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LA QUESTION PALESTINIENNE À L’AUNE D’OBAMA
Le président américain a-t-il les
moyens d'agir
Othmane Siddik
George Mitchell
Mercredi 28 janvier 2009 Le nouvel hôte de la
Maison-Blanche semble prendre à bras-le-corps le dossier
palestino-israélien. Mais M.Obama peut-il réellement agir....
Les meilleures intentions du monde resteront
des voeux pieux tant que l’on ne se donne pas les moyens de sa
politique. Et il en faut des moyens dans un contentieux aussi
complexe que celui du Proche-Orient, revenu au-devant de
l’actualité après les carnages commis par l’armée israélienne
dans la bande de Ghaza. Pour ce fait, et bien d’autres encore,
Barack H. Obama n’avait pas devant lui les traditionnels jours
de grâce qui permettent à l’impétrant de prendre la mesure des
choses. L’un des dossiers sur lesquels le président américain
était attendu était donc le conflit israélo-palestinien sur
lequel des décisions doivent être prises. Contrairement à son
prédécesseur, George W.Bush, qui a attendu la dernière année de
son second mandat pour se préoccuper du contentieux
proche-oriental, Barack Obama à immédiatement pris à bras-
le-corps la question palestinienne pour tenter de lui trouver
une issue. Dans une interview à la chaîne satellitaire, Al
Arabiya, la première accordée à une télévision étrangère depuis
sa prise de fonction, le président Obama a affirmé que «le
moment est venu de reprendre les négociations de paix» sur
le Proche-Orient indiquant «le moment est venu de revenir à
la table des négociations» admettant que «cela va être
difficile, cela va prendre du temps», estimant qu’il faudra
du temps pour résoudre le conflit. Antienne déjà entendue pour
un dossier ouvert quand même, depuis 61 années. Toutefois, ne
dérogeant pas à la position de principe des Etats-Unis, M.Obama
souligne: «Je continuerai à croire que la sécurité d’Israël
est prépondérante» pour ensuite assurer «mais je crois
aussi qu’il existe des Israéliens pour reconnaître l’importance
de faire la paix». Certes! Mais cela veut surtout dire que
l’Etat hébreu lui-même n’est pas encore prêt à «reconnaître
l’importance de faire la paix» et dans cette optique
travailler à réunir les conditions qui permettent de parvenir à
une issue du conflit qui garantisse la paix et la sécurité pour
tous les peuples de la région y compris le peuple palestinien.
On note ainsi un certain décalage du président Obama par rapport
à la problématique israélo-palestinienne qui est et reste
l’établissement d’un Etat palestinien. Comme l’ont montré les
vains efforts de ces dernières années avec l’avortement du
processus de paix initié par les Accords d’Oslo, le surplace du
plan de paix dit de la «Feuille de route» et le
non-aboutissement de toutes les initiatives prises lors de la
dernière décennie, notamment. Pourquoi? Parce que on se laissant
obnubiler par la sécurité d’Israël et en se focalisant sur ce
seul paramètre du processus de paix israélo-palestinien, toutes
les initiatives ont buté sur cette incongruité: parler de la
sécurité d’un Etat qui occupe militairement un territoire qui
n’est pas le sien et consigné comme tel par toutes les
résolutions du Conseil de sécurité afférentes à ce conflit. Et
le retrait d’Israël aux frontières du 5 Juin 1967, clarifiera
notablement la donne politique et permettra l’ouverture de
véritables négociations entre Israël et les Palestiniens. Aussi,
parler de remettre sur les rails les négociations entre les deux
parties au conflit sans dire textuellement les conditions d’une
réussite de tels pourparlers, c’est courir le risque de l’échec
qui a été celui de toutes les tentatives précédentes pour
trouver une issue au dossier. Aussi, pour que la volonté du
président Obama à résoudre le contentieux proche-oriental ait
quelque crédit, il faudrait qu’il revienne à l’origine du
conflit qui est et reste l’occupation - avec en filigrane la
colonisation de peuplement, toujours en cours en Cisjordanie et
à Jérusalem-Est - et dise clairement à Israël que seule la
coexistence avec un Etat palestinien doté de tous les moyens de
souveraineté, assurant et garantissant la «sécurité» de
l’Etat hébreu.
A part cette vérité, point de salut. Mais Barack Obama a-t-il,
en fait, les moyens de mettre en branle une telle politique? En
l’état actuel des choses, il est permis d’en douter. Notons
toutefois à la décharge de M.Obama qu’il tient au moins sa
promesse d’agir rapidement au Moyen-Orient. Et l’envoi d’un
émissaire spécial dans les territoires palestiniens et en Israël
en est pour le moment, un gage. «En envoyant George Mitchell
au Proche-Orient, je tiens ma promesse disant que nous
n’attendrons pas la fin de ma présidence pour nous occuper de la
paix entre Palestiniens et Israéliens, que nous allons commencer
dès à présent» a ainsi déclaré le président américain à la
chaîne saoudienne Al Arabiya.
Selon M.Obama, les Etats-Unis vont ainsi prendre «une série
d’initiatives» en direction du Proche-Orient. Attendons pour
voir.
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Publié le 28 janvier 2009 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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