Monsanto :
massacre à la moissonneuse Olivier
Berlanda
Photo: EPA
Jeudi 6 juin
2013
Avec le
Monsanto Act, le géant de
l’agro-alimentaire américain vient
encore de franchir une étape dans la
domination mondiale et la monopolisation
agricole. Le savoir-faire de centaines
de générations de cultivateurs sera
demain effacé avec l’aide des
gouvernements européens et
nord-américains au profit d’un géant
vert qui n’a rien d’amical. Chronique
d’une inéluctable fin d’un monde : la
mort programmée des paysans par une
firme qui a sans doute le plus lourd
pédigrée en matière de nocivité.
Depuis le 26 mars dernier, l’utilisation
des OGM devient juridiquement
intouchable aux USA. L’amendement dit «
Monsanto protection Act » à
la loi américaine ( Plant
Protection Act ) précise que
« sur simple demande d'un cultivateur,
exploitant ou producteur, le ministère
de l'agriculture doit accorder une
autorisation, ou une dérogation, même si
l'autorisation a été précédemment
annulée ou invalidée ».
En d'autres termes, cette loi
ne permettra plus aux tribunaux
américains de s'opposer à la vente ou à
la plantation de plantes OGM même si
elles n'ont pas été approuvées par la
procédure officielle et même si elles
font l’objet d’une suspension décrétée
par un tribunal.
Monsanto devient en quelque
sorte une exception à la règle
universelle faisant du pouvoir
judiciaire le garant de l’ordre public.
En délivrant un chèque en blanc à
Monsanto, les autorités américaines
jouent avec la santé de dizaines de
millions d’Américains et menacent
également l’Europe (par l’extension de
cette loi à l’UE devenue partenaire des
USA), et finalement la planète entière.
Décrire le géant multinational
Monsanto peut s’apparenter à déboucher
les égouts de l’Histoire récente et pas
seulement dans le domaine de
l’agro-alimentaire industriel et des
pesticides, mais également dans des
segments dans lesquels on ne s’attend
pas du tout à trouver une société
commercialisant des denrées
alimentaires. Et la liste des activités
nauséabondes paraît interminable…
En 1901, Monsanto a été initialement
créée pour produire de la Saccharine
vendue pour l’essentiel à une petite
société en développement nommée
Coca-Cola. Monsanto
diversifie ses activités dès
1904 avec la production de
caféine et de
vanilline.
C’est en
1918 que débute la
production d’aspirine
: Monsanto en restera le premier
producteur américain jusque dans les
années 1980.
En
1940, Monsanto devient
partenaire de l'armée américaine, en
effectuant des recherches sur l'uranium
dans le cadre du
projet Manhattan, qui vise
la fabrication de la première
bombe atomique.
Parallèlement Monsanto crée « l'agent
orange », désherbant hyper
toxique, que l'armée des États-Unis
perçoit comme une arme chimique
potentielle. Monsanto développe donc son
désherbant à usage militaire, qui sera
employé par l'armée américaine lors de
la
guerre du Vietnam, en
particulier entre 1961 et 1971
provoquant aujourd'hui encore de
nombreux
cancers, malformations
congénitales et maladies diverses.
Ensuite on retrouve Monsanto dans ce
qui se fait de pire : l’hormone de
croissance bovine, les PCB hautement
cancérigènes (désormais interdits), les
insecticides et herbicides dont le
tristement célèbre « Round-up
» accusé entre autres d’être la cause de
la mort de 60 % des abeilles aux USA,
mais aussi en Europe ; ce phénomène
particulièrement alarmant remet en cause
tout simplement le rôle primordial des
abeilles dans l’agriculture.
Via ses filiales, Monsanto est aussi
un producteur d’aspartame, (succédané du
sucre présent dans quasiment toutes les
boissons allégées et dont certaines
études vite démenties par les autorités
sanitaires tendraient à prouver le
caractère cancérigène.
Vous lisez bien ; l’aspartame que
l’on retrouve dans vos sucrettes prises
avec votre café du matin ou dans le soda
« light» de vos enfants a
été fabriqué par le même empoisonneur
industriel qui a conçu le PCB, l’agent
orange, le Round-up ou
encore qui a collaboré à des recherches
sur l’uranium qui a servi à vitrifier
les habitants d’Hiroshima et de
Nagasaki.
Le coup le plus réussi de cette firme
est sans doute, pour l’instant, la
céréale « round up Ready»
savant mélange d’une plante
génétiquement modifiée pour résister à
l’herbicide total « round up
« aussi commercialisé par Monsanto qui
fait un coup de maître en vendant non
seulement le poison mais également son
antidote . Toutes les plantes sont
détruites par Monsanto, sauf celles
commercialisées par Monsanto. Le
résultat est le suivant ; le maïs OGM
fut suivi par le colza, le soja et même
le coton « round up ready »
qui dominent actuellement le marché
américain, mais s’attaquent également
aux pays émergents comme l’Inde, gros
producteur traditionnel de coton) et
l’Argentine, sans compter l’Europe qui
devient de plus en liée à l’économie
américaine. Aucune région ne semble
échapper à la voracité du géant
agro-chimique.
Par exemple, suite au
tremblement de terre de 2010
à
Haïti, Monsanto a annoncé
la fourniture à titre gracieux de 475
tonnes de semences OGM aux paysans
haïtiens.
Quoi de plus normal effectivement que
de profiter d’une catastrophe naturelle
de grande ampleur pour tenter de
conquérir un marché jusque là basé sur
l’agriculture traditionnelle.
Suite à cet élan de bienfaisance
suspecte de la part de la compagnie, des
milliers de paysans haïtiens ont
manifesté contre Monsanto et dénoncé la
volonté de la multinationale de détruire
l'agriculture paysanne, la
biodiversité, et de rendre
les paysans locaux dépendants de ses
produits.
Monsanto réalise des profits avec le
blé et Haïti, comme d’autres, l’ont
parfaitement saisi et se sont protégés
de ce suicide agricole vers lequel la
firme américaine a voulu les pousser.
En France, malgré l’interdiction de
la culture à grande échelle des OGM,
Monsanto a pourtant réussi à vendre des
céréales modifiées par le biais de la
nourriture pour le bétail qui n’est pas
soumise à la même loi et qui finalement,
va se retrouver indirectement dans le
métabolisme des consommateurs que nous
sommes. Votre santé n’a pas la même
saveur qu’un bon bilan à présenter à
Wall Street et puis si vous êtes atteint
d’un cancer ou d’on ne sait quelle autre
maladie, vous irez acheter les produits
pharmaceutiques fabriqués par le groupe
Monsanto, Bayer and Co., puisque toutes
ses sociétés ont différentes adresses
mais le même propriétaire Un peu comme
le round up ready : on vous a vendu le
poison et on vous vendra l’antidote.
Si la situation n’est pas désespérée,
elle devient alarmante avec le «
Monsanto Ac; qui délivre un permis de
nuire à l’agriculture traditionnelle et
globale. Monsanto, nous l’avons vu,
n’est pas issu de la dernière pluie en
ce qui concerne la commercialisation de
produits qui se sont avérés par la suite
très nocifs, voire mortels. Ainsi il
n’est pas impossible qu’un un jour cette
firme sorte de son chapeau un lapin à
huit pattes ou que demain les étalages
de nos supermarchés soient remplis
d’œufs cubiques pondus par des poules
carrées génétiquement modifiées, nous
laissant impuissants devant le constat
que décidément il y avait quelque chose
de pourri au royaume de
l’agro-alimentaire. La mort des paysans,
comme la disparition des abeilles,
préfigurera l’ère du génétiquement
manipulé : du précuit, du prémâché, du
prédigéré, du précancéreux. Bref, le
goût du cadavre dans la bouche.
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