Natasha Mozgovaya
in Haaretz, 4 décembre 2009
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1132797.html
Toute
personne recrutée par le gouvernement américain doit subir un
examen approfondi de ses états de service par la communauté
juive américaine.
Dans le cas
particulier du gouvernement Obama, toute critique proférée par
un nominé potentiel au gouvernement à l’encontre d’Israël fait
désormais l’objet de débat quant à la question de savoir si la
nomination de ce « énième gauchiste » administre ou non la
preuve accablante qu’Obama n’est pas totalement sincère dans son
soutien à Israël…
Voici
quelques mois, de véhémentes protestations de la communauté
juive américaine ont contribué à retoquer la nomination de Chaz
Freeman à la tête du National Intelligence Council [Conseil
national du renseignement] ; ces récriminations étaient motivées
par l’« orientation anti-israélienne » de l’impétrant.
La
tentative ultérieure de nomination d’un conseiller
ès-renseignement, dans ce second cas il s’agissait de l’ancien
Sénateur républicain Chuck Hagel, n’a fait, elle aussi, que
soulever des critiques acerbes à son encontre, car il n’avait
pas un activisme pro-israélien à proprement parler flamboyant à
son actif…
Les sionistes américains sont en train d’exhorter Obama à
annuler la nomination de ce Hagel en raison de ce qu’ils
qualifient de longue et problématique réputation d’hostilité à
l’encontre d’Israël.
Le
président de la ZOA (Zionist
Organisation of America), Morton A. Klein, a décrit comme
suit la nomination de Hagel : « Tout Américain préoccupé par la
volonté de l’Iran de se doter d’armes nucléaires, et désireux
d’entretenir à son niveau la relation israélo-américaine et de
soutenir Israël dans son combat légitime visant à protéger ses
citoyens du terrorisme devrait manifester son opposition à cette
nomination ».
Les juifs
du parti Républicain ont eux aussi protesté contre la nomination
de Hagel, citant un incident intervenu en 2004 au cours duquel
Hagel avait refusé de signer une lettre exhortant le président
de l’époque, George Bush (père) à condamner le programme
nucléaire iranien lors du sommet du G8, cette année-là.
En août
2006, Hagel avait (aussi) refusé de signer une lettre requérant
de l’Onu qu’elle déclare ‘organisation terroriste’ le Hezbollah.
Dans un
discours prononcé à la conférence de lobby J Street, qui
s’autoproclame « pro-paix et pro-israélien » [!], Hagel avait
fait part de ses opinions au sujet des questions relatives à
Israël et au Moyen-Orient.
« Le
soutien des Etats-Unis à Israël ne doit pas être – ou ne devrait
pas être – une question de « oui ou non », qui dicte la nature
de nos relations avec nos alliés et amis arabes. Les Etats-Unis
ont une relation spéciale, de longue date, avec Israël, mais
cette relation ne doit pas être au détriment de nos relations
avec les pays arabes », avait-il déclaré.
La dernière
flambée de controverse a été suscitée par la nomination d’Hannah
Rosenthal à la tête du Bureau de Surveillance et de Lutte contre
l’antisémitisme [Office
to Monitor and Combat Anti-Semitism] de l’administration
Obama.
Mme
Rosenthal, qui est la fille d’un survivant de l’Holocauste nazi,
a été directrice régionale du ministère de la Santé sous
l’administration Clinton, et elle a occupé diverses
responsabilités au sein de plusieurs associations juives de
gauche.
Entre 2000
et 2005, Mme Rosenthal a présidé le
Jewish Council for Public
Affairs ; elle a également été présidente exécutive de la
Chicago Foundation for
Women. Ces dernières années, elle a été membre du bureau
d’experts du lobby J Street [Ce lobby juif, dont le nom signifie
La Rue Juive, se positionne plus à gauche que l’Aipac, qu’il a
l’intention de supplanter (ce qui n’est pas difficile), ndt].
Le
président de l’association
Americans for Peace Now
[les Américains soutenant le mouvement israélien La Paix
Maintenant !] a salué la nomination de Mme Rosenthal par Obama.
Et même le secrétaire de l’Anti-Defamation
League, Abraham Foxman, lui a apporté son soutien…
« Cette
nomination traduit le sérieux irréfragable de l’Amérique dans sa
résolution de combattre l’antisémitisme », avait ainsi déclaré
Foxman dans un communiqué.
Peu après
la nomination de Mme Rosenthal, plusieurs sites ouèbes juifs
conservateurs se sont mis à l’attaquer, certains d’entre eux
allant jusqu’à déclarer qu’Obama devait être cinglé, puisqu’il
nommait une anti-israélienne pour lutter contre l’antisémitisme.
Des rumeurs
se firent jour, selon laquelle elle aurait accusé Israël de
renforcer systématiquement l’antisémitisme. Des blogueurs ont
affirmé que sa nomination amènerait les juifs et les Israéliens
à commencer à avoir des doutes sur Obama et sur la sincérité de
sa relation avec Israël.
Dans un de
ses articles, Mme Rosenthal avait critiqué les tenants du
conservatisme au sein de la communauté juive, qu’elle avait
accusés de monopoliser le discours relatif au conflit
israélo-palestinien.
« C’est
inquiétant, le temps que nous sommes en train de vivre, où les
gens perdent la capacité de faire le distinguo entre un juif
quel qu’il soit et ce qui est en train de se passer en Israël »,
avait confié Mme Rosenthal.
Dans une
interview accordée à un nouveau magazine juif online, Tablet,
Mme Rosenthal a déclaré aimer Israël.
« J’ai vécu en Israël. J’y retourne et je visite ce pays à
chaque fois que j’en ai l’opportunité. Je considère qu’Israël
fait partie de mon cœur. Et c’est parce que j’aime tellement ce
pays que je veux le savoir en sécurité, libre et démocratique,
et que sa population peut y vivre dans la sérénité », avait-elle
précisé.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier