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The Forward
L'Eglise
méthodiste renouvelle son mouvement de désinvestissement
d'Israël :
Entre les organisations juives et les Eglises protestantes, c'est
la guerre !
Nathan Guttman
église méthodiste (1929) Rocking Nuns et Back to
the Future
Photo Picasa
in The Forward, 30 janvier 2008
http://www.forward.com/articles/12587/
Washington – A nouveau, des tensions entre
les organisations juives et certaines Eglises protestantes
pourtant consensuelles, au lendemain d’un regain de tendance de
ces Eglises de désinvestir leurs économies placées dans les
actions d’entreprises faisant du business avec Israël.
Ainsi, l’Eglise méthodiste unifiée
[United Methodist Church] a ouvert des débats, vendredi dernier,
autour d’une résolution appelant à désinvestir de la firme
Caterpillar, le constructeur d’engins, au motif qu’elle
fournit à Israël des bulldozers que ce pays utilise pour
construire le mur de séparation et pour démolir des domiciles de
Palestiniens. Cette résolution de désinvestissement arrive
quelques mois, seulement, après la publication d’un rapport
commandé par l’Eglise, qualifiant la création de l’Etat
d’Israël de « péché originel ».
Les relations avec l’Eglise Presbytérienne des Etats-Unis sont,
elles aussi, tendues, en raison de remarques formulées par des
responsables de cette obédience critiquant Israël en raison du
blocus de Gaza. Une étude récente, réalisée par une Eglise
affiliée à ce consistoire protestant a exhorté les juifs américains
à « vivre leur vie », plutôt que de s’acharner à
défendre les politiques indéfendables d’Israël.
« Cela reflète une tendance très
perturbante, dans ces Eglises », a déclaré Ethan Felson,
vice-président du Jewish Council for Public Affairs [une sorte de
CRIF à la sauce Ketshup, ndt]. « Ces péripéties résultent
de l’entrisme de plusieurs forces extrêmement retorses, qui les
manipulent ».
La campagne de désinvestissements, dont
beaucoup de personnes, au sein de la communauté juive, pensaient
qu’elle avait été mise en veilleuse, est toujours active dans
les paroisses protestantes consensuelles, et elle ré-émerge come
une question essentielle sur l’agenda des organisations juives.
Des tentatives de bloquer ce mouvement de désinvestissement,
commencé voici quatre ans, n’ont qu’en partie réussi. Les
initiatives de dialogue interreligieux (sic) et de pressions de
l’opinion publique ont réussi à étouffer certains appels au désinvestissement
à l’échelle de l’Eglise protestante tout entière, mais
d’autres initiatives de désinvestissement continuent à bénéficier
de plus en plus de soutiens.
Le congrès méthodiste organisé le 25
janvier à Fort Worth, au Texas, aurait dû être, initialement,
un congrès d’orientation s’adressant à des responsables de délégations
appelés à conduire leurs groupes respectifs lors de la conférence
quadriennale de l’Eglise, qui se tiendra au mois d’avril. Les
chefs de délégations ont été invités à écouter des
orateurs, à la fois soutenant et opposés à un projet de résolution
de désinvestissement d’Israël, qui appelle à retirer tous les
capitaux des fonds de pension méthodistes investis chez
Caterpillar.
« L’Eglise Méthodiste Unifiée détient
pour 141 millions de fonds de pensions dans des entreprises qui
soutiennent l’occupation », a déclaré Susan Hoder,
membre de l’Interfaith Peace Initiative [Initiative Œcuménique
de Paix] de cette Eglise. « Cela doit cesser ! Nous
devons couper tout ce qui risque de nous associer, de près ou de
loin, à l’occupation israélienne ! »
Mme Hoder, fortement partisane de
l’adoption de mesures de désinvestissement, a poursuivi,
affirmant que les dollars du contribuable américain sont utilisés
pour financer l’armée israélienne. « Beaucoup de cet
argent va dans les poches des chefs de l’armée israélienne
ainsi que dans celles de politiciens qui s’enrichissent sur le
dos de la population israélienne », a-t-elle dit.
Avec ses onze millions de fidèles,
l’Eglise Méthodiste Unifiée est la première obédience
protestante aux Etats-Unis. Le synode général annoncé pour le
mois d’avril, qui est le principal forum de cet Eglise, en matière
de prise de décisions politiques, discutera tout d’abord la résolution
de désinvestissement d’Israël en sous-commission. Ensuite, les
recommandations du panel seront soumises à un vote général qui
les transformera en politique officielle de cette Eglise.
Un porte-parole de l’Eglise Méthodiste
Unifiée n’a pas répondu à nos questions [The Forward]
relatives à cette tendance au désinvestissement.
Des organisateurs de la réunion pré-synodale
tenue vendredi dernier à Fort Worth ont autorisé un représentant
de la communauté juive organisée à s’exprimer sur cette
question. Le Rabbin Gary Greenebaum, responsable des questions
interreligieuses à l’American Jewish Committee [une sorte de
Consistoire à la sauce ketschup cachère, ndt] a dit aux délégués
méthodistes que la communauté juive était préoccupée par
cette résolution. « Je leur ai dit que si, pour eux, cette
résolution ne semble pas anti-israélienne et antijuive, pour
nous, elle EST anti-israélienne et antijuive… », nous a déclaré
M. Greenebaum après cette réunion.
Par la même occasion, M. Greenebaum a mis en
garde la communauté juive contre toute sur-réaction aux
sentiments anti-israéliens grandissant au sein de cette Eglise.
Les Eglises protestantes, leur a-t-il expliqué « sont très
profondément attachées à leurs relations avec la communauté
juive » [tu l’as dit, bouffi ! ndt].
Ce qui a incité les activistes juifs à
passer à l’action, ce ne fut pas seulement le mouvement de désinvestissement,
mais également un rapport de la section des femmes de l’Eglise
méthodiste, consacré au conflit israélo-palestinien. Ce
rapport, de 225 pages, mis en forme par le Révérend Stephen
Goldstein [je n’invente rien ! ndt], s’efforce de
souligner les délinéaments historiques et contemporains du
conflit, mais, d’après Felson, ce rapport est rien moins que
« la pire chose qui ne se soit jamais retrouvée sur mon
bureau, et qui n’ait pas été pondue par un groupe haineux
proclamé ».
Au nombre des affirmations qui ont révulsé
les activistes de la communauté juive, dans ce rapport, figurent :
l’assimilation la fondation de l’Etat d’Israël au « péché
originel », un passage qualifiant le père fondateur
d’Israël David Ben-Gourion « d’extrémiste »,
ainsi qu’un autre passage, définissant les actions entreprises
par Israël d’actes de « terreur » [les guillemets
sont, bien entendu, de Forward ! ndt] Evaluant l’impact de
l’Holocauste sur la société israélienne, le rapport méthodiste
affirme qu’il a été la cause de l’ « hystérie »
et de la « paranoïa » qui caractérisent la majorité
des Israéliens.
« Ne sommes-nous pas interpellés,
quand des oppresseurs utilisent leur identité de pseudo-opprimés,
en faisant appel à des histoires vieilles de soixante ans, mais,
à cause d’on ne sait trop quel défaut de vision, sont
incapables de voir ce qui se produit, aujourd’hui, à l’ombre
de l’Holocauste ? », s’interroge ensuite ledit
rapport.
Après avoir laissé s’écouler quatre mois
sans avoir reçu de réponse en bonne et due forme, la semaine
dernière, quatre organisations féminines juives ont envoyé un
courrier aux responsables de l’Eglise méthodiste, qualifiant
son rapport de « provocateur, inexact et polémique ».
Hadassah, ainsi que des associations féminines affiliées au Judaïsme
Conservateur, au Judaïsme Réformé et aux United Jewish
Communities ont signé ce courrier.
Une prochaine initiative – attendue – des
organisations juives consistera à lancer un nouveau site ouèbe,
qui appellera à une « retour à la civilité » et
condamnera les prises de parole anti-israéliennes au sein des
Eglises protestantes. L’Eglise presbytérienne, la première a
avoir adopté des résolutions appelant au désinvestissement des
fonds investis en Israël, a jusqu’ici évité de se prononcer
officiellement sur cette question, mais elle persiste à défendre
une ligne considérée anti-israélienne par les activistes juifs.
Ces dernières semaines, un intense échange de lettres a eu lieu
entre des dirigeants de la communauté juive et des responsables
de l’Eglise presbytérienne, suite aux critiques formulées par
cette Eglise à l’encontre d’Israël, au sujet des événements
de Gaza. Dans une lettre adressée au Révérend Clifton
Kirkpatrick, chef de l’assemblée générale de cette Eglise,
douze responsables communautaires juifs se sont plaints que
« le ton anti-israélienne de votre déclaration soulève de
sérieux doutes quant à la question de savoir si la saison de
compréhension mutuelle que nous avions saluée en juillet 2006 a
bien commencé, ou non ? »
M. Kirkpatrick a répondu par une lettre
demandant aux organisations juives : « Ne partagez-vous
pas notre inquiétude de voir de telles ripostes violentes, régulières,
d’Israël, en dépit de leur intention (première) qui est de
sauvegarder la sécurité, sans aucune considération pour le degré
de soin apporté à leur mise en œuvre afin d’éviter
d’inutiles morts de civils, ne conduire à rien d’autre
qu’une continuation de la violence, en retour ?
Cet échange épistolaire intervenait peu de temps après une présentation
du Réseau Missionnaire Israël/Palestine [Israel/Palestine
Mission Network], une association parrainée par l’Eglise
presbytérienne, bien que ne s’exprimant pas officiellement en
son nom. Au cours d’une présentation de diapositives appelant
à un « recadrage du débat », cette association a
avancé l’idée que « la communauté juive, en Diaspora,
doit sortir de sa torpeur et s’exprimer [am. « get a life »],
ce qui était une allusion directe aux réactions juives aux
appels lancés par des associations chrétiennes à des
changements de politique en matière de conflit israélo-palestinien.
Traduit de l’étazunien par Marcel
Charbonnier
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