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Aujourd'hui le Maroc
La burqa jette un voile sur le débat
politique français
Mustapha Tossa
Photo l'Expression
Lundi 22 juin 2009
La polémique au sein du gouvernement sur la burqa et ses
conséquences politiques était si vive que, participant au sommet
de l’Union européenne à Bruxelles, Nicolas Sarkozy fut
interpellé sur la question.
Voilà une de ces belles polémiques idéologiques et sociétales
dont les Français raffolent : faut-il oui ou non interdire aux
Françaises de confession musulmane de porter la burqa, ce voile
intégral qui cache la totalité du corps ? L'affaire fut
déclenchée lorsque, contre toute attente, un député communiste,
André Guérin, réclame une commission parlementaire sur le port
de ce voile très particulier.
Il n'en fallait pas plus pour que les esprits s'enflamment. La
presse réserve ses plus belles manchettes à ce sujet visuel et
porteur, la radio des émissions de débats électriques avec un
tel engagement que l'impression est donnée que les banlieues
sont en voie express de «pachtounisation».
La proposition a obligé de nombreux hommes politiques et
associatifs à se positionner, mais celui qui a vraiment donné un
coup d'accélérateur à ce débat n'est autre que Luc Chatel,
porte-parole du gouvernement. Il n'a pas exclu que le Parlement
puisse légiférer sur la question. La tension fut à son comble et
le débat s’est brusquement transformé: est-il politiquement
opportun de recourir à l'arsenal législatif pour organiser le
vestimentaire religieux? Le gouvernement français, décrit comme
rangé comme un seul homme derrière Nicolas Sarkozy à la veille
d'un remaniement ministériel, a ouvertement laissé apparaître
ses déchirures et ses contradictions. Tandis que des femmes
politiques comme Fadela Amara et Rama Yade adoptent une ligne
radicale qualifiant pour l'une la burqa de «cercueil» alors que
l'autre appelle à «la défense de la laïcité à titre préventif»,
Eric Besson, ministre de l'Immigration montre quelques pudeurs.
En effet, l'ancien socialiste reconverti à la religion du
Sarkozysme n'a pas jugé utile une nouvelle législation sur le
sujet qui risque de perturber dangereusement «l'équilibre (qui
) a été trouvé avec la loi de 2004», cette loi qui réglemente le
port du voile dans les établissements publiques. Et à Eric
Besson d'être plus explicite: «Il faut lutter contre le
développement de la burqa, cela ne fait pas l'ombre d'un doute,
mais il faut le faire par l'éducation, par la pédagogie, par le
dialogue. La loi serait inefficace et ça créerait des tensions
qui n'ont pas lieu d'être en ce moment».
La polémique au sein du gouvernement sur la burqa et ses
conséquences politiques était si vive que, participant au sommet
de l'Union européenne à Bruxelles, Nicolas Sarkozy fut
interpellé sur la question. Et le président de la République,
d'habitude si prompt à formuler une opinion sur tout ce qui
bouge, marqua une flagrante hésitation. Il renvoya une opinion
assoiffée au grand discours qu'il s'apprête à prononcer, ce
lundi, devant les deux Chambres réunies en Congrès à Versailles.
Avec un argumentaire qui en dit le long sur l'énormité du piège
dans lequel sa stratégie risque d'être enfermée : «Mon rôle de
président de la République, c'est d'essayer de mettre les
réponses dans un contexte général et d'expliquer des tendances
lourdes et non pas de réagir à l'émotion du moment». Il faut
dire que Nicolas Sarkozy sort d'une séquence assez particulière
sur le sujet. Lorsque recevant le 6 juin dernier le président
américain, Barack Obama, pour les festivités du 65ième
anniversaire du débarquement, il était obligé de commettre une
énorme omission en affirmant : «qu'en France, toute jeune fille
qui veut porter le voile peut le faire». Nicolas Sarkozy venait
de répondre à Barack Obama qui venait de critiquer au Caire les
pays qui veulent imposer «les vêtements qu'une femme doit
porter».
La sortie de Barack Obama sur le voile avait enclenché un sourd
débat en France. Le président américain qui a le vent en poupe
et qui incarne le renouveau américain, a remis en question une
équation qui semblait bien établie en France. Le débat était
déjà sinon tranché du moins apaisé. Le brusque débat sur la
burqa semble réactualiser les passions sur le sujet. Le CFCM,
l'organisation institutionnelle chargée de représenter les
musulmans de France que dirige le Marocain Mohamed Moussaoui,
est sorti de sa torpeur pour exprimer une position forte sur le
sujet. Tout en s'opposant à la formation d'une commission qui
remet en cause la burqa, le CFCM «entend faire part de sa
profonde préoccupation quant à la façon dont est évoqué ce sujet
qui risque encore une fois de stigmatiser gravement l'Islam et
les musulmans de France». Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 24 juin 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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