Tendances de l'Orient - Le Liban
L'Eglise maronite
inquiète des intentions de l'Occident
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Orient News
Le
patriarche Béchara Raï
Lundi 12 septembre
2011
Le patriarche des chrétiens maronites,
Mgr Béchara Raï, a soulevé la question
existentielle de l’avenir des chrétiens
d’Orient lors de ses entretiens avec les
dirigeants français la semaine dernière.
Selon des sources bien informées à Paris
et à Beyrouth, l’entretien avec Nicolas
Sarkozy était tendu. Le chef de l’Etat
français aurait frappé du poing sur la
table en affirmant qu’«Assad est fini».
Sans se départir de son calme, le prélat
maronite a conseillé au président
français d’être plus prudent dans ses
politiques au Moyen-Orient, car c’est
l’avenir des chrétiens qui est en jeu.
Il a exprimé de sérieux doutes sur la
pertinence des politiques occidentales
actuelles et a averti que l’arrivée au
pouvoir des Frères musulmans ou de
gouvernements extrémistes constituait un
danger pour les minorités.
L’Eglise maronite, et avec elle le
Vatican, semblent informés que les
chrétiens risquent d’être abandonnés à
leur sort, et que leur sécurité n’est
plus la priorité d’un Occident occupé à
redessiner la carte du Moyen-Orient,
avec, comme seule préoccupation, les
puits de pétrole. Mgr Raï a ainsi appelé
les puissances occidentales à «ne pas
encourager trop hâtivement» les
soulèvements qui se produisent dans le
monde arabe (Voir
ci-dessous).
L’heure n’est plus à l’analyse des
raisons du printemps arabe mais de ses
conséquences. Nier l’existence d’une
forte dimension islamiste est dû soit à
l’ignorance et au manque d’informations,
soit à un aveuglement provoqué par la
haine et la déformation idéologique.
Le précédent irakien prouve que
l’Occident ne se soucie guère du sort
des chrétiens d’Orient. Rien n’empêche
que ce même scénario ne se reproduise en
Egypte, en Syrie et au Liban, surtout
avec la multiplication des signaux sur
le flirt entre les pays occidentaux et
les Frères musulmans. La mouvance
islamiste, même dans ses tendances les
plus radicales, est une composante
essentielle des révolutionnaires
libyens. Ce sont des médias occidentaux
«respectables» qui l’affirment: elle est
un acteur principal en Egypte, elle sera
probablement la plus importante force
politique dans le premier Parlement
postrévolutionnaire de Tunisie. En
Syrie, les Frères musulmans seraient
l’option préférée des Etats-Unis pour
l’après-Assad, à en croire le très
sérieux Hudson Institute et bien
d’autres think tank et chercheurs.
Aucun homme responsable ne peut accepter
que des sociétés entières soient
précipitées dans l’inconnu. Car c’est
bien l’inconnu que nous promet
l’Occident, et c’est ce contre quoi Mgr Béchara Raï s’élève vigoureusement.
En politique, il ne peut y avoir de
place à la haine et aux règlements de
compte. Seul l’intérêt général doit
primer. Certains s’obstinent à écarter
les scénarios catastrophes, non pas
qu’ils n’y croient pas, mais parce que
toute dérive islamiste entraînera un
exode des chrétiens. Beaucoup émigreront
vers des cieux plus cléments et une
petite partie viendra s’installer dans
les régions chrétiennes du Liban. Le
projet de partition sur des bases
communautaires, pour lequel ils ont
milité toute une vie, deviendra alors
une réalité. Une réalité illusoire et
chimérique. Le patriarche maronite a
d’ailleurs mis en garde contre «le
morcellement des pays arabes en entités
confessionnelles», néfaste aux chrétiens
et qui sert uniquement les intérêts
d’Israël.
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