Opinion
Syrie:
Fabrication de « mensonges chimiques ».
Qui est derrière les attentats de la
Ghouta?
Michel Chossudovsky
Vendredi 20 septembre 2013
À la suite de la publication du
rapport de la Mission des Nations Unies
sur les attaques à l’arme chimique du 21
août dans la Ghouta orientale, le
Secrétaire général Ban Ki-moon, a
insinué que le gouvernement syrien était
coupable, sans l’accuser ouvertement :
« C’est l’utilisation prouvée d’armes
chimiques contre des civils la plus
significative depuis celle de Saddam
Hussein à Halabja en 1988. La communauté
internationale s’est engagée à empêcher
qu’une telle horreur ne se reproduise et
pourtant, elle s’est reproduite … »
(Ban Ki-moon ne mentionne toutefois
pas que l’attaque d’Halabja 1988 a été
soutenue par la CIA, ce que confirme la
publication de documents récemment
déclassifiés.)
La note introductive du rapport de la
Mission de l’ONU affirme :
« Le Secrétaire général condamne
fermement l’utilisation d’armes
chimiques et estime que cet acte est un
crime de guerre et une violation grave
du Protocole de 1925 concernant la
prohibition d’emploi à la guerre de gaz
asphyxiants, toxiques ou similaires et
de méthodes de guerre employant des
moyens bactériologiques, et autres
règles pertinentes du droit
international coutumier.
La communauté internationale a une
responsabilité morale de demander des
comptes aux responsables et de veiller à
ce que les armes chimiques ne puissent
jamais réapparaître comme instrument de
guerre. » (Rapport
d’enquête du Secrétaire général de l’ONU
sur les armes chimiques. New York, 16
Septembre, 2013)
Dans le rapport de la Mission des
Nations Unies, on ne mentionne nulle
part qui sont les auteurs des attaques
chimiques. La Mission avait pour
consigne de ne pas faire de déclarations
à ce sujet.
La Mission de l’ONU était cependant
tout à fait consciente que des crimes
contre l’humanité avaient été commis et
que les rebelles d’Al-Qaïda soutenus par
les États-Unis étaient en possession
d’armes chimiques.
Selon CNN, les rebelles ont été
formés pour l’utilisation d’armes
chimiques par des conseillers militaires
occidentaux. Une mission précédente de
l’ONU a confirmé que les rebelles
étaient en possession du gaz sarin.
Visiblement, la mission a reçu
l’ordre de « la fermer ». Selon le
Secrétaire général Ban Ki-moon,
« [c]‘est aux autres de poursuivre cette
affaire afin de déterminer qui est
responsable. Nous aurons tous nos
propres opinions sur cela. »
Alors que le Secrétaire général Ban
Ki-moon n’a pas confirmé qui était
responsable des attaques chimiques, les
médias occidentaux se sont activés,
accusant le gouvernement de Bachar Al-Assad.
Selon l’ambassadrice étasunienne à
l’ONU Samantha Powers, « les détails
techniques indiquent clairement que seul
le régime aurait pu perpétrer cette
attaque aux armes chimiques ».
Le ministre des Affaires étrangères
de la Russie a répondu :
« Nous voulons une évaluation
professionnelle objective des événements
du 21 août. Nous avons de sérieuses
raisons de croire qu’il s’agissait d’une
provocation […] Toutefois, la vérité
doit être établie et ce sera un test
pour les futurs travaux du Conseil de
sécurité. »
L’autre rapport : « Les attaques
chimiques dans la Ghouta orientale
utilisées pour justifier une
intervention militaire en Syrie »
A la veille de la publication du
rapport de la Mission de l’ONU, l’Équipe
de soutien international pour Mussalaha
en Syrie (ISTEAMS) publiait son rapport
préliminaire intitulé Les
attaques chimiques dans l’est de la
Ghouta utilisées pour justifier une
intervention militaire en Syrie.
Sous la direction de Mère Agnès
Mariam, l’équipe d’ISTEAMS, établie à
Genève, a travaillé sous les auspices de
l’Institut International pour la Paix,
la Justice et les Droits de l’homme.
ISTEAMS a également collaboré avec le
Conseil des droits de l’homme de l’ONU,
auquel bon nombre de ses conclusions ont
été soumises.
Ironie amère du sort, ce rapport
détaillé, documentant la mort d’enfants
innocents dans la Ghouta orientale, n’a
été reconnu ni par les médias
occidentaux, ni par les gouvernements
des pays membres du Conseil de sécurité
des Nations Unies. (Rapport
préliminaire d’ISTEAMS)
Le rapport d’ISTEAMS révèle comment
les vies d’enfants innocents ont été
utilisées dans le cadre d’un événement
visiblement mis en scène :
« Nous avons décidé d’examiner
minutieusement ces vidéos dès que
certaines familles dont les enfants ont
été enlevés nous ont contactés pour nous
informer qu’ils y avaient reconnu les
enfants parmi ceux présentés comme
victimes des attaques chimiques de la
Ghouta orientale [...]
Notre première préoccupation était le
sort des enfants que nous voyons dans
les images. Ces anges sont toujours seul
entre les mains d’hommes qui semblent
être des éléments de groupes armés. Les
enfants décédés sont sans leur famille
et ne sont pas identifiés, et ce jusqu’à
ce qu’ils soient enveloppés dans des
linceuls blancs pour l’enterrement. De
plus, notre étude souligne sans aucun
doute que les petits corps ont été
manipulé et disposé de manière théâtrale
afin de figurer dans la vidéo.
Si les images étudiées ont été
éditées et publiées dans le but de
présenter des éléments de preuve pour
accuser l’État syrien d’avoir perpétré
les attaques chimiques dans la Ghouta
orientale, nos découvertes incriminent
les éditeurs et les acteurs pour avoir
falsifié les faits en tuant et en
manipulant des enfants non identifiés
. [...]
Nous voulons ainsi faire connaître
cette utilisation criminelle d’enfants
dans la propagande politique sur les
attaques aux armes chimiques dans la
Ghouta orientale.
Nous présentons ce travail à
d’éminents chefs spirituels, chefs
d’État, députés, acteurs humanitaires et
à toute personne ayant à cœur la vérité
et la justice et souhaitant que ceux qui
sont responsables de mauvaises actions
rendent des comptes comme il se doit. »
Pour lire le rapport complet en PDF
cliquez ici (PDF lourd, long
téléchargement, en anglais)
Bien que le rapport d’ISTEAMS ne
précise pas qui était derrière les
massacres d’enfants innocents, il
confirme que les vidéos publiées le 21
août, y compris ceux présentés le 5
Septembre à la Commission des relations
étrangères du Sénat étasunien, ont été
délibérément manipulées, et que les
cadavres d’enfants ont été déplacés d’un
endroit à un autre dans le cadre d’un
événement mis en scène.
Des photographies d’enfants morts en
Égypte lors du massacre de Rabia al-Adawiyya
au Caire ont également été utilisées et
présentées dans la vidéo comme des
photos d’enfants syriens.
Les corps de ces mêmes enfants
apparaissent dans différentes images
associées à différents endroits : que
les mêmes enfants se trouvent dans des
villes différentes suggère que les
photos faisaient partie d’une mise en
scène : « les mêmes enfants ont été
placés dans une autre pièce dans une
autre ville. »
L’étude d‘ISTEAMS démontre ceci : la
tragédie de la Ghouta orientale a été
mise en scène, soigneusement planifiée,
et « les forces rebelles de
l’opposition » appuyées par les
États-Unis étaient impliquées.
Ces vidéos ont été utilisées comme
preuves par le Comité du Sénat étasunien
sur les relations étrangères dans
l’élaboration de sa résolution en faveur
de frappes punitives à l’encontre de la
Syrie. (Comité sénatorial des Relations
étrangères,
résolution 2021 sur la Syrie , le 5
septembre 2013). Le sénateur John McCain
est un membre clé de ce comité et il est
connu pour avoir eu des contacts avec
les dirigeants des rebelles affiliés à
Al-Qaïda.
La résolution 2021 du Comité
sénatorial (se référant aux vidéos)
parle de « preuves claires et
convaincantes ». Pour reprendre John
Kerry dans sa déclaration devant le
Comité sénatorial : « Les images [dans
les vidéos] de ce jour-là sont
répugnantes. Et à mon avis, le monde ne
peut pas ignorer l’inhumanité et
l’horreur de cet acte. »
Cependant, ces images faisaient
partie d’une opération diabolique
consistant à déclencher des atrocités, y
compris le meurtre d’enfants innocents,
puis à utiliser les images de ces
atrocités à des fins de propagande.
Qui était derrière ce projet
criminel?
Michel Chossudovsky
Lisez et faites circuler le rapport
d’ISTEAMS . Faites suivre cet
article. Révélez la vérité. Brisez le
consensus politique en faveur de la
guerre.
Article original:
Syria:
Fabricating Chemical Lies. Who is Behind
the East Ghouta Attacks? 17
septembre 2013
Traduction: Julie Lévesque pour
Mondialisation.ca
Le
dossier Syrie
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