Tendances au Moyen-Orient - La Syrie
Le pouvoir sûr de
lui, l'opposition dans la confusion
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Le Patriarche Lahham : Nous
refusons l'ingérence étrangère…
Photo: Sana
Mercredi 14 décembre
2011
L’évolution des événements en Syrie ne
peut être dissociée du contexte régional
et international. Le pouvoir a accepté
de signer le protocole élaboré par la
Ligue arabe sur l’envoi d’observateurs,
en totale coopération avec la Russie.
D’ailleurs, des sources diplomatiques
russes au Liban affirment que la Russie
ne compte pas lâcher le régime syrien,
et cet appui est pour Moscou une
question stratégique. Ces assurances
sont contraires aux prévisions de
responsables de la coalition
pro-occidentale du 14-Mars.
Face à l’appui russe à la Syrie, il
devient difficile de renverser le régime
militairement, en dépit des préparatifs
effectués dans ce but en Turquie, au
Liban et, dans une moindre mesure, en
Jordanie. Par contre, les pressions sur
la Syrie vont se poursuivre, surtout à
l’approche de la fin du retrait
américain d’Irak. Les Américains
voudraient provoquer des troubles pour
détourner l’attention générale de ce
retrait et de l’atmosphère de défaite
qui l’entoure. De plus, les troubles en
Syrie sont destinés à remplacer
l’attaque militaire contre l’Iran qui
devient de plus en plus difficile dans
ce climat de crise et avec les problèmes
financiers qui agitent l’Europe et les
États-Unis.
La situation en Syrie est donc appelée à
rester instable, et même si le régime a
finalement décidé de signer le protocole
de la Ligue arabe, celle-ci trouvera
sans doute d’autres angles pour
maintenir les pressions. Toutefois, les
sanctions de la Ligue arabe auraient
renforcé le sentiment patriotique chez
les Syriens, ce peuple ayant beaucoup de
fierté nationale. De plus, les Frères
musulmans ayant été pratiquement
éradiqués du pays dans les années 80,
ils n’ont pas eu le temps d’acquérir une
grande assise populaire et ils se voient
contraints à porter les armes et à
commettre de véritables massacres pour
marquer leur présence.
En parallèle, les déclarations du chef
du Conseil national syrien d’Istanbul, Bourhan Ghalioun, contre l’Iran, le
Hezbollah et le Hamas, ont choqué une
grande partie de la population syrienne.
Des rumeurs sur une rencontre qui se
serait tenue en octobre à Washington
entre des responsables de
l’administration américaine, un
représentant du CNS et un responsable
israélien ont commencé à circuler. Selon
ces rumeurs, le représentant du CNS
aurait réclamé de l’aide financière, une
reconnaissance diplomatique de la part
de la communauté internationale et une
intervention militaire contre son propre
pays.
Sur le terrain, les actes de violence se
poursuivent, ainsi que les
manifestations contre et en faveur du
régime. Mais celui-ci a réussi à
embarrasser la Ligue arabe en se
déclarant prêt à signer le protocole
pour l’envoi d’observateurs. Le
processus devrait prendre quelques
jours, voire des semaines, alors que les
développements dans l’ensemble de la
région restent plus ou moins
incontrôlables et que la situation
demeure instable en Égypte, à Bahreïn et
au Yémen.
Les États-Unis auraient discrètement
sollicité l’ouverture d’un dialogue avec
l’Iran, mais la République islamique
aurait opposé un refus sans nuance à
cette demande. Par contre, Téhéran
aurait demandé l’ouverture d’un dialogue
avec l’Arabie saoudite, laquelle a aussi rejeté la suggestion. C’est dire que
pour l’instant, les canaux de
négociations restent bloqués sur le
double plan régional et international.
La situation interne en Syrie est
solide, alors que le plan de créer une
zone tampon à la frontière avec la
Turquie bat de l’aile. Sans parler du
fait que la Russie exerce à son tour des
pressions sur la Turquie qui a, elle
aussi, un tissu social fragilisé. Le
Premier ministre turc Recep Tayyeb
Erdogan lève le ton à l’égard de la
Syrie car il cherche à cacher son
incapacité à agir sur le terrain.
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