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Crimes de guerre à Gaza
Enquête de l'ONU, malgré le refus
d'Israël
Merzak Tigrine
Richard Goldstone
Jeudi 21 mai 2009
En dépit de
toutes les pressions exercées par ses alliés, notamment les
États-Unis, l’État hébreu fera l’objet d’une enquête des Nations
unies sur les crimes de guerre de l’armée israélienne lors de
l’agression contre la bande de Gaza à la fin de l’année écoulée.
L’ancien procureur
international, Richard Goldstone, a annoncé, hier, qu'il allait
poursuivre son enquête sur d'éventuels crimes de guerre dans la
bande de Gaza diligentée par le Conseil des droits de l'homme de
l'ONU, malgré qu’Israël ait refusé de coopérer sur la question.
Le juge sud-africain est donc déterminé à aller jusqu’au bout de
son entreprise, même si les alliés de l’État hébreu ne sont pas
restés les bras croisés pour bloquer cette initiative. Pour
information, le magistrat sud-africain possède une grande
expérience en la matière pour avoir occupé les fonctions de
procureur du TPIY (Tribunal pénal international pour
l'ex-Yougoslavie) et du TPIR (Tribunal pénal international pour
le Rwanda). Il n’a pas manqué de faire part de sa déception et
celle de son équipe pour ne pas avoir eu l'accord du
gouvernement israélien, afin de mener l’enquête dans les
meilleures conditions. Richard Goldstone entend entamer son
enquête en Israël pour appréhender le point de vue israélien
d'abord.
Ce souhait risque de ne pas être exaucé, parce que le 15 avril
dernier, un haut responsable de l'État hébreu avait fait savoir
qu'Israël ne coopérerait “très probablement pas” à cette
enquête. Par contre, Hamas s’est déclaré disposé à collaborer
avec le juge Goldstone dans le cadre de l'instruction sur des
crimes de guerre qui auraient pu être commis dans la bande de
Gaza par l'armée israélienne, bien que les enquêteurs onusiens
comptent également s’intéresser aux actes qui sont reprochés au
mouvement islamiste. En effet, des organisations internationales
de défense des droits de l'Homme soupçonnent les deux parties
d'avoir violé les conventions de guerre durant l’agression
israélienne contre la bande de Gaza.
Pour rappel, cette opération lancée par l'État hébreu le 27
décembre 2008 contre le Hamas, sous prétexte de faire cesser les
tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza, avait duré
trois semaines et avait fait quelque 1 400 morts palestiniens,
la plupart des civils, selon les responsables sanitaires de Gaza
et les ONG. C’était une véritable boucherie à ciel ouvert, au
cours de laquelle l’armée israélienne n’avait respecté aucune
règle, massacrant sur son passage femmes, enfants et vieillards
palestiniens, provoquant les condamnations de tous bords.
D’ailleurs, même les parties hostiles au Hamas, allant jusqu’à
l’ajouter sur leurs listes des organisations terroristes, ont
protesté de vive voix contre les pratiques inhumaines des
soldats israéliens.
Les dépassements avaient pris des seuils inadmissibles, au point
où quelques mois plus tard, des militaires d’une académie
israélienne les ont dénoncés publiquement, déclenchant une
grande polémique dans le pays. Reste à savoir maintenant si les
alliés d’Israël ne mettront pas de bâtons dans les roues de
cette commission onusienne dans la perspective de lui épargner
d’autres condamnations.
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Publié le 21 mai 2009 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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