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Plume de presse
40 morts dans une
école à Gaza : encore la faute du Hamas !
Réplique à André Glucksmann
Olivier Bonnet
Mercredi 7 janvier 2009
"J’étais en reportage depuis le matin avec des ambulanciers.
Nous nous trouvions à l’hôpital de Kamel Adwan. Puisque le
téléphone ne fonctionne presque plus et que les portables sont
coupés, les gens n’ont plus le moyen de contacter les services
d’urgence. Alors, dès qu’il y a une grosse explosion, les
ambulanciers se rendent sur les lieux. En début d’après-midi, on
s’est dirigé vers le quartier de Jabaliyah parce qu’une colonne
de fumée s’élevait de cette direction. On est arrivé dans une
boucherie. Des bombes ou des obus, on ne savait pas alors qu’il
s’agissait de deux obus de chars, avaient désintégré une école
gérée par l’Onu dans le quartier de Fakhoura. Dans ce bâtiment,
des civils des villages du nord avaient trouvé refuge. C’était
la panique. Des bouts de corps, du sang, des vêtements... Quand
je suis arrivé, un petit garçon de dix ans, légèrement blessé,
est sorti des ruines avec le corps sans tête de sa petite soeur
de cinq ans" : le correspondant de Ouest-France,
Radjaa Abou Dagga, livre son témoignage
dans le quotidien. Le bilan est de 43 morts. Et 12 membres
d’une même famille ont trouvé la mort, dont sept enfants de un à
douze ans : "La famille Daya se trouvait chez elle, dans le
quartier de Zeitoun (est de Gaza-ville) quand un appareil
israélien a tiré deux missiles sur sa maison, comprenant quatre
étages et sept appartements,
raconte L’Obs.com. Un commandant du Hamas et
membre de la famille Daya, Abou Hamza, habitait dans cette
maison mais avait fui avec sa femme et ses enfants au début de
l’opération israélienne le 27 décembre", explique le site.
Voilà, on y est : le Hamas ! Encore, toujours la faute du Hamas.
Si un commandant de l’organisation n’avait pas habité la maison,
les pauvres Israéliens n’auraient pas été obligés de la détruire
entièrement, peu importe qui se trouvait à l’intérieur. Et si le
Hamas ne tirait pas de roquettes, les pauvres Israéliens ne
seraient pas obligés de laisser mourir à petit feu un million et
demi de Gazaouis, privés de tout par un blocus qui a changé la
bande en une immense
prison à ciel ouvert, avant de s’en aller les bombarder puis
de lancer l’offensive terrestre. Israël est obligé, entend-on
dans la bouche de
ses défenseurs. Disproportionné ? "Il n’est pas
disproportionné de vouloir survivre", écrit André
Glucksmann
dans Le Monde. "Quelle serait la juste
proportion qu’il lui faudrait respecter pour qu’Israël mérite la
faveur des opinions ?", s’interroge le "philosophe". Par
exemple ne pas massacrer 43 morts dans une école, cher Dédé !
Mais j’y suis : c’est encore la faute du Hamas, certainement.
Ces gens sont si fourbes que certains s’étaient peut-être cachés
au milieu des réfugiés. "Le Hamas (...) utilise la
population de Gaza en bouclier humain sans souscrire aux
scrupules moraux et aux impératifs diplomatiques de son
adversaire", écrit encore Glucksmann. Allons, tuons donc
les Palestiniens jusqu’au dernier, histoire d’être bien sûr
qu’il ne restera personne pour servir de bouclier humain au
Hamas ! Relisez la citation : il ose parler des "scrupules
moraux" d’Israël. L’agression israélienne a causé à ce jour
la mort d’au moins 660 Palestiniens et fait plus de 2 950
blessés. Côté israélien, 3 civils et 5 soldats. "Il n’est
pas disproportionné de vouloir survivre." A votre avis, de
quel peuple la survie est-elle menacée, israélien ou
palestinien ?
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