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Plume de presse
La bise aux criminels de guerre
Olivier Bonnet
Samedi 3 janvier 2009
On avait déjà vu Nicolas Sarkozy faire la bise à Tzipi Livni,
ministre israélienne des Affaires étrangères. C’était avant le
déclenchement à Gaza de l’opération
"Plomb durci". Depuis, l’armée israélienne a
déclenché un véritable carnage : le dernier bilan fait état de
420 morts palestiniens, dont au moins un quart de civils
d’après l’ONU, et 2180 blessés. Côté israélien, 3
victimes civiles et un soldat. C’est dans ce contexte que Livni
arrive en visite à Paris. Bernard Kouchner, son homologue
français, la reçoit sur le perron de l’Elysée. Il lui serre
d’abord la main puis se ravise et l’embrasse : peut-on imaginer
geste plus obscène à l’heure où le peuple gazaoui endure le pire
des chatiments, causé par une opération que Livni est justement
venue défendre ? Elle "remercie le président Sarkozy pour sa
compréhension. Il est très au fait de la situation de la
complexité de notre région, il comprend la nature de la menace à
laquelle Israël fait face. Ensemble, nous essayons de voir
quelle est la meilleure stratégie, la meilleure tactique pour
atteindre cet objectif, dans la compréhension qu’il ne s’agit
pas d’un problème israélien, mais que d’une certaine manière
Israël se trouve en première ligne du monde libre et est attaqué
car nous représentons les valeurs du monde libre, dont la France."
Les valeurs du monde libre, massacrer plus de cent civils,
femmes et enfants compris ? Et qu’en dit Sarkozy ? Approuve-t-il
la poursuite de l’opération "Plomb durci" ? L’Union
européenne a réclamé une trêve. Israël la refuse en remerciant
le président de sa compréhension. Lui se tait. L’Etat hébreu
fait sa loi : "La décision que l’opération a rempli ses
objectifs se fera selon les évaluations quotidiennes que nous
menons. Nous prendrons notre décision le moment venu",
déclare Livni. En clair, nous continuerons le carnage aussi
longtemps que nous le voudrons. "Israël distingue (lors
des opérations) la guerre contre le terrorisme, contre le
Hamas, de la population civile, ose encore la dirigeante
israélienne. Ce faisant, nous maintenons la
situation humanitaire à Gaza exactement comme elle doit être".
Monstrueux cynisme ! Dès avant l’attaque du 27 décembre dernier,
la situation à Gaza était déjà catastrophique, à cause du
blocus imposé par Israël.
"Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de
l’homme dans les territoires palestiniens occupés a demandé ce 9
décembre à l’ONU d’agir face à la crise qui se poursuit
à Gaza. Il a évoqué une possible saisie de la Cour pénale
internationale (CPI), écrivait la
radio de l’ONU. Selon Richard Falk,
un effort urgent devrait être mis en œuvre par les Nations Unies
pour appliquer la norme de la ’responsabilité de protéger’ une
population civile soumise à une punition collective
équivalent à un crime contre l’humanité. Le Rapporteur
spécial a estimé que la CPI devrait enquêter sur cette
situation afin de déterminer si les dirigeants civils et
militaires israéliens, responsables du siège de Gaza, ne
devraient pas être inculpés et poursuivis pour violation du
droit pénal international. Richard Falk a fait remarquer que la
situation avait empiré ces derniers jours du fait d’une rupture
de la trêve entre le Hamas et Israël. « Le tir de roquettes
contre des villes israéliennes par le Hamas ou par d’autres est
une violation du droit international, en dépit des provocations.
Mais ce comportement du côté palestinien ne rend pas légal
l’imposition d’une punition collective qui menace la vie et la
santé de la population de Gaza », a-t-il indiqué." La
situation humanitaire à Gaza est "exactement comme elle doit
l’être", alors même que l’ONU dénonçait "une
punition collective équivalent à un crime contre l’humanité"
dès avant le déclenchement du massacre ? Mais Israël peut donc
tout se permettre ! Tant que les Etats-Unis soutiendront à bout
de bras l’Etat hébreu... Et ce n’est apparemment pas prêt de
changer : le silence de Barack Obama est assourdissant. Comme
celui de Sarkozy, alors que Livni explique qu’il comprend - donc
trouve justifiée - l’offensive de la tsahal. Or,
lorsqu’une victime sur quatre est civile, on ne peut plus parler
de dommages collatéraux, il faut bien qualifier ces agissements
de crimes de guerre. Et Kouchner qui embrasse Livni comme du bon
pain... Honte !
PS : cette bise de Kouchner à Livni n’a ému, à notre
connaissance, qu’un invité de l’émission radio de RMC
Les grandes gueules, comme en témoigne
cet extrait vidéo.
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