie islamiste dure – avec des
Chrétiens, des Alaouites, des Druzes
et des Kurdes comme citoyens de
troisième zone (ou premiers
candidats pour passer sur le
billot). Les Qataris veulent un
protectorat gouverné par les Frères
Musulmans.
Les concepteurs de la politique
étrangère de l’administration Obama
doivent être sur une expérimentation
(foireuse). Lancés dans une guerre
ouverte non seulement contre l’Iran
mais aussi contre les Chiites un peu
partout, comment peuvent-ils parier
sur une somalisation de la Syrie au
profit de l’intolérance wahhabite ?
La Grande Faucheuse s’en rit et elle
attend au tournant.
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|