Car d’élections législatives (programmées en janvier 2008) et de « réconciliation nationale », il n’est déjà presque plus trace. La promulgation de l’état d’urgence – que d’aucuns peinent à distinguer de la loi martiale – interdit les rassemblements politiques, les meetings, les réunions de plus de 5 personnes et toute discussion mettant en cause l’autorité de l’état et la légitimité de ses dirigeants ; sur ce sujet fécond, il y aurait pourtant beaucoup à dire…
Quelle mouche a bien pu piquer le général-président Musharraf, l’homme qui concentre encore à ce jour – contre le cours de l’histoire et l’avis de l’immense majorité de la population – les fonctions de chef d’Etat (réélection à la Présidence le 6 octobre) et de chef des armées ? De bien mauvaises augures probablement … En effet, en ce début de semaine, la Cour Suprême devait se prononcer sur la légalité de la réélection du Pdt. Musharraf, divers concitoyens doutant que l’on puisse briguer la présidence … dans des habits de militaire. En proie à une farouche lecture indépendante des textes et des enjeux, on prêtait ces jours-ci à la Cour Suprême la possible invalidation de cette réélection ; tout ancien commando qu’il soit, le général Musharraf n’était pas prêt à assumer ce risque et préfère le cadre moins incertain – à court terme à tout le moins – d’un nouvel épisode de loi quasi-martiale, plus adaptée à son maintien au pouvoir.
Un choix à l’évidence critiquable et douteux , et en tous les cas pas soutenu depuis l’étranger, où même la puissante Amérique, alliée stratégique du Pakistan dans ce recoin tourmenté du monde, entre islamisation et crise afghane, s’est répandue en condamnations. Dans un an tout juste, les électeurs américains auront élu leur prochain(e) Président(e). En dépit des discours critiques (quoi que fort justes et non immérités) à l’endroit de ce général qui s’accroche par tous les moyens au pouvoir à Islamabad, qui revient plus souvent que de raison sur ses promesses (abandon de ses fonctions militaires une fois réélu ; tenue des élections générales en janvier 2008 ; etc.), les décideurs de la Maison-Blanche sacrifient probablement à leur sensibilité démocratique la stabilité, fut-ce pour un temps court et incertain, de leur interlocuteur privilégié qu’est Pervez Musharraf. La poursuite de la guerre contre le terrorisme justifie à leurs yeux ce choix, fut-il imparfait. Une préséance qui ne constitue en rien, au « pays des purs » comme en Amérique, la panacée aux mille maux dont souffre cette jeune nation, entre état d’urgence, attentats et chaos. Chargés d’orages, les temps à venir ne tarderont pas à nous le rappeler.