Opinion
Roland Dumas : « Les Israéliens
en font à leur guise en France... »
Parti
Anti Sioniste
Coups et
blessures : 50 ans de secrets partagés
avec François Mitterrand... (Roland
Dumas)
Lundi 1er août
2011
Dans son dernier livre intitulé « Coups
et blessures : 50 ans de secrets
partagés avec François Mitterrand »,
l'ancien ministre des Affaires
étrangères Roland Dumas parle de ses
souvenirs auprès de l'homme, mais
dénonce également l’ingérence
israélienne dans les affaires
françaises…
« Les Israéliens en font à leur
guise en France, et manipulent les
services de renseignements français
(DST) comme bon leur semble »,
dénonce-t-il, non sans courage. Il
évoque les circonstances qui ont entouré
la visite du chef de l’Organisation
de la Libération de la Palestine
(OLP) Yasser Arafat en France à la fin
des années 80, assurant être lui-même
l’architecte des relations avec le
leader palestinien. Selon Roland Dumas,
Mitterrand n’était pas contre l’idée de
le rencontrer mais craignait la réaction
du lobby juif : « Le lobby juif,
comme l’appelait Mitterrand, œuvrait
ardemment. Les pressions étaient très
fortes lorsque j’ai annoncé que je
comptais rencontrer Arafat durant sa
visite au parlement européen en
septembre 1988. J’ai obtenu du président
Mitterrand, après de pénibles
tractations, la permission de
l’accueillir. Après m’avoir répété ses
mises en garde, il m’a dit : "bon
d’accord, mais tu en assumeras la
responsabilité…" Peut-être voulait-il
insinuer par-là ma démission si les
choses tournaient mal ». M. Dumas
ajoute : « Je ne suis pas d’accord
avec la politique israélienne, j’ai
toujours été fidèle au principe
d’équilibre instauré par le général de
Gaulle au Moyen-Orient. Les peuples
arabes ont droit au respect. La
politique israélienne actuelle, inspirée
des activités proches des sionistes, ne
suit pas le bon chemin ».
Dans son livre paru au mois d’avril
dernier, le diplomate Dumas estime que
les révolutions arabes sont l’événement
le plus important après la fin du
colonialisme et la chute du mur de
Berlin. Leur impact sur Israël sera
formidable. Selon lui, l’Égypte est en
train de payer le prix de l’humiliation
qu’elle a fait subir au peuple
palestinien, et ce, par son laxisme avec
les Américains et les Israéliens.
L’ancien ministre des Affaires
étrangères s’est aussi longuement
attardé sur la Syrie. Il révèle avoir
rendu visite à l’ancien président syrien
Hafez al- Assad en 1992, sur une
suggestion de Shimon Perez qui était
alors chef de la diplomatie israélienne.
Il rapporte leur longue discussion sur
le Liban, durant laquelle Hafez al-Assad
s’est attelé à lui expliquer que le
Liban est une terre syrienne et que les
problèmes sont dus aux Britanniques et
aux Français qui ont opéré un partage
injuste. Dumas affirme qu’il sentait qu’Assad
voulait le taquiner sans aller pour
autant jusqu’à remettre en question les
frontières léguées par le colonialisme.
« Bien au contraire, c’est une chose
qu’il a refusée, lorsque certains
leaders maronites la lui ont suggérée,
comme l’a rapporté Karim Bakradouni »,
un ancien responsable des Phalanges
libanaises (Kataëb). Dumas dit
aussi avoir connu le président syrien
actuel Bachar al-Assad. Il le qualifie
d' « homme charmant qui détient un
esprit plus ouvert que celui de son
père, un esprit pétillant, qui ne récuse
pas les questions embarrassantes »,
estimant que les israéliens se trompent
de ne pas négocier avec lui.
Dans son ouvrage, Roland Dumas consacre
tout un chapitre à l’Iran qu’il a, par
ailleurs, visité plusieurs fois et où il
a rencontré son ancien homologue Ali
Wilayati et l’ancien président Ali Akbar
Hachemi Rafsandjani. « La bombe
nucléaire iranienne est, à mon avis, à
l’instar des armes de destructions
massives de Saddam Hussein, c’est-à-dire
que je n’y crois pas. Tout ce qui se
passe n’est que de l’intoxication. Les
tergiversations de la politique
française sont dues à des immixtions aux
origines connues », a-t-il précisé,
signalant que la présence d’Israël aux
portes rend toute analyse différente
suspecte. Dumas défend le point de vue
iranien selon lequel il est nécessaire
d’édifier des réacteurs nucléaires pour
ses besoins énergétiques puisque son
stock en pétrole devrait se tarir dans
60 ans. « Ce qui est vrai est que
les Iraniens veulent poursuivre leur
programme nucléaire civil et que tous
les rapports indiquent qu’il n’y a pas
d’armes nucléaires », conclut-il.
Roland Dumas évoque également l’affaire
des otages français détenus au Liban au
milieu des années 80. Il explique le
retard de leur libération par
l’intrusion de Jacques Chirac et de son
équipe dans les négociations menées par
Mitterrand avec les Iraniens. Il dévoile
que Jacques Chirac, au summum de sa
campagne électorale, a accordé aux
Iraniens un marché plus séduisant que
celui proposé par Mitterrand, afin que
leur libération se fasse grâce à lui et
favorise ainsi son avenir politique.
L’ancien ministre des Affaires
étrangères n’hésite pas à parler de son
parcours personnel, de sa vision
politique et de ses choix de vie, en
tant que résistant, sympathisant puis
socialiste dès 1942, ancien journaliste,
avocat, député, dandy, ministre puis
président du Conseil constitutionnel. Il
mentionne son militantisme pour la
défense des militants algériens du
Front de Libération Nationale (FLN)
dans les années 60, ses secrets avec les
présidents et avec les rois arabes…
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