Opinion
Les assises du bon
discours
ou
Comment faire gagner la Palestine en Europe !
Nabil El-Haggar

Nabil El-Haggar
Lundi 28 décembre 2009 Durant ces jours une
partie de l’humanité n’oubliera pas de commémorer le dernier
massacre perpétré en Palestine par les forces armées
israéliennes. Je veux parler de Gaza où 1400 palestiniens ont
été exécutés et des milliers d’autres ont été grièvement
blessés, sans parler des destructions massives et dommages
considérables causés aux infrastructures de cette ville assiégée
depuis trois ans.
Nous serons donc de nombreux citoyens,
éparpillés à travers les continents, à nous souvenir de la
dernière oeuvre de barbarie exercée sur les Palestiniens.
Lesquels Palestiniens, en dépit de très grand nombre d’amis qui
les soutiennent et bien qu’ils soient victimes depuis plus d’un
siècle de cette barbarie, espèrent parvenir, un jour, à se faire
reconnaître par les puissants de ce monde, comme victimes de la
barbarie israélosioniste.
Comment faire pour mettre fin à
l’insupportable dénigrement de la souffrance palestinienne et à
la quasi unanime soumission à Israël de la classe politique
européenne, américaine et arabe ? C’est la question qui obsède
tous ceux qui sont épris de justice et qui ont réussi à ne pas
être victimes du mensonge si bien orchestré afin que la vérité
du conflit et particulièrement celle d’Israël ne soit jamais
dite.
La
Palestine s’appauvrit
La situation politique, économique, morale,
éducative et psychologique des Palestiniens ne fait que
régresser de jour en jour.
A la lecture des différents rapports qui
relatent les faits sans en expliquer la cause, (qui est
l’occupation), les organisations internationales considèrent
qu’une catastrophe humanitaire est en train de se dérouler en
Palestine. On pense que 60% de Palestiniens sont aujourd’hui «
pauvres » ou « très pauvres ». Pendant ce temps, Israël continue
à penser, stratégiser et exécuter, ses sales besognes en toute
liberté. Tout en poursuivant sa conquête du peu qui reste de la
Palestine sans être inquiété.
Rappelons que la catastrophe qui guette les
Palestiniens n’est pas qu’économique.
La Palestine s’appauvrit de jour en jour à
cause de l’occupation et du blocus. Elle s’appauvrit à cause
d’une grande fatigue psychologique due à un gigantesque
harcèlement collectif orchestré par Israël à l’égard de plus de
cinq millions de Palestiniens.
A défaut d’avoir réussi l’expulsion de tous
les Palestiniens, Israël harcelle et met tout en œuvre pour
transformer l’être « culturel » de Palestine en un être « sans
culture ». Pour ce faire, il doit être suffisamment appauvri
culturellement pour le faire basculer de la « vie » à la «
survie » ! Ainsi, bien que présent physiquement, il sera
politiquement et culturellement inexistant. Cela en fera un
résistant en moins !
Les Palestiniens subissent l’appauvrissement
de la diversité : interdiction de se déplacer librement, peu de
rencontre et d’échange avec l’autre, peu d’ouverture sur le
monde…
Le Palestinien subit un appauvrissement
politique qui menace son avenir ! Cette fois, ce n’est pas
Israël qui sévit. Il s’agit de la responsabilité d’une classe
politique palestinienne particulièrement médiocre. A l’image de
leurs prédécesseurs, ces politiques montrent une grande
incapacité à relever les défis imposés par l’agresseur
israélien. La douloureuse vérité est qu’ils ne sont pas à la
hauteur de l’enjeu. Ils confondent intérêts nationaux et
intérêts particuliers, incapables d’avoir une stratégie face à
un ennemi qui ne fait rien sans stratégie. Incapables d’avoir un
agenda qui leur soit propre et de s’y tenir ! En revanche, ils
se sont montrés capables de corruption, d’intérêts idéologiques
partisans qui primeraient sur tout le reste. Ils se font
remarquer par l’absence de courage politique face aux ennemis de
la Palestine. Pire, ils sont parvenus à creuser un gouffre entre
Palestiniens,
Il est temps de comprendre que le temps
d’Oslo est terminé, que la conquête sioniste de la Palestine est
loin d’être finie. Il serait enfin nécessaire de saisir à quel
point l’Etat d’Israël non seulement n’a pas besoin de la Paix,
mais qu'il est convaincu qu’il n’a aucun intérêt, dans les
conditions géopolitiques actuelles, de faire la paix. Il est,
par ailleurs, aussi important de ne plus cautionner cette
comédie occidentale qui consiste à mettre en place
d'interminables processus de négociations, dont le seul
bénéficiaire, concrètement sur le terrain et qui d’ailleurs n’a
jamais arrêter de prendre des terrains, est Israël.
On aurait pu croire que le Président Obama
allait changer le monde ! Quelle erreur est de croire qu’il
pourra ou voudra contrarier Israël afin de sauver la Palestine !
Le prix Nobel Obama s’est satisfait de ce qu’Israël accepte de
stopper la construction des nouvelles colonies durant dix mois,
le temps de ramener les Palestiniens à la table de négociation.
Nous
pouvons aider la Palestine
Une des raisons qui ont permis à Israël de
réussir non seulement à construire l’Etat en terre
palestinienne, mais aussi à ne jamais être spontanément perçu
par l’opinion publique occidentale comme l’agresseur est son bon
discours. En effet, le sionisme d’abord et Israël par la suite,
ont su s’adresser aux opinions qui « comptent » avec un discours
qui a su s’adapter, s’améliorer et une grande capacité à se
faire entendre à travers tous les médias et plus
particulièrement celle de l’image. Un discours qui a su
instrumentaliser la douloureuse histoire des juifs européens en
Europe. Il a réussi à plonger la classe politique occidentale
dans la soumission à l‘Etat exception et par là même dans
l’ignorance de la douleur palestinienne et, ainsi, à imposer le
camouflage de la vérité du conflit et celle d’Israël. Il a gagné
la bataille du mensonge et de dénigrement de tout ce qui a à
voir avec la Palestine, les Palestiniens et leurs amis en
Occident.
Organisons les assises du bon discours
Il est urgent que les amis de la Palestine
construisent "Le Bon Discours" qui soit capable de révéler la
vérité de l’histoire de ce conflit et surtout de mettre en
évidence la vérité de l’Etat d’Israël.
Le discours du mouvement de solidarité en
Europe a souvent été emprunté aux Palestiniens. Or le discours
palestinien est mauvais au moins pour deux raisons : la première
est qu'il ne connaît pas l’opinion publique européenne, la
seconde est son incapacité à raconter la vérité du sionisme et
de l’Etat d’Israël.
Il nous faut construire le discours européen
qui s’adresse aux Européens et qui soit capable de parler
essentiellement d’Israël, de ce qu'il est et de ce qu’il fait
subir aux Palestiniens.
Ce discours devra être capable de montrer et
d’argumenter comment et pourquoi Israël n’est peu acquérir une
légitimité que si le peuple Palestinien, peuple autochtone de la
Palestine la lui accorde ! Un discours qui soit capable de
montrer qu’Israël constitue non seulement un danger pour le
lointain palestinien, mais qu'il l’est aussi pour l’Europe et
les européens.
Bien entendu, il doit savoir aussi parler des
Palestiniens, de leur histoire, de leur société à travers les
siècles de leur culture. Il doit pouvoir exiger la
reconnaissance de la Nakba et dénoncer tous les mensonges qui
ont été dits et portés par le discours sioniste depuis le début
du XX siècle.
Le bon discours sera vrai, juste et
transparent. Pour qu’il soit bon et efficace, il devra être
porté par tous les amis de la Palestine.
Certes les amis de la Palestine ne possèdent
pas de médias télévisuels, mais ils sont aujourd’hui présents
partout ! Ils pourront diffuser le même message dans toutes les
villes européennes.
Pour que cela devienne possible, il faut
construire le « Bon discours » et le partager avec tous! C’est
ainsi que nous pourrons aider considérablement les Palestiniens
à gagner la bataille de la communication. D’autant plus, que
notre « Bon discours » n’a pas besoin de mensonge, il lui
suffira de faire connaitre la vérité.
Les analyses de Nabil El-Haggar
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